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tinitatis, & le glossaire du même auteur pour la langue greque. (O)

DICTUM, s. m. (Jurisprud.) est le dispositif des jugemens ; il a été ainsi appellé, parce qu’anciennement, lorsque les jugemens se rendoient en latin, le dispositif étoit ordinairement conçu en ces termes : dictum fuit per arrestum curiæ, &c.

Le mardi 17 Décembre 1555, fut donné arrêt en présence du lieutenant civil Aubry, & de plusieurs conseillers du Châtelet de Paris, par lequel défenses furent faites aux juges présidiaux du Châtelet après que le dictum aura été arrêté & signé du rapporteur & de celui qui aura présidé, & qu’il aura été délivré au greffe de le retirer, & de juger derechef le même procès sur les mêmes actes.

L’article 12, du réglement de la Fleche, porte que tous les officiers assistans au jugement des procès, seront tenus de signer les dictums des sentences qui seront rendues ; le réglement de Richelieu, art. 14, porte la même chose.

L’ordonnance de 1667, tit. xj. art. 15, veut que trois jours après que le procès aura été jugé, le rapporteur mette au greffe le dictum.

Voyez la dissert. II sur Joinville, p. 143 ; le Glossaire de M. de Lauriere, & la bibliotheque de Bouchel, au mot Dictum. (A)

* DICTYMNIES ou DICTYNNIES, (Mythol.) fêtes célébrées à Lacedemone & en Crete, à l’honneur de Diane Dictymne ou Dictynne, ou d’une nymphe qu’on prit pour elle, & qui s’étant précipitée dans la mer, pour échapper à la passion de Minos, fut reçue dans un filet de pêcheur ; ce qui la fit nommer Dictynne, & lui fit attribuer l’invention des filets dont on se sert à la pêche.

DIDACTIQUE, adj. terme d’école, qui signifie la maniere de parler ou d’écrire, dont on fait usage pour enseigner ou pour expliquer la nature des choses. Ce mot est formé du grec διδάσκω, j’enseigne, j’instruis.

Il y a un grand nombre d’expressions uniquement consacrées au genre didactique. Les anciens & les modernes nous ont donné beaucoup d’ouvrages didactiques, non seulement en prose, mais encore en vers.

Du nombre de ces derniers sont le poëme de Lucrece de rerum natura ; les géorgiques de Virgile ; l’art poétique d’Horace imité par Boileau ; l’essai sur la critique, & l’essai sur l’homme de Pope, &c. On peut ranger dans cette classe les poëmes moraux, comme les discours de M. de Voltaire qui sont si philosophiques, les satyres de Boileau qui souvent le sont si peu, &c. M. Racine de l’académie des belles Lettres, fils du grand Racine, dans des réflexions sur la poésie données au public depuis la mort de son pere, examine cette question : si les ouvrages didactiques en vers méritent le nom de poëme que plusieurs auteurs leur contestent ; il décide pour l’affirmative, & soûtient son sentiment par des raisons dont nous donnerons le précis. Les poëtes ne sont vraiment estimables qu’autant qu’ils sont utiles, & l’on ne peut pas contester cette derniere qualité aux poëtes didactiques. Parmi les anciens, Hesiode, Lucrece, Virgile, ont été regardés comme poëtes, & le dernier sur-tout, pour ses georgiques, indépendamment de son Énéide & de ses églogues. On n’a pas refusé le même titre au P. Rapin, pour son poëme sur les jardins, ni à M. Despreaux pour son art poétique. Mais, dit-on, les plus excellens ouvrages en ce genre ne peuvent passer pour de vrais poëmes, ou parce que le style en est trop uniforme, ou parce qu’ils sont dénués de fictions qui font l’essence de la poésie. A cela M. Racine répond, 1°. que l’uniformité peut être ou dans les choses ou dans le style ; que la premiere peut se

rencontrer dans les poëmes dont les sujets sont trop bornés, mais non dans ceux qui présentent successivement des objets variés, tels que les georgiques & la poétique de Despreaux, dans lesquels l’uniformité de style n’est pas moins évitée, comme cela est en effet : 2°. qu’il faut distinguer deux sortes de fictions, les unes de récit & les autres de style. Par fictions de récit, il entend les merveilles opérées par des personnages qui n’ont de réalité que dans l’imagination des poëtes ; & par fictions de style, ces images & ces figures hardies, par lesquelles le poëte anime tout ce qu’il décrit. Que le poëme didactique & même toute autre poësie, peut subsister sans les fictions de la premiere espece, que Virgile, s’il les y avoit cru nécessaires, pouvoit dans ses géorgiques introduire Cerès, les Faunes, Bacchus, les Dryades ; que Boileau pouvoit de même faire parler les Muses & Apollon, & que l’un ni l’autre n’ayant usé de la liberté qu’ils avoient à cet égard, c’est une preuve que le poëme didactique n’a pas besoin de ce premier genre de fiction pour être caractérisé poëme. Que quant aux fictions de style elles lui sont essentielles, & que les deux grands auteurs sur lesquels il s’appuie, en ont répandu une infinité dans leurs ouvrages. D’où il conclud que les poëmes didactiques n’en méritent pas moins le nom de poëme, & leurs auteurs celui de poëtes. (G)

Il y a une façon plus naturelle de décider cette question : c’est de nier absolument que la fiction soit essentielle à la poésie. La poésie est l’art de peindre à l’esprit. Ou la poésie peint les objets sensibles, ou elle peint l’ame elle-même, ou elle peint les idées abstraites qu’elle revêt de forme & de couleur. Ce dernier cas est le seul où la poésie soit obligée de feindre ; dans les deux autres, elle ne fait qu’imiter. Ce principe incontestable une fois établi, tout discours en vers qui peint mérite le nom de poëme, & le poëme didactique n’est qu’un tissu de tableaux d’après nature, lorsqu’il remplit sa destination. La froideur est le vice radical de ce genre ; il n’est surtout rien de plus insoutenable qu’un sujet sublime en lui-même didactiquement traité par un versificateur foible & lâche qui glace tout ce qu’il touche, qui met de l’esprit où il faut du génie, & qui raisonne au lieu de sentir. Add. de M. Marmontel.

Les Anglois ont plusieurs poëmes didactiques en leur langue, mais ils ne leur ont jamais donné que le titre modeste d’essai ; tels sont l’essai sur la critique & l’essai sur l’homme, par M. Pope, l’essai sur la maniere de traduire en vers par le comte de Roscommon, & l’essai sur la poésie, par le comte de Bukingham. (G)

* DIDEAUX, s. m. pl. (terme de riviere.) ce sont de grands filets qui traversent la riviere pour arrêter tout ce qui passe ; on les tend principalement aux ponts & moulins, ils sont souvent suspendus par des potences & des poulies qu’on remonte, & qu’on lâche dans certaines occasions.

DIDIER (S.) (Geog. mod.) petite ville du Velai ; en France il y en a une aussi de même nom, dans le Lyonnois.

* DIDORON, s. m. (Histoire ancienne.) mesure de longueur ; chez les Grecs elle étoit de dix-huit pouces.

* DIDRAGME s. m. (Hist. anc.) monnoie greque, ou la double drachme ; les Latins l’appelloient aussi sicilique. Elle valoit donc un demi-sicle. Elle fut aussi connue parmi les Juifs sous le nom de siclus rabbinorum. C’étoit le tribu annuel qu’ils payoient par tête. Voyez Dragme.

DIDYMI, διδύμοι, (Astron.) c’est la même chose que gemelli ou les gemeaux. Voyez Gemeaux. On ne se sert plus en astronomie que de ce dernier terme. (O)