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qui en se précipitant s’est uni à différentes especes de pierre ou de terre ; c’est ce qui fait que la chrysocolle varie pour la consistance & pour l’arrangement. On la trouve, ou compacte, ou en globules ; quelquefois elle présente de petites crystallisations en bouquets ou en houpes soyeuses. La mine de cuivre verte de la Chine, qui est si recherchée des curieux, est de cette espece.

4°. Le bleu de montagne ou chrysocolle bleue. C’est du cuivre qui a été dissous naturellement, qui par le concours d’un alkali volatil a pris une couleur bleue, & qui de même que le verd de montagne s’est attaché à quelque substance terreuse ou pierreuse : son bleu est plus ou moins éclatant. Le lapis lazuli est une mine de cuivre de cette espece.

5°. La mine de cuivre azuré. Elle est d’un tissu qui la fait ressembler à du verre dans l’endroit où elle a été rompue. Elle est d’un bleu plus ou moins mêlangé : ce n’est vraissemblablement qu’une variété de la mine qui précede.

6°. La mine de cuivre vitreuse. La couleur de cette mine est assez variée ; elle ressemble à du verre, ce qui lui a fait donner le nom qu’elle porte.

7°. La mine de cuivre grise. Elle est d’un gris plus ou moins foncé. Il est assez difficile au simple coup-d’œil de la distinguer d’avec une mine de fer.

8°. La mine de cuivre hépatique. Elle est d’un rouge mat ou d’un brun jaunâtre qui la fait ressembler à du foie : c’est la quantité de parties martiales qu’elle contient qui lui donne cette couleur. Elle contient aussi du soufre.

9°. La mine de cuivre blanche. Cette blancheur n’est que relative ; c’est proprement un gris clair qui tire un peu sur le jaunâtre. Cette mine contient du fer, de l’arsenic, & même un peu d’argent.

10°. La pyrite cuivreuse, ou mine jaune de cuivre ; c’est la moins riche & la plus commune des mines de cuivre ; elle contient, outre le cuivre, du fer, du soufre & de l’arsenic. Cette mine est quelquefois d’un jaune d’or très-éclatant, entre-mêlé de différentes couleurs très-brillantes, rouges, violettes, bleues, vertes, gorge de pigeon, &c. Quelquefois cette mine est d’un jaune-pâle, ou d’un jaune tirant sur le verdâtre ; mais ces deux dernieres mines ne sont que des pyrites cuivreuses, à qui plus ou moins d’arsenic & une moindre quantité de cuivre ont fait prendre une nuance plus claire.

11°. Les mines de cuivre figurées. On peut nommer ainsi les mines de cuivre dans lesquelles on remarque une figure étrangere au regne minéral. Ces mines de cuivre se trouvent toûjours dans de l’ardoise. Il y a une mine de cette espece à Mansfeld en Thuringe, dans laquelle on trouve des empreintes de poissons ; dans d’autres on voit des empreintes de végétaux.

12°. La mine de cuivre terreuse : elle est de différentes couleurs, comme grise, jaune, brune, &c. c’est du cuivre uni avec de l’ochre ou avec de la terre de différente espece. On reconnoît souvent la présence du cuivre dans ces terres, par l’enduit du verd-de-gris qu’on y remarque. L’ochre de Goslar paroît être de cette nature ; on la mêle avec de l’huile de lin ; on en forme des globules qu’on met en distillation dans une cornue bien luttée ; on donne un très grand feu, ensuite on écrase les globules, on les passe au-travers d’un tamis, & sur la poudre qui est passée on verse de l’eau pour en faire le lavage : on sépare la partie la plus légere d’avec la plus pesante qui va au fond : on mêle cette derniere avec deux parties de flux noir, & on la fait fondre dans un creuset : on obtient par-là du cuivre. Voyez Juncker, de cupro, tab. xxxv. p. 905. C’est-là ce que quelques Chimistes ont appellé cuivre artificiel. D’autres ont crû que dans cette opération il se faisoit une

transmutation ; mais il est évident que ce n’est autre chose qu’une séparation & une réduction de la partie cuivreuse qui étoit contenue dans l’ochre de Goslar.

Outre les mines dont on vient de faire l’énumération, il se trouve encore des parties cuivreuses mêlées avec les mines des autres métaux ; il y a aussi des portions de ce métal unies avec une grande quantité de terres & de pierres : en général on a lieu de soupçonner sa présence dans la plûpart de celles où l’on remarque du verd ou du bleu ; cependant cette regle n’est point sans exception, attendu que le fer peut aussi quelquefois produire les mêmes couleurs. Il est certain néanmoins que le cuivre est ce qui donne le bleu & le verd à un grand nombre de substances minérales, telles que l’éméraude, le saphir, la turquoise, le lapis lazuli, &c. Glauber prétend avoir trouvé du cuivre dans les tourbes de Hollande, & sur-tout dans celles qui sont le plus profondément sous terre. Si l’on veut un détail plus circonstancié sur les mines de cuivre, on peut consulter la Minéralogie de Wallerius, tome I. p. 495 & suiv.

Les différentes opérations en usage pour tirer le cuivre de sa mine, sont un chef-d’œuvre de la Métallurgie : il n’y a point de métal plus difficile à traiter ; on en pourra juger par le détail abregé de ces opérations, qu’on va trouver dans cet article. Ces difficultés viennent des matieres étrangeres, martiales, sulphureuses, arsénicales, terreuses ou pierreuses, &c. qui sont quelquefois étroitement unies avec le cuivre dans sa mine. Les Fondeurs suédois distinguent trois especes de mines de cuivre : 1°. les mines de culvre simples ; ce sont celles qui sont dégagées des parties terreuses & pierreuses : 2°. les mines de cuivre dures ; ce sont celles qui sont unies avec des pierres vitrifiables, telles que le quartz, ce qui en rend la fusion difficile : 3°. les mines de cuivre réfractaires ; ce sont celles qui sont mêlées avec des pierres qui résistent à l’action du feu, telles que le talc, l’amiante, &c. Voyez la Minéralogie de Wallerius, tome I. p. 517 & suiv.

Il arrive souvent que dans les mines de cuivre les parties hétérogenes, telles que le fer, la terre, la pierre, &c. s’y trouvent en beaucoup plus grande abondance que ce métal : ces inconvéniens n’empêchent point de travailler ces mines pauvres dans les pays, comme la Suéde & quelques parties de l’Allemagne, où le bois est commun & la main-d’œuvre à bon marché ; hors ces cas, il y auroit beaucoup de perte à vouloir les traiter.

Maniere de traiter la mine de cuivre. C’est une suite de différentes opérations, dont nous allons donner le détail le plus exact. Ces opérations ne sont pas absolument les mêmes partout ; elles varient selon la qualité des mines : mais c’est à l’expérience à instruire de la nature & du besoin de ces variétés. Il suffit dans un ouvrage de décrire avec précision & clarté un procédé général qui puisse servir de base dans toutes les circonstances possibles.

Du triage de la mine. C’est l’opération par laquelle on commence : elle consiste, 1°. à séparer les morceaux purement pierreux, des morceaux tenant métal, & à rejetter ceux-là : 2°. à séparer ceux qu’on croit purement métalliques, pour les envoyer à la fonderie : 3°. à séparer ceux qui sont mêlés de pierre & de mine, qu’on appelle mine à bocard, & qu’on fait bocarder.

Détail du triage. On commence par passer toute la mine par un crible à mailles quarrées, de la largeur d’un pouce ou quinze lignes : ce crible a dix-neuf pouces de diametre sur cinq pouces de profondeur. La mine est ramassée dans un coin ; on en va charger son crible, & on se transporte dans un autre