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proche de la tige commune est, à la mode de Bretagne, le grand oncle du plus éloigné.

On voit dans une ordonnance de Charles V. du 5 Septembre 1368, qu’à Doüai deux cousins germains ne pouvoient en même tems être échevins ; & dans une autre du 28 Janvier suivant il est dit, qu’entre les trente personnes qui éliront le maire & échevins de Péronne, il ne pourra pas y en avoir plus de deux qui soient parens, si cela est possible ; que si cela ne se peut, & qu’il y en ait plus de deux qui soient parens, du moins il ne pourra y en avoir plus de deux qui soient cousins germains. (A)

COUSOIR A COUDRE LES LIVRES. (Relieur.) Cette machine est dressée sur une table, sur le devant de laquelle il y a une mortoise de dix-huit pouces de longueur ou environ, pour y passer les ficelles auxquelles on doit coudre les livres. On remplit cette mortoise par une tringle de bois échancrée aux deux bouts, pour qu’elle y soit retenue sur les rebords taillés à moitié du bois de la table : on appelle cette tringle temploie. Voyez Temploie. Sur les côtés de la rainure il y a un trou, pour y passer deux morceaux de bois taillés en vis qui s’élevent de dessus la table jusqu’à quinze ou dix-huit pouces. Le bas de ces vis est rond, pour les pouvoir tourner à la main. On passe dans le haut des vis un autre morceau de bois rond, ayant à chaque extrémité un bout quarré de trois à quatre pouces de long, dans lequel il y a un trou vissé pour faire élever ou descendre cette barre à volonté. De cette barre descendent cinq ficelles noüées à cinq ou six pouces de longueur, en sorte qu’elles tournent autour de la barre : on attache à ces ficelles par un nœud le bout de celles auxquelles on doit coudre le livre ; puis on fait passer l’autre bout par la mortoise, & on l’arrête au-dessous de la table avec une chevillette à l’entour de laquelle on la tourne, en faisant passer le bout par le trou de la tête. Quand les cinq chevillettes sont arrêtées, & les ficelles bien dressées & égales, on fait bander ces ficelles en tournant également les deux vis pour faire monter la barre ; puis la couturiere prend un feuillet de papier blanc ou deux, égaux de grandeur au volume qu’elle doit coudre, & les couchant sur la table, elle en présente le pli contre les cinq ficelles, où elle les coud ; & ainsi de toutes les feuilles du volume, jusqu’à ce que le tout soit cousu : alors elle finit son ouvrage, en mettant à la fin comme au commencement une ou deux pages de papier blanc ; & lorsque ses fils sont arrêtés, elle tourne en sens contraire le collet des vis & lâche les ficelles, qu’elle coupe à hauteur suffisante pour les passer dans le carton qu’on y doit mettre. V. Pl. I. de la Reliure, fig. B. Voy. Plier, Endosser, & Passer en carton.

COUSSEGAYE ou COUSECAILLE, subst. fém. (Cuisine.) ragoût des dames Créoles des Antilles. Il est composé de farine de magnoc mêlée tout simplement dans du syrop ou dans le vesou chaud sortant des chaudieres à sucre ; on y met du jus de citron, après quoi on verse cette espece de broüet dans des tasses de porcelaine pour le prendre chaud, à-peu-près comme on fait le chocolat. Art. de M. le Romain.

COUSSECOUCHE ou COUCHE-COUCHE, s. f. racine potagere des îles Antilles. Elle croît ordinairement de la grosseur & à-peu-près de la forme d’un gros navet ; la pellicule qui la couvre est brune, quelquefois grise, rude au toucher, poussant plusieurs menus filets en forme de chevelure. La chair de la coussecouche est d’une consistance un peu plus solide que l’intérieur des châtaignes bouillies, & plus cassante : la couleur en est blanche, ou quelquefois d’un violet foncé.

Cette racine étant cuite dans de l’eau avec un

peu de sel, se mange avec des viandes salées ou du poisson.

C’est un mets fort estimé des dames Créoles, quoiqu’il soit un peu venteux. Article de le Romain.

COUSSIN, s. m. On donne en général ce nom à un amas de quelque substance molle, compressible, élastique, & renfermée dans une espece de sac ou de toile ou d’étoffe, destiné à soûtenir doucement un corps.

* Coussin (Art militaire.) bloc de bois placé au-derriere de l’affut, sur lequel la culasse du canon est soûtenue.

Coussin, (Marine.) c’est un tissu de menue corde à deux fils ou à trois, qu’on met sur les cercles des hunes, autour du grand mât, sur le mât de beaupré & ailleurs, pour empêcher que les voiles qui portent sur ces endroits, ne se coupent & s’usent contre les bois par un trop dur frottement. (Z)

Coussins d’amures, (Marine.) c’est un tissu de bitord que l’on met sur le plat-bord du bord, à l’endroit où porte la ralingue de la voile, afin d’empêcher qu’elle ne se coupe. (Z)

Coussin sous le beaupré, voyez Clamp.

Coussin, en termes d’Argenteur, est un sac de cuir rempli de sable, sur lequel on lie les piés de chandelier, ou autres pieces, qu’on veut ciseler. Voyez, Planche de l’Argenteur, fig. 1. un ouvrier qui ciselle une piece attachée sur un coussin.

Coussin, en termes de Batteur-d’or, est une planche fourrée de bourre, & recouverte de peau, pour couper l’or quand les lames ont acquis une certaine grandeur : ce qui se fait en répandant sur ce coussin du brun de plâtre pulvérisé, pour donner du jeu à l’or & prise au roseau.

COUSSINET, subst. m. en Architecture, est selon Vitruve, un oreiller ou balustre, à quoi ressemblent les parties latérales du chapiteau ionique antique, & dont les côtés sont dissemblables. V. Chapiteau.

On appelle aussi coussinet, la pierre qui couronne un pié-droit, & dont le lit de dessous est de niveau, & celui de dessus incliné pour recevoir le premier voussoir ou la retombée de l’arc d’une voûte. (P)

Coussinet, voyez Chevet.

Coussinet à Mousquetaire, (Art milit.) étoit un coussinet que le soldat portoit autrefois sous sa bandouilliere, à l’endroit où se posoit le mousquet. (Q)

Coussinet, en terme d’Argenteur, est une espece d’oreiller couvert de bazanne, sur lequel on met l’argent pour le couper plus aisément. Cet oreiller ou coussinet est représenté sur la table de la figure 4. de la vignette de la Planche de l’Argenteur.

Coussinet, en termes de Bottier, est un petit sac plein de crin & piqué, qui se met dans les genouillieres des bottes, pour empêcher les incommodités qu’elles peuvent causer.

Coussinet, terme de Bourrelier, c’est une partie du harnois des chevaux de carrosse, composée de deux petits coussins de toile B, garnis de bourre & de crin, & recouverte d’une grande plaque de cuir à-peu-près quarrée. Le coussinet pose sur le garrot du cheval. L’usage du coussinet est de soûtenir par deux bandes de cuir l’anneau de fer en forme de boucle, où aboutissent les reculemens, le poitrail, & les traits ; & par deux autres bandes appellées montans, de soûtenir le poitrail, & empêcher qu’il ne baisse trop & n’embarrasse le cheval dans sa marche.

Le coussinet sert aussi à assujettir le surdos, & ainsi à contenir toutes les parties du harnois. Voyez la fig. 1. & 2. Pl. du Bourrelier.

Coussinet, (Couvreur.) rouleau de paille nattée, que ces ouvriers attachent sous les piés de leurs échelles, pour les empêcher de glisser ; ces échelles en sont appellées échelles à coussines.