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mauvais, on peut les mettre en état, & même, lorsqu’il y a une assez grande quantité de monde dans le lieu, y ajoûter un bon chemin couvert.

Si le poste ne mérite pas qu’on fasse ce travail, ou que l’on n’ait pas assez de monde pour pouvoir le soûtenir, il ne faut au moins rien négliger pour n’être point surpris dans le poste. Il faut ensuite relever les murailles dans les endroits où elles sont démolies ou abattues, & veiller exactement à ce qu’il n’approche aucun parti ennemi pour reconnoître le lieu.

Il faut pendant le jour faire rouler des patrouilles dans les environs du poste ; garder avec grande attention toutes ses avenues ; faire la ronde toutes les nuits avec grande attention, & ne laisser, sous aucun prétexte, approcher personne des portes afin d’empêcher qu’on y attache le petard. S’il y a quelques petites tours auprès des portes, comme il est d’usage d’y en avoir, il faudra y percer des crénaux pour pouvoir tirer sur le petardier en cas de besoin, & faire feu sur ceux qui approcheront de la porte. Lorsqu’on a lieu de craindre d’être petardé, & qu’on n’a ni le loisir ni le monde nécessaire pour construire quelques petits dehors de terre vis-à-vis les portes, on doit mettre derriere la porte une grande quantité de terre & de fumier mêlé avec de la terre, ce qui diminue l’effet du pétard.

Il faut aussi dans ces sortes de cas avoir une grande provision de chevaux-de-frise, ou ce qui seroit la même chose, avoir de grands arbres dont les grosses branches soient coupées en pointes. On s’en servira en cas de besoin, pour se retrancher contre l’ennemi & pour l’empêcher de pénétrer dans le lieu.

La sentinelle qui est au-dessus de la porte doit, pendant la nuit, prêter l’oreille avec la plus grande attention pour écouter tout ce qui se passe dehors : & comme l’ennemi prend ordinairement des nuits fort obscures, où il fait beaucoup de vent, pour s’emparer par surprise des portes dont il s’agit ; on pourroit pour plus grande sûreté mettre quelques tourtereaux ou autre composition d’artifice vis-à-vis les portes pour éclairer pendant la nuit. Par cette précaution il seroit fort difficile à l’ennemi de parvenir à faire attacher le petard aux portes. S’il y a des machicoulis au-dessus de la porte, comme il y en a encore assez communément dans les anciens châteaux, la sentinelle doit avoir auprès d’elle de fort grosses pierres, qu’elle doit jetter sur le petardier pour tâcher de l’écraser. Lorsqu’on prend toutes ces précautions, il est bien difficile d’être forcé par une petite troupe dans les lieux dont il s’agit ici.

Si l’on craint que l’ennemi veuille tenter de se rendre maître du lieu par l’escalade, il faut, lorsque le lieu est entouré de simples murailles, disposer tout-autour de grosses poutres pour les faire tomber sur les échelles lorsque l’ennemi montera dessus, lesquelles le feront tomber dans le fossé. On doit aussi avoir des crocs ou des fourches, pour pousser les échelles en-bas, avec ceux qui sont dessus.

Des créneaux ou meurtrieres placées dans différens endroits du mur, ne peuvent que faire un très bon effet dans ces sortes d’occasions. Des artifices aussi préparés pour jetter dans le fossé sur ceux qui s’apprêtent à monter à l’escalade, sont d’un grand usage en pareil cas : lorsqu’on est bien préparé pour recevoir l’ennemi, il est bien difficile que son entreprise puisse lui réussir.

Dans toutes ces sortes de défenses on suppose qu’il ne s’agit point de résister à un corps d’armée considérable, mais à des détachemens particuliers, qui n’ont ni canon ni mortiers pour battre le lieu dont ils veulent s’emparer. En se défendant comme on vient de le dire, on oblige l’ennemi, ou d’abandonner le projet de prendre le poste, ou d’y revenir avec plus d’appareil, ce qui doit lui causer beaucoup de

retardement, & le mettre souvent hors d’état d’exécuter son dessein. Elem. de la guerre des sieges, tome III. (Q)

Défense. On dit en terme de Blason, qu’un hérisson est en défense, pour dire qu’il est roulé & en peloton, comme il a coutume de se rouler pour empêcher qu’on le prenne. (V)

Défenses ou Boute-hors. (Marine.) Ce sont des bouts de mâts, longs de quinze à vingt piés, que l’on attache en saillie à l’avent ou à l’arriere du vaisseau pendant le combat, pour repousser & éloigner un brûlot, ou empêcher qu’un autre vaisseau ne puisse vous aborder. On peut s’en servir dans un mouillage pour empêcher le choc d’un vaisseau qui dériveroit sur un autre.

On donne aussi ce nom à des bouts de mâts, de cables, ou de cordes qu’on laisse pendre le long des côtés du vaisseau, pour empêcher l’effet du choc contre un autre bâtiment ; au lieu de bouts de cables, on se sert quelquefois de fagots qu’on laisse pendre le long du flanc.

Les petits bâtimens se servent ordinairement de bouts de cables pour défenses. Voyez Cordes de défenses.

Défenses pour chaloupes. Ce sont des pieces de bois endentées deux à deux ou trois à trois sur les préceintes du vaisseau, & qui servent à conserver les chaloupes contre les préceintes & les têtes des chevilles de fer quand on les embarque, ou quand il faut les mettre à l’eau. Voyez le Dict. de Trév. (Z)

Défense, (Couvreurs.) est une corde à laquelle ces ouvriers s’attachent lorsqu’ils vont sur quelque toict où il y a du danger : il se dit aussi d’une corde au bout de laquelle ils suspendent une latte, & la laissent pendre de dessus les toicts pour avertir les passans dans la rue qu’ils travaillent sur la maison.

Défense ; on appelle en Manege défense d’un cheval, la maniere dont il résiste à ce qu’on demande de lui.

Défenses, (Venerie.) Ce sont les grandes dents d’en bas du sanglier.

DÉFENSEURS, s. m. plur. (Hist. eccles.) nom d’office & de dignité qui a été fort en usage autrefois dans l’Eglise & dans l’empire.

C’étoient des personnes chargées par état de veiller au bien public, de protéger les pauvres & les malheureux, & de défendre les intérêts & les causes des églises & des monasteres. Voyez Protecteur.

Le concile de Chalcédoine, can. 2. appelle le défenseur de l’Eglise ἐκκλησιέκδικος ou simplement ἔκδικος Codin de offic. aulæ Constantinopol. parle des défenseurs du palais, ainsi que Bollandus, Act. des SS. Janv. tom. I. pag. 501. Il y avoit encore un défenseur du royaume, defensor regni, des defenseurs des villes, defensores civitatis, des défenseurs du peuple, defensores plebis, ceux qui connoissoient des causes civiles jusqu’à certaine somme, & même des criminelles dans les faits qui n’étoient pas importans. Les donations, les testamens, & autres actes de cette nature, se passoient par-devant eux, & ils avoient à cet effet leurs greffiers & leurs archives. On trouve aussi des défenseurs des pauvres, des orphelins, des veuves, &c. désignés nommément dans les anciens auteurs.

Quant à ceux des églises, on en rapporte l’origine à l’an 420 ou 23. Il en est fait mention dans le 42. canon du concile d’Afrique. Chaque église patriarchale commença à avoir son défenseur : celle de Rome avoit en particulier des défenseurs du patrimoine de S. Pierre, & le pape S. Grégoire y créa sept défenseurs régionnaires ; un pour chaque quartier de Rome : usage qui passa depuis à toutes les autres églises, & s’est perpétué jusqu’aujourd’hui sous d’autres noms, tels que ceux d’avoüé, de vida-