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d’étiquette, & autres frivolités, que l’on poursuit avec tant de vivacité, qu’on perd presque toûjours de vûe des objets beaucoup plus importans. (—)

Diete de Pologne. On distingue en Pologne trois sortes de dietes ; les dietines ou dietes particulieres de chaque palatinat, les dietes générales, & les dietes d’élection. Les petites dietes ou dietines, sont comme préliminaires & préparatoires à la diete générale, dont elles doivent précéder la tenue de six semaines. La noblesse des palatinats y élit ses députés, & convient des instructions qu’elle doit leur donner, soit pour la diete générale, soit pour la diete d’élection.

Selon les lois du royaume, la diete générale ne devroit se tenir que tous les deux ans ; les circonstances la font quelquefois assembler tous les ans. Le tems de sa durée qui est fixé par les mêmes lois à quinze jours, se prolonge quelquefois à six semaines. Quant au lieu, Varsovie a toûjours été le plus commode, étant au centre du royaume : mais on n’a pas laissé que d’en tenir à Sendomir & en d’autres villes, sur-tout à Grodno, parce que le grand duché de Lithuanie prétend avoir droit de trois dietes d’en voir assembler une dans le grand duché. Le roi seul a droit de la convoquer par ses universaux ou lettres patentes qu’il adresse aux palatinats, qui choisissent des députés qu’on appelle nonces, & qui sont tous tirés du corps de la noblesse. Lorsque ceux-ci sont assemblés dans le lieu marqué pour la diete, ils élisent un maréchal ou orateur qui porte la parole, fait les propositions, recueille les voix, & résume les décisions. Le roi y préside ; mais souvent sa présence n’empêche pas que ces assemblées ne soient fort tumultueuses, & ne se séparent sans rien conclure. Un nonce seul par une protestation faite, peut suspendre & arrêter l’activité de toute la diete, c’est-à-dire l’empêcher de rien conclure ; ce qui bien considéré, est moins un avantage qu’un abus de la liberté.

Comme la couronne est élective, quand le thrône est vacant, c’est à l’archevêque de Gnesne primat & régent du royaume, qu’il appartient de convoquer la diete d’élection & d’y présider. On l’assemble ordinairement en plaine campagne, à une demi-lieue de Varsovie, dans une grande salle construite de bois : la noblesse qui représente la république, y reçoit les ambassadeurs des princes étrangers, & élit à la pluralité des voix un des candidats proposés pour remplir le thrône. Rarement ces dietes se passent-elles sans trouble, sans effusion de sang, & sans scission ou partage pour divers concurrens. Après l’élection, la diete fait jurer au nouveau roi ou à ses ambassadeurs une espece de capitulation qu’on nomme pacta conventa. Mais le couronnement du roi élu se doit faire, & la premiere diete après le couronnement se doit tenir à Cracovie, selon les pacta conventa. (G)

Diete de Suisse. En Suisse la diete générale se tient chaque année à la fin de Juin, c’est-à-dire à la S. Jean, & dure environ un mois, à moins qu’il ne survienne des affaires extraordinaires. Elle s’assemble principalement pour examiner les comptes des bailliages communs, pour entendre & juger des appels qui se font des sentences de ces gouverneurs dans le civil & dans le criminel ; pour s’informer de leur conduite & punir leurs fautes ; pour accommoder les différends qui peuvent survenir entre les cantons ou leurs alliés ; enfin pour délibérer sur ce qui intéresse le bien commun. Outre ces motifs qui sont ordinaires, il s’en présente presque toûjours qui sont extraordinaires, sur-tout de la part des ministres des princes étrangers. L’ambassadeur de France ne manque pas d’aller à ces dietes pour y faire ses complimens, quoiqu’il n’ait souvent rien à négocier. Outre cette diete annuelle qui se tient toûjours au tems

marqué, chaque canton a le droit d’en demander une extraordinaire toutes les fois qu’il en a sujet. Un ministre étranger peut demander de même une diete aussi souvent qu’il le juge nécessaire pour l’intérêt de son maître, pourvû néanmoins qu’il en fasse la dépense : c’est ce qui occasionhe quelques-unes de ces dietes extraordinaires. Zurich, comme premier canton, a droit de la convoquer & d’y présider. Les cantons catholiques & les protestans ont aussi leurs dietes particulieres : les premiers s’assemblent à Lucerne, & la convocation appartient au canton de ce nom ; les autres à Arbace, & c’est au canton de Zurich à convoquer l’assemblée. Mais ces dietes particulieres n’ont point de tems préfix, & l’on ne les tient que selon l’occurrence & la nécessité des affaires. (G) (a)

Diete, (Medecine) δίαιτα, διαίτημα, diæta, signifie en général une maniere de vivre réglée, c’est-à-dire une maniere d’user avec ordre de tout ce qui est indispensablement nécessaire pour la vie animale, soit en santé, soit en maladie.

Ainsi la diete ne consiste pas seulement à régler l’usage des alimens & de la boisson, mais encore celui de l’air dans lequel on doit vivre, & de tout ce qui y a rapport, comme la situation des lieux, le climat, les saisons ; a prescrire les differens degrés d’exercice & de repos auxquels on doit se livrer, le tems & la durée de la veille & du sommeil ; à déterminer la qualité & la quantité des matieres qui doivent être naturellement évacuées ou retenues dans le corps, & le bon effet des passions qui comprend la mesure de l’exercice vénérien.

La doctrine que l’on a formée de l’assemblage des préceptes qui forment la diete, est appellé dietétique, qui prescrit le régime qu’il est à propos d’observer par rapport à l’usage des choses mentionnées, dites, selon l’usage des écoles, non-naturelles. Voyez Non-naturelles.

Cette doctrine a pour objet de conserver la santé à ceux qui en joüissent, de préserver de maladies ceux qui en sont menacés, & d’en guérir ceux qui en sont atteints. Les regles qu’elle donne sont différentes, selon la différence des tempéramens, des âges, des sexes, & tems de l’année. Elles tendent toutes à entretenir l’état sain par les mêmes moyens qui l’ont établi, & à opposer le contraire aux vices qui tendent à le détruire, ou qui l’ont en effet détruit.

Les différens objets de la dietétique distinguent la diete en trois différentes especes ; l’une est conservatrice, l’autre préservatrice, la troisieme curatrice : les deux premieres appartiennent à la partie de la Medecine appellée hygiene ; la troisieme est une des trois branches de celle que l’on nomme thérapeutique. Voyez Hygiene & Thérapeutique.

Diete, dans le sens usité, signifie particulierement le régime que l’on prescrit aux malades par rapport à la nourriture. Les regles de ce régime composoient principalement la dietétique des anciens medecins, & presque toute la medecine de leur tems : car ils employoient très-peu de remedes. Ayant remarqué que tous les secours de la nature & de l’art devenoient ordinairement inutiles, si les malades ne s’abstenoient des alimens dont ils usoient en santé, & s’ils n’avoient recours à une nourriture plus foible & plus légere ; ils s’apperçurent de la nécessité d’un art, qui sur les observations & les réflexions qu’on avoit déjà faites, indiquât les alimens qui conviennent aux malades, & en réglât la quantité.

Hippocrate qui faisoit de la diete son remede principal, & souvent unique, a le premier écrit sur le choix du régime : dans ce qu’il nous a laissé sur ce sujet, & particulierement sur la diete qui convient dans les maladies aiguës, on reconnoît autant que dans aucun autre de ses plus excellens ouvrages, le