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au cercle de basse Saxe, sur le Tetze. Long. 29. 20. lat. 53. 18.

DANOIS, (impôt.) Hist. mod. c’étoit une taxe annuelle imposée anciennement sur les Anglois, qui n’étoit d’abord que d’un schelin, & ensuite de deux, pour chaque mesure de 40 arpens de terre par tout le royaume, pour entretenir un nombre de forces que l’on jugeoit suffisantes à nettoyer les mers de pirates Danois, qui auparavant desoloient les côtes d’Angleterre.

Ce subside fut d’abord imposé comme une taxe annuelle sur toute la nation, sous le roi Ethelred, l’an 991 : « Ce prince, dit Cambden, in Britannia, étant réduit à de grandes extrémités par les invasions continuelles des Danois, voulut se procurer la paix, & fut obligé de charger son peuple de ces taxes appellées impôt danois. Il paya d’abord 10000 liv. ensuite 16000 l. après 24000 l. puis 36000 l. & enfin 48000 l. »

Edouard le Confesseur remit cette taxe ; les rois Guillaume I. & II. la continuerent. Sous le regne d’Henri I. on mit cet impôt au nombre des revenus fixes du royaume ; mais le roi Etienne le supprima entierement le jour de son couronnement.

Les biens d’église ne payoient rien de cet impôt ; parce que le peuple d’Angleterre, comme on le voit dans une ancienne loi saxonne, avoit plus de confiance aux prieres de l’Eglise, qu’à la force des armes. Voyez ci-devant Dane-Gelt, & le dictionn. de Chambers. (G)

DANS, EN, synonymes, (Gram.) ces mots different en ce que le second n’est jamais suivi des articles le, la, & ne se met jamais avec un nom propre de ville ; & que le premier ne se met jamais devant un mot d’où l’article est retranché. On dit, je suis en peine, & je suis dans la peine ; je suis dans Paris, & j’y suis en charge. (O)

DANSE, s. f. (Art & Hist.) mouvemens reglés du corps, sauts, & pas mesurés, faits au son des instrumens ou de la voix. Les sensations ont été d’abord exprimées par les différens mouvemens du corps & du visage. Le plaisir & la douleur en se faisant sentir à l’ame, ont donné au corps des mouvemens qui peignoient au-dehors ces différentes impressions : c’est ce qu’on a nommé geste. Voyez Geste.

Le chant si naturel à l’homme, en se développant, a inspiré aux autres hommes qui en ont été frappés, des gestes relatifs aux différens sons dont ce chant étoit composé ; le corps alors s’est agité, les bras se sont ouverts ou fermés, les piés ont formé des pas lents ou rapides, les traits du visage ont participé à ces mouvemens divers, tout le corps a répondu par des positions, des ébranlemens, des attitudes aux sons dont l’oreille étoit affectée : ainsi le chant qui étoit l’expression d’un sentiment (Voyez Chant) a fait développer une seconde expression qui étoit dans l’homme qu’on a nommée danse. Et voilà ses deux principes primitifs.

On voit par ce peu de mots que la voix & le geste ne sont pas plus naturels à l’espece humaine, que le chant & la danse ; & que l’un & l’autre sont, pour ainsi dire, les instrumens de deux arts auxquels ils ont donné lieu. Dès qu’il y a eu des hommes, il y a eu sans doute des chants & des danses ; on a chanté & dansé depuis la création jusqu’à nous, & il est vraissemblable que les hommes chanteront & danseront jusqu’à la destruction totale de l’espece.

Le chant & la danse une fois connus, il étoit naturel qu’on les fît d’abord servir à la démonstration d’un sentiment qui semble gravé profondément dans le cœur de tous les hommes. Dans les premiers tems où ils sortoient à peine des mains du Créateur tous les êtres vivans & inanimés étoient pour leurs yeux des signes éclatans de la toute-puissance de l’Être

suprême, & des motifs touchans de reconnoissance pour leurs cœurs. Les hommes chanterent donc d’abord les loüanges & les bienfaits de Dieu, & ils danserent en les chantant, pour exprimer leur respect & leur gratitude. Ainsi la danse sacrée est de toutes les danses la plus ancienne, & la source dans laquelle on a puisé dans la suite toutes les autres. (B)

Danse sacrée, c’est la danse que le peuple Juif pratiquoit dans les fêtes solennelles établies par la loi, ou dans des occasions de réjoüissance publique, pour rendre graces à Dieu, l’honorer, & publier ses loüanges.

On donne encore ce nom à toutes les danses que les Egyptiens, les Grecs, & les Romains avoient instituées à l’honneur de leurs faux dieux, & qu’on exécutoit ou dans les temples, comme les danses des sacrifices, des mysteres d’Iris, de Cérès, &c. ou dans les places publiques, comme les bachanales ; ou dans les bois, comme les danses rustiques, &c.

On qualifie aussi de cette maniere les danses qu’on pratiquoit dans les premiers tems de l’église dans les fêtes solennelles, & en un mot toutes les danses qui dans les différentes religions faisoient partie du culte reçu.

Après le passage de la mer Rouge, Moyse & sa sœur rassemblerent deux grands chœurs de musique, l’un composé d’hommes, l’autre de femmes, qui chanterent & danserent un ballet solennel d’actions de graces. Sumpsit ergo Maria prophetissa soror Aaron tympanum in manu sua. Egressæque sunt omnes mulieres cum tympanis & choris, quibus precinebat, dicens : cantemus Domino, quoniam gloriose magnificatus est ; equum & ascensorem dejecit in mare, &c.

Ces instrumens de musique rassemblés sur le champ, ces chœurs arrangés avec tant de promptitude, la facilité avec laquelle les chants & la danse furent exécutés, supposent une habitude de ces deux exercices fort antérieure au moment de l’exécution, & prouvent assez l’antiquité reculée de leur origine.

Les Juifs instituerent depuis plusieurs fêtes solennelles, dont la danse faisoit une partie principale. Les filles de Silo dansoient dans les champs suivant l’usage, quand les jeunes gens de la tribu de Benjamin, à qui on les avoit refusées pour épouses, les enleverent de force sur l’avis des vieillards d’Israel. Lib. Jud. cap. ult.

Lorsque la nation sainte célébroit quelque évenement heureux, où le bras de Dieu s’étoit manifesté d’une maniere éclatante, les Lévites exécutoient des danses solennelles qui étoient composées par le sacerdoce. C’est dans une de ces circonstances que le saint roi David se joignit aux ministres des autels, & qu’il dansa en présence de tout le peuple Juif, en accompagnant l’arche depuis la maison d’Obededon jusqu’à la ville de Bethléem.

Cette marche se fit avec sept corps de danseurs, au son des harpes & de tous les autres instrumens de musique en usage chez les Juifs. On en trouve la figure & la description dans le premier tome des commentaires de la bible du P. Calmet.

Dans presque tous les pseaumes on trouve des traces de la danse sacrée des Juifs. Les interpretes de l’Ecriture sont sur ce point d’un avis unanime. Existimo (dit l’un des plus célebres) in utroque psalmo nomine chori intelligi posse cum certo instrumento homines ad sonum ipsius tripudiantes ; & plus bas : de tripudio seu de multitudine saltantium & concinentium minime dubito. Lorin, in psalm. cxljx. v. 3.

On voit d’ailleurs dans les descriptions qui nous restent des trois temples de Jérusalem, de Garisim, ou de Samarie, & d’Alexandrie, bâti par le grand-prêtre Onias, qu’une des parties de ces temples étoit formée en espece de théatre, auquel les Juifs donnoient le nom de chœur, Cette partie étoit oc-