Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/548

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont elle est le produit. Calciner à un feu, c’est traiter une fois la matte de la maniere que nous avons dit, en parlant du grillage ou de la calcination, qu’on commençoit par traiter la mine qui avoit besoin d’être calcinée ou grillée : la griller à deux feux, c’est la passer d’une des séparations du fourneau A, dans une autre, & l’y traiter comme elle l’avoit été dans la précedente, & ainsi de suite.

On ne met qu’un lit de buches pour le premier grillage ou feu ; on augmente la quantité de bois à mesure que le nombre des feux augmente, & avec raison : car plus la matte contient de soufre, plus il faut faire durer le feu, chauffer doucement, & user d’un feu qui n’aille pas si vîte.

Les mattes calcinées se fondent dans le fourneau B, Pl. v. de Métallurgie, fig. 1. avec cette seule différence, que les souflets vont moins vîte, & qu’on pousse moins le feu. La matiere coule du fourneau dans la premiere casse, de la premiere casse dans la seconde, d’où on l’enleve par plaques ou pains, comme nous l’avons décrit ci-dessus, & l’on a des secondes mattes & un peu de cuivre noir : ce cuivre noir est mis à part.

Ces secondes mattes se reportent encore au fourneau de grillage A, pour y être recalcinées, d’où elles reviennent ensuite pour être fondues au fourneau B. On les calcine cette fois au fourneau A à cinq ou six feux ; & par cette nouvelle fusion au fourneau B, il vient une troisieme matte plus riche que la seconde, ainsi que la seconde étoit plus riche que la premiere, avec du cuivre noir. On obtient du reste une troisieme matte par la même manœuvre que les mattes précédentes, & l’on met aussi à part le cuivre noir.

On reporte au fourneau de grillage ou de calcination, la troisieme matte, où elle essuie encore cinq à six feux ; on la remet au fourneau de fusion, d’où il sort cette fois une matte riche, avec trois quarts de cuivre noir.

Telle est la suite des opérations de la fonderie ou fusion, & l’ordre dans lequel elles se succéderoient dans une mine & des fourneaux où l’on travailleroit pour la premiere fois ; mais on procede autrement quand les fourneaux sont en train. Alors on fond la mine & les différentes sortes de mattes dans un même fourneau B, dont le travail est ininterrompu. On commence par fondre les mattes, & entre les mattes on choisit les plus riches, pour les faire passer les premieres ; on leur fait succéder les mattes les moins riches ; à celles-ci, celles qui le sont moins encore, ou les mattes pauvres, & l’on finit par la mine.

La raison de cet ordre, c’est que le fourneau s’use, qu’il s’y forme, sur-tout au fond, des cavités, & qu’il vaut mieux que ces creux se remplissent de matte pauvre que de matte riche. Il arrive cependant dans la succession ininterrompue des fusions, que l’on a quelquefois dans les poches ou casses des mattes plus ou moins riches, & du cuivre noir ; & il ne faut pas craindre que ces différens produits se confondent, & que l’on perde le fruit des calcinations : car les mattes riches étant plus pesantes que les autres, gagnent toûjours le fond de la casse, ensorte qu’on a dans les casses le cuivre noir, la matte riche, la matte moins riche, la matte pauvre, à-peu-près dans l’ordre des calcinations.

On observe toutefois dans les fourneaux de calcinations, de griller ensemble les mattes les moins riches. Il y a à ce procédê de l’œconomie ; car il ne faut pas plus de bois pour griller trente quintaux de matte, que pour n’en griller que cinq à six.

Conséquemment on a soin d’attendre qu’on ait beaucoup de mattes riches, & l’on en ramasse le plus qu’on peut, pour en faire le grillage à part, ou

du moins on ne la confond qu’avec celle qui lui succede immédiatement en richesse.

Voici donc l’ordre des produits de toutes les différentes opérations : scories, matte pauvre, matte moyenne, matte riche, cuivre noir.

Le cuivre noir est l’état dernier auquel on tend par les calcinations & les fusions réitérées, à réduire toute la mine, en la faisant passer par ces états de mattes différentes.

Du raffinage du cuivre. Raffiner le cuivre, c’est le conduire de l’état de cuivre noir à celui de cuivre de rosette, ou c’est dissiper le reste de soufre qui le constitue cuivre noir.

Cette opération se fait au fourneau C, Planch. V. de Métallurg. fig. 2. qu’on y voit en entier, & dont on a représenté une coupe & l’intérieur, Plan. VI. de Métallurg. fig. 6. & les évents de son terre-plein, fig. 5. même Planche.

On commence par garnir la casse ou poche qui est au-dedans avec le mêlange de terre grasse & de charbon en poudre dont nous avons parlé plus haut. Après ce préliminaire, on la fait sécher avec du charbon, qu’on y entretient allumé pendant une ou deux heures.

Cela fait, il s’agit de travailler. Pour cet effet on remplit toute la casse de charbon de bois ; on place sur ce charbon un pain de cuivre noir ; on fait sur ce pain un lit de charbon ; on met sur ce lit trois ou quatre pains, ensuite du charbon, puis lit sur lit des pains alternativement, du charbon, jusqu’à la concurrence de cent, cent vingt, cent cinquante, deux cents, deux cents cinquante, trois cents pains, suivant la grandeur de la casse, qui s’étend considérablement pendant le travail.

On chauffe. Les soufflets marchent à-peu-près pendant deux heures, au bout desquelles le raffineur trempe une verge de fer dans le cuivre qui a gagné le fond de la casse ; c’est un essai : au sortir de la casse, il plonge sa baguette enduite d’une pellicule de cuivre, dans de l’eau froide ; elle s’en détache ; il en examine la couleur, & il juge à cette couleur si la matiere est ou n’est pas affinée. Cet essai se répete d’un moment à l’autre ; car la matiere prend avec beaucoup de vîtesse des nuances successives, différentes & perceptibles pour l’affineur.

Dans le cours de cette fusion, on décrasse la matiere, une, deux, trois, ou quatre fois ; ce qui se fait en écartant le brasier qui nage à sa surface avec un rable, ou en se servant de cet instrument pour en enlever les ordures : ensuite on repousse le brasier, & l’on y substitue de nouveau charbon, s’il en est besoin.

Lorsque l’affineur s’est assûré par un dernier essai de la perfection de sa matiere & de son degré d’affinage, on écarte encore le charbon, on décrasse de nouveau, on balaye les bords de la casse ; le cuivre paroît alors dans un état de fluidité très-subtile, sans toutefois bouillonner ; il fremit seulement, il élance dans l’air une pluie de grains menus, qu’on peut ramasser en passant une pelle de fer à-travers cette espece de vapeur, à un pié ou environ au-dessus de la surface du fluide. Elle s’appelle fleurs de cuivre ou cendre de cuivre. Pour en arrêter l’effluvium, & empêcher la matiere de s’éparpiller ainsi, le fondeur asperge legerement la surface avec un balai chargé d’un peu d’eau. Pour faire cette aspersion sans péril, on laisse refroidir la surface du cuivre ; cela est essentiel, car si l’on répandoit l’eau avant que la surface eut commencé à se figer, il se feroit une explosion considérable, capable de faire sauter l’attelier.

Lors donc que la surface commence à se consolider un peu, on a un petit baquet plein d’eau, on en jette une flaquée legere sur la surface du métal : cette eau bouillonne & disparoît en un moment ; on a alors