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Cul de Cheval, voyez Ortie de mer.

Cul rouge, voyez Epeiche.

Cul d’un Vaisseau, (Mar.) On nomme ainsi son arriere. Voyez Planche III. fig. 1. le dessein de la poupe d’un vaisseau. (Z)

Cul de port ou de porc, (Mar.) ce sont de certains nœuds qu’on fait à des bouts de cordes : il y en a de doubles & de simples. (Z)

Cul-de-lampe, terme d’Architecture ; espece de pendantif en forme pyramidale renversée, servant à soûtenir une tourelle, une guérite, ou tout autre ouvrage d’Architecture qui ne monte pas de fond. On appelle aussi cul-de-lampe, tout ornement de Sculpture qui conserve cette forme, & qui soûtient une figure, un trophée ou un vase, ainsi que ceux qui tiennent lieu de consoles & qui portent les statues qui sont placées au-devant des pilastres de la nef & du chœur de saint Sulpice, à l’imitation des anciens, qui plaçoient ordinairement à la hauteur du tiers inférieur de leurs colonnes, des especes d’encorbellemens sur lesquels ils posoient des figures, ainsi qu’on le remarque dans les desseins des ruines de Palmire, dont un recueil fort estimé vient d’être mis au jour par les Anglois. (P)

Culs-de-lampe, (Gravure.) c’est dans la Gravure, tant en bois qu’en cuivre, & même en fonte, des ornemens qu’on met à la fin d’un livre ou des chapitres, lorsqu’il y a du blanc qui feroit un trop grand vuide, & seroit desagréable à voir nud. On les tient de forme un peu pointue par le bas, & telle à-peu-près qu’une lampe d’église : de-là leur est venu le nom de cul-de-lampe. A l’égard des grandeurs qu’ils ont, ceux qui servent à de grands in-fol. sont d’environ quatre pouces en quarré ; ils ont quelque chose de moins pour les petits in-fol. pour les in-4°. trois pouces au plus ; aux in-8°. un pouce & demi ; & aux in-12. un pouce ; ce qui cependant n’est qu’une mesure générale, chacun les ordonnant suivant les places à remplir. Voyez Fleurons & Placards.

Les Imprimeurs composent des culs-de-lampe de différentes petites vignettes de fonte, arrangées de façon que le premier rang soit plus long que le second, le second plus long que le troisieme, & ainsi de suite jusqu’à la fin, toûjours en rétrécissant, & terminé par une seule ou deux pieces au plus. Anciennement on faisoit volontiers les frontispices ou premieres pages dans ce goût, mais cela n’est plus d’usage.

Cul-de-sac, en Architecture, est une petite rue fermée par un bout.

Cul-de-four, (Coupe des pierres.) est une voûte sphérique ou sphéroïde, de quelque ceintre qu’elle soit, surhaussée ou en plein ceintre, quoique les culs-de-four dont elle tire son nom, soient très-surbaissés. L’arrangement de leurs voussoirs peut varier & leur donner différens noms, comme en pendantif, en plan de voûte, d’arrête, &c. (D)

Cul de chapeau, se dit communément d’un chapeau dont on a coupé tout le bord jusqu’au lien, c’est-à-dire jusqu’au bas de la forme ; mais en terme de Chapelier, le cul du chapeau ne s’entend que du dessus de la tête : ainsi, faire le cul d’un chapeau, est une expression qui signifie mettre le chapeau sur une plaque chaude, couverte de papier & de toile un peu humide, & le tourner sur le fond de la forme, après avoir mis une forme de bois dans la cavité de la tête. V. Chapeau.

Cul de poele, (Jard.) se dit en fait de dessein d’une allée, d’un tapis de gason, ou d’un canal fait en long, & terminé par un ovale formant une poîle. (K)

Culs-de-sac, (Jardin.) ce sont des extrémités d’allées qui n’ont point d’issue, telles qu’on en trouve dans les bosquets & les labyrinthes. On donne le même nom aux rues qui n’ont point de sortie.

Cul de verre, (Maréchall.) espece de brouil-

lard verdâtre qui paroît au fond de l’œil de quelques

chevaux, & qui dénote qu’ils ont la vûe mauvaise. Farcin, cul de poule, voyez Farcin.

Avoir le cul dans la selle, se dit du cavalier, quand il est bien assis dans la selle, de façon que son derriere ne leve pas, & ne paroît pas hors de la selle. (V)

Cul de chalans, terme de Riviere ; especes de bateaux qui se fabriquent aux ports de Saint-Dizier, Moeslin & Estrepy.

Cul-pendant, terme de Riviere ; expression usitée dans les ports, pour le placement des bateaux.

CULAGE, CULLAGE, ou CULIAGE, s. m. (Jur.) étoit un droit que certains seigneurs exigeoient autrefois de leurs vassaux & sujets qui se marioient. Plusieurs seigneurs exerçant dans leurs terres un pouvoir arbitraire & tyrannique, s’étoient arrogé divers droits, même honteux & injustes, à l’occasion des mariages, tels que la coûtume infame qui donnoit à ces seigneurs la premiere nuit des nouvelles mariées.

Le seigneur de S. Martin-le-Gaillard dans le comté d’Eu, étoit un de ceux qui s’étoient attribué ce prétendu droit, comme on le voit dans un procès-verbal fait par M. Jean Faguier auditeur en la chambre des comptes, en vertu d’arrêt d’icelle du 7 Avril 1507, pour l’évaluation du comté d’Eu tombé en la garde du Roi pour la minorité des enfans du comte de Nevers & de Charlotte de Bourbon sa femme. Au chapitre du revenu de la baronie de S. Martin-le-Gaillard, dépendant du comté d’Eu, il est dit : Item, a ledit seigneur, audit lieu de S. Martin, droit de cullage quand on se marie.

Les seigneurs de Sonloire avoient autrefois un droit semblable ; & l’ayant obmis en l’aveu par eux rendu au seigneur de Montlevrier seigneur suzerain, l’aveu fut blâmé : mais par acte du 15 Décembre 1607, le sieur de Montlevrier y renonça formellement, & ces droits honteux ont été par-tout convertis en des prestations modiques.

On tient que cette coûtume scandaleuse fut introduite par Even roi d’Ecosse, qui avoit permis aux principaux seigneurs d’Ecosse d’en user ainsi ; mais les suites fâcheuses qu’avoit ordinairement le ressentiment des maris, dont l’honneur étoit blessé en la personne de leurs femmes, engagerent Marcolm III. roi d’Ecosse à abolir cette coûtume, & à la convertir en une prestation appellée marcheta, consistant en une somme d’argent ou un certain nombre de vaches, selon la qualité des filles. Voyez Buchanan, liv. IV. de son hist. le 4e. liv. des lois d’Ecosse, c. 31. & ibi Skœneus.

Les seigneurs de Prelley & de Parsanny en Piémont, joüissoient d’un pareil droit, qu’ils appelloient carragio ; & ayant refusé à leurs vassaux de commuer ce droit en une prestation licite, ce refus injuste les porta à la révolte, & fit qu’ils se donnerent à Amé sixieme du nom, quatorzieme comte de Savoie.

On voit encore plusieurs seigneurs en France & ailleurs, auxquels il est dû un droit en argent pour le mariage de leurs sujets ; lequel droit pourroit bien avoir la même origine que celui de culage. Mais il y en a beaucoup aussi qui perçoivent ces droits seulement à cause que leurs sujets ne pouvoient autrefois se marier sans leur permission, comme sont encore les serfs & mortaillables dans certaines coûtumes.

L’évêque d’Amiens exigeoit aussi autrefois un droit des nouveaux mariés, mais c’étoit pour leur donner congé de coucher avec leurs femmes la premiere, seconde & troisieme nuits de leurs nôces. Ce droit fut aussi aboli par arrêt du 19 Mars 1409, rendu à la poursuite des habitans & échevins d’Abbeville. Voyez le gloss. de M. de Lauriere, au mot Cullage. (A)