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ceux où il se trouve plus communément. On voit aussi cet arbre sur la crête des montagnes, parmi les rochers, & même dans les terres argilleuses ; mais il se plaît davantage dans un terrein maigre, sablonneux, humide & mousseux, qui fait durer long-tems la souche du coudrier, & où j’en ai vû de fort vieux à la vérité, qui avoient quarante piés de haut, plus de deux piés de tour, & qui ne dépérissoient point encore.

Si l’on avoit donc à peupler des terreins si ingrats, que les arbres de bonne essence dûssent s’y refuser, on pourroit se servir du coudrier dont le bois ne laisse pas d’être propre à quelques usages. Le plus court moyen d’en faire de grandes plantations sera de semer les noisettes, mais de ne pas se presser de le faire dès l’automne, par rapport à la gelée qui les gâte souvent, & plûtôt encore pour éviter l’inconvénient trop immanquable de trouver après l’hyver le sémis détruit par les vers, les rats, les mulots, &c. qui en sont très-friands. Les noisettes d’ailleurs ne germent pas avant le printems. Il vaudra donc mieux les conserver dans le sable jusqu’à ce tems pour les semer au mois de Février de la même maniere que le gland. Voyez Chêne. On peut encore multiplier le coudrier de plusieurs autres façons que je laisse à traiter au mot Noisettier, où il sera plus convenable aussi d’entrer dans le détail des différentes especes de cet arbre & de leur culture. Celle du coudrier n’a rien de particulier. Cet arbre manque rarement à la transplantation, & il fait une bonne garniture dans les bois. Evelyn prétend même qu’étant mis en taillis, c’est de tous les bois celui qui fait le plus de profit. Ce n’est qu’après six ou sept ans de semence qu’il rapporte du fruit.

La noisette est meilleure à manger & plus saine, quand on la cueille dès qu’elle est formée ; que quand on attend que la parfaite maturité la fasse tomber de l’arbre ; parce qu’alors la partie aqueuse de ce fruit est déjà devenue oléagineuse, & le devient ensuite de plus en plus, jusqu’au point que quand il commence à se dessécher, on en extrait une huile qui peut être de quelque utilité. Les anciens prétendent que les noisettes engraissent ; les modernes conviennent seulement qu’elles sont plus nourrissantes que les noix ; & que si l’on en mange modérément, elles ne sont aucun mal, pourvû que l’on ait l’estomac bon ; mais qu’elles sont de difficile digestion, qu’elles nuisent à la respiration, & qu’elles rendent la voix rauque. Voyez Noisette.

Le bois du coudrier, tout différemment de celui des autres arbres, a plus d’utilité quand il est d’un petit volume, que lorsqu’il a plus de grosseur. Quel qu’il soit, il n’est propre qu’à de petits usages qui ne méritent pas un détail. On l’employe sur-tout à faire des cerceaux pour les futailles ; parce qu’il est droit, souple, & sans nœuds ; mais ce bois a si peu de solidité & de durée, qu’on ne s’en sert que faute de mieux. Cependant on s’est assûré par plusieurs expériences faites à Montbard en Bourgogne, que ce bois duroit trois fois davantage, lorsqu’il avoit été coupé dans le tems de la chûte des feuilles, que celui qui avoit été abattu pendant l’hyver, ou au commencement du printems.

Après qu’on a si long-tems abusé des gens crédules, en prêtant à la coudre des vertus surnaturelles, ce seroit un nouvel abus que de grossir cet article des propriétés imaginaires & superstitieuses de la baguette divinatoire. C’est une fourberie surannée qui est tombée en discrédit, à mesure qu’il y a eu moins de gens infatués d’anciens préjugés, & par conséquent moins de dupes. Voyez Noisettier. (c).

COVENANT, s. m. (Hist. mod. d’Angl.) C’est la fameuse ligue que les Ecossois firent ensemble en

1638, pour maintenir leur religion libre de toute innovation.

Pour comprendre ce que c’étoit que ce covenant, il suffira de savoir qu’en 1580, l’assemblée générale d’Ecosse dressa une confession de foi qu’elle présenta à Jacques I. que ce prince signa, & donna ses ordres pour la faire signer par tous ses sujets. Ce fut cette confession de foi de l’année 1580, reçue & de nouveau confirmée en 1590, dont on renouvella la signature en 1638, par la délibération de la table générale, c’est-à-dire des états généraux d’Ecosse. A cette signature de confession de foi, on ajoûta une clause obligatoire ou serment, par lequel « les souscrivans s’engagerent à maintenir la religion dans l’état où elle étoit en 1580, & à rejetter toutes les innovations introduites dans l’église depuis ce tems-là ». Ce serment joint à la confession de foi reçut le nom de covenant, c’est-à-dire, contrat, ligue, convention, faite entre ceux qui le souscrivirent. Le but de ce covenant ne tendoit pas à dépouiller Charles I. de ses droits, mais à empêcher qu’il ne les étendît plus loin qu’il ne le devoit par les lois, comme aussi qu’il ne pût abolir le Presbytérianisme. C’étoient-là précisément les deux points qui étoient directement contraires aux projets du roi ; aussi ce covenant fut-il l’origine des tristes brouilleries qui partagerent le royaume entre les deux factions de presbytériens & d’épiscopaux ; de même que des guerres qui s’éleverent bien-tôt après entre les Ecossois & Charles I. qui jetterent ce prince dans des fautes qu’il ne put jamais réparer, & qui furent enfin la cause de sa perte. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

COUENNE, s. f. (Chaircuiterie.) C’est ainsi qu’on appelle la peau du cochon, après qu’il a été grillé & raclé ; elle est fort dure, fort épaisse, & presque toûjours un peu chargée du reste des soies qu’on n’a pû enlever.

COUENNEUX, adj. (Med.) épithete que les Médecins donnent particulierement au sang, lorsqu’il se forme à sa surface une épaisseur dure, compacte, blanchâtre, & difficile à diviser.

COVENTRY, (Géog. mod.) grande ville d’Angleterre au comté de Warwick, sur le Sherburn. Long. 16. 3. lat. 52. 25.

CO-VERSE, s. m. (Géom.) quelques Géometres se servent de l’expression sinus co-verse, pour désigner la partie du diametre d’un cercle, laquelle reste après que l’on en a ôté le sinus verse. Voyez Sinus verse. (O)

COUETS, ECOITS, s. m. pl. (Marine.) ce sont quatre grosses cordes, dont il y en a deux amarrées aux deux points d’en-bas de la grande voile, & les deux autres aux deux points d’en-bas de la misene. Les écoutes sont amarrées à ces mêmes points, les coüets s’amarrent vers l’avant du vaisseau, & les écoutes vers l’arriere. Les coüets sont beaucoup plus gros que les écoutes. Quand on veut porter la grande voile ou la misene de l’un des bords du vaisseau sur l’autre bord, selon que le vent change ou qu’on veut changer de route, on largue ou lâche les écoutes, & on hale sur les coüets, c’est-à-dire qu’on les bande pour ramener la voile sur l’autre bord, & lui faire prendre le vent. La manœuvre des coüets s’appelle amurer ; & lorsque la voile est appareillée & qu’elle prend le vent, les coüets qui le tiennent en état sont dans leurs amures vers l’avant, tandis que les écoutes sont amarrées vers l’arriere : mais la manœuvre des coüets est bien différente de celle des écoutes ; car des deux coüets & des écoutes qui sont au vent, les coüets sont halés & les écoutes larguées ; & au contraire des deux coüets & des deux écoutes qui sont sous le vent, les coüets sont largués & les écoutes sont halées. On dit halez avant sur les coüets,