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s’entend d’une certaine relation ou sympathie, par le moyen de laquelle, lorsqu’une partie est immédiatement affectée, une autre à une distance se trouve affectée de la même façon.

Ce rapport mutuel ou ce consentement des parties, est sans doute produit par la communication des nerfs, & par leur distribution & leurs ramifications admirables par tout le corps. Voyez Nerf.

Cet effet est si sensible, qu’il se manifeste aux yeux des medecins : ainsi une pierre dans la vessie, en tiraillant ses fibres, les affectera & les mettra dans de telles convulsions, que les tuniques des intestins seront affectées de la même maniere par le moyen des fibres nerveuses ; ce qui produira une colique. Ces tiraillemens s’étendent même quelquefois jusqu’à l’estomac, où ils occasionnent des vomissemens violens : c’est pourquoi le remede en pareil cas doit regarder la partie originairement attaquée.

Les Naturalistes supposent que la ramification de la cinquieme paire des nerfs aux parties de l’œil, de l’oreille, à celles de la bouche, des joues, du diaphragme, & des parties environnantes, &c. est la cause du consentement extraordinaire de ses parties : c’est de-là qu’une chose savoureuse vûe ou sentie, excite l’appétit, & affecte les glandes & les parties de la bouche ; qu’une chose deshonnête vûe ou entendue, fait monter le rouge au visage ; que si elle plaît, elle affecte le diaphragme, & excite au rire les muscles de la bouche & du visage ; & qu’au contraire si elle afflige, elle affecte les glandes des yeux & les muscles du visage, tellement qu’elle occasionne des larmes.

Le docteur Willis, cité par M. Derham, attribue le plaisir du baiser, l’amour, & même la luxure que ce plaisir excite, à cette paire de nerfs qui se ramifiant, & aux levres & aux parties génitales, occasionne une irritation dans celles-ci par l’irritation des premieres.

Le docteur Sach pense que c’est du consentement des levres de l’utérus à celles de la bouche, qu’une femme grosse étant effrayée de voir des levres galeuses, il lui survint des pustules toutes semblables aux levres de l’utérus. Chambers.

Il ne faut au reste regarder toutes ces explications que comme de pures conjectures. La maniere dont nos sensations sont produites, est une matiere qui restera toûjours remplie d’obscurité pour les Physiciens. Voyez Sympathie.

CONSENTES, adj. (Mythol.) Les Romains appelloient ainsi leurs douze grands dieux, de l’ancien verbe Latin conso, conseiller, parce qu’on les supposoit admis au conseil de Jupiter. Ces dieux consentes étoient ceux du premier ordre, & l’on en comptoit six mâles ; savoir Jupiter, Neptune, Mars, Apollon, Mercure, & Vulcain ; & six déesses, Junon, Vesta, Minerve, Diane, Cerès, & Venus. Varron semble reconnoître deux sortes de dieux consentes. J’invoquerai, dit-il, livre I. de re rusticâ, les douze dieux consentes, non pas ces dieux dont les statues dorées sont au grand marché de la ville, ces dieux dont six sont mâles & six femelles, mais les douze dieux qui aident ceux qui s’adonnent à l’agriculture. On pense que les Grecs ont aussi connu ces dieux sous le même nom, & qu’ils y ajoûterent Alexandre le grand comme dieu des conquêtes ; mais les Romains ne lui firent pas le même honneur. Ces douze dieux avoient en commun un temple à Pise en Italie ; & les fêtes qu’on célébroit en leur honneur portoient le nom de Consentia. Chambers. (G)

* CONSENTIES ou CONSENTIENNES, adject. pris subst. (Mythol.) fêtes instituées à l’honneur des dieux consentes, par plusieurs familles ou compagnies qui concourant à la solennité de ces fêtes à frais communs, marquoient la vénération particu-

liere qu’elles portoient à ces divinités. Il paroît qu’on

ne s’est pas contenté de trouver un seul fondement au nom de ces fêtes, & qu’on a voulu qu’elles s’appellassent consenties, parce qu’il y avoit société de dieux & société d’adorateurs.

CONSÉQUENCE, CONCLUSION, (Gramm. synon.) termes qui désignent en général une dépendance d’idées, dont l’une est la suite de l’autre.

On dit la conclusion d’un syllogisme, la conséquence d’une proposition, la conclusion d’un ouvrage, la conséquence qu’on doit tirer d’une lecture. Voyez Syllogisme, voyez aussi Conséquent. (O)

* Conséquence, s. f. (Logiq.) c’est dans un raisonnement la liaison d’une proposition avec les prémices dont on l’a déduite : ainsi il est indifférent que les prémisses soient vraies ou fausses pour que la liaison soit bonne, & pour que la conséquence soit accordée ou niée. Exemple. Si les bons étoient suffisamment récompensés dans ce monde par les plaisirs de la vertu, & les méchans suffisamment punis par les suites fâcheuses du vice, il n’y auroit aucune récompense ni aucune peine à venir, sans qu’on pût accuser Dieu d’injustice : or les bons sont suffisamment récompensés dans ce monde par les plaisirs de la vertu, & les méchans suffisamment punis par les suites du vice ; donc il n’y auroit aucune récompense ni aucune peine à venir, sans qu’on pût accuser Dieu d’injustice. On peut avoüer ce donc, sans convenir des prémisses auxquelles il a rapport. La conséquence est bien tirée, mais il est de foi que la mineure est fausse. Il est évident que le conséquent peut être distingué, mais non la conséquence : on nie ou l’on accorde qu’il y a liaison. Voyez Conséquent.

CONSÉQUENT, adj. (Arith.) c’est ainsi que l’on appelle en Arithmétique le dernier des deux termes d’un rapport, ou celui auquel l’antécédent est comparé. V. Antécédent, Rapport & Proportion.

Ainsi dans le rapport de b à c, la grandeur c est le conséquent, & la grandeur b l’antécédent. (O)

* Conséquent, (le) adj. pris sub. (Logiq.) c’est la proposition qu’on infere des prémisses d’un raisonnement. Exemp. Il semble que si les hommes étoient naturellement méchans, c’est de la vertu & non du vice qu’ils devroient avoir des remords : or c’est du vice seulement qu’ils ont des remords ; donc ils ne sont pas naturellement méchans. Ils ne sont pas naturellement méchans ; voilà le conséquent : donc est le signe de la conséquence ou de la liaison qu’on suppose entre le conséquent & les prémisses. Si le conséquent est équivoque, c’est-à-dire s’il y a un sens dans lequel il soit bien déduit des prémisses, & un sens dans lequel il soit mal déduit des prémisses, on dit en répondant au raisonnement, je distingue le conséquent ; en ce sens j’avoue la conséquence ; en cet autre sens je nie la conséquence, ou j’avoue la liaison de la proposition avec les prémisses, ou je nie la liaison de la proposition avec les prémisses. Voyez Conséquence, Prémisses, Syllogisme, Raisonnement.

CONSEQUENTIA, terme Latin en usage dans l’Astronomie. On dit qu’une étoile, une planete, ou une comete, ou tout autre point du ciel se meut ou paroît se mouvoir in consequentia, lorsqu’elle se meut ou paroît se mouvoir d’occident en orient, suivant l’ordre des signes du Zodiaque. Ce mot est opposé à antecedentia. Voyez Antecedentia. (O)

CONSERANS ou COUSERANS, (le) Géog. petit pays de France en Gascogne, borné par le comté de Foix, le Comminges, & la Catalogne.

CONSERVATEUR, s. m. (Jurispr.) est un officier public établi pour la conservation de certains droits ou priviléges, Il y en a de plusieurs sortes : les uns qu’on appelle greffiers-conservateurs, dont la fonction est de tenir registre de certains actes pour la