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Les armures des satins à cinq lisses sont une prise & deux laissées, comme dans les satins à huit lisses. Voyez l’article Satin. Il ne s’agit ici que du rabat.

Les cinq lisses de rabat contiennent la même quantité de mailles que les cinq lisses de satin, de maniere que chaque fil de chaîne passé sur une lisse de satin est passé sous une de rabat, afin de baisser après que la tireuse a fait lever la soie.

La distribution des fils doit être telle, que celui qui passe sur la premiere lisse du fond passe aussi sur la premiere lisse du rabat, & ainsi des autres. Voici l’armure du damas ordinaire, tant pour le satin ou le fond, que pour le rabat.

Armure du damas courant.

Le damas n’a point d’envers, si ce n’est le côté qui représente le dessein : ce qui fait damas d’un côté fait satin de l’autre, & réciproquement. Quand il arrive que la figure du damas est trop pesante, pour lors on tire le fond qu’on fait tire pour cela, & le damas se trouve dessus ; & quand on a lié la figure, le damas se trouve dessous. D’où l’on voit que l’on n’a, de quelque côte qu’on envisage le damas, que satin & damas ; mais qu’en travaillant on a dessus ou dessous le satin ou le damas à discrétion.

Il n’est pas possible que le rabat du damas soit armé autrement que nous venons de le montrer ; parce que dans le cas où on voudroit en varier l’armure, il arriveroit que la lisse du rabat seroit précisément celle qui répondroit à la lisse du satin, & qui par conséquent feroit baisser les mêmes fils que la lisse de satin leveroit ; ce qui ne produiroit rien, l’une des lisses détruisant ce que l’autre lisse feroit. On voit que l’armure du rabat est précisément celle du satin, c’est-à-dire une prise & deux laissées.

Quant au liage, il n’est pas nécessaire de suivre un autre ordre en le passant que de cinq & six ; & comme il faut deux coups de navettes ou deux marches pour une de liage, & qu’il faut deux courses de satin pour une course de liage, il faut nécessairement commencer à faire baisser la lisse du milieu ou la troisieme, ensuite la quatrieme, puis la cinquieme, la premiere, & finir par la seconde ; sans quoi il arriveroit au fil qui auroit levé au coup de navette, d’être contraint de baisser ; ce qui occasionneroit un défaut dans l’étoffe qui la rendroit mauvaise & non marchande, toutes les parties liées par un fil de cette espece étant totalement ouvertes & éraillées.

Armure d’un damas ordinaire broché seulement.

Cette étoffe travaillée à cinq marches de satin & à cinq de liage, demande que le course complet soit conduit comme nous allons l’exposer.

Premier lac. Le premier coup de navette passe sous la premiere lisse ; le second sous la quatrieme que la seconde marche fait lever. On baisse pour le brocher la premiere marche de liage, dont le fil répond à la troisieme lisse. Second lac. On baisse la troisieme marche qui fait lever la seconde lisse, & la quatrieme marche qui fait lever la cinquieme lisse ; après quoi on baisse pour lier la seconde marche qui fait baisser le fil qui se trouve sur la quatrieme lisse. Troisieme lac. On baisse la cinquieme marche qui fait lever la troisieme lisse, & on reprend la premiere marche qui fait lever la premiere lisse ; après quoi on fait baisser la troisieme marche de liage qui fait baisser le fil de la cinquieme lisse. Quatrieme lac. On fait baisser la seconde marche qui fait lever la quatrieme lisse, & la troisieme qui fait baisser la seconde ; on fait ensuite baisser la quatrieme marche qui fait baisser le fil qui répond à la premiere lisse. Cinquieme lac. On fait baisser la 4e marche de liage qui fait lever la cinquieme lisse, & la cinquieme marche qui fait lever la troisieme ; après quoi on fait baisser, pour lier, la cinquieme marche qui fait baisser le fil qui répond à la seconde lisse, &c.

On voit par les différentes combinaisons de mouvemens de cette manœuvre, qu’il faut la régularité la plus grande, tant dans le passage des fils quand on monte le métier, que dans le course quand on travaille l’étoffe ; & que s’il arrivoit qu’une lisse se mût à contre-tems, ou qu’un fil fût irrégulierement placé, il s’ensuivroit dans l’étoffe un vice trop réitéré pour n’être pas apparent.

Passons maintenant à l’armure d’un damas liséré, ou rebordé, & broché.

Cette étoffe est composée de quinze marches ; cinq pour les lisses de satin, cinq pour le liséré, & cinq pour le liage. Dans ces étoffes, les marches du liséré doivent être plus courtes d’un demi-pié au moins que celles du satin ; parce que l’ouvrier étant obligé de faire baisser successivement deux marches de satin pour une de liséré, & chacune des marches du liséré suivant une marche du satin, si elles étoient de même longueur, l’ouvrier auroit trop d’embarras de sauter la lisse du liséré, pour prendre la seconde du satin : au lieu que celle du liséré étant plus