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ce que leur charniere n’est pas exactement dans le milieu de la coquille. Planc. XIX. fig. 7. Les tellines sont plus larges d’un côté que de l’autre, ce qui les fait ressembler à un coin.

Premier genre : tellines dont les bords sont dentés en-dedans.

Second genre : tellines dont les bords sont lisses en-dedans.

Solenes ou manches de couteaux. Les coquilles de ce genre sont longues & ouvertes par les deux extrémités. Pl. XIX. fig. 8. A, l’une des pieces vûe en-dehors ; B, l’autre piece vûe en-dedans. Leur ressemblance avec les manches de nos couteaux, leur a fait donner ce nom. Les Grecs les appelloient solenes, tuyaux. Dans le pays d’Aunis, on les nomme le coutelier ; & en Italie, cannolichio. Il n’y a qu’un genre de manche de couteau.

Cames. On donne différens noms françois aux cames ; on les appelle flammes ou flammettes, parce que le poisson de cette coquille enflamme la bouche quand on le mange. On les nomme encore lavignons ou palourdes. Cette classe n’a qu’un genre.

Coquilles de mer de trois pieces. Pholades. Lister croyoit d’abord que les pholades n’étoient composées que de trois pieces ; ensuite il a reconnu que ces coquilles (Pl. XIX. fig. 9.) ont cinq pieces différentes : quand l’animal est mort, les trois pieces les plus petites tombent bientôt, & il ne reste plus que les deux grosses parties.

Premier genre : pholades dont la charniere est percée de petits trous.

Second genre : pholades dont la charniere n’est pas percée.

Coquilles de mer de cinq pieces. Conques anatiferes. Anatifere vient du grec, & signifie porte-canard ; parce qu’on croyoit autrefois que le bernacle ou bernache, espece de canne de mer plus grosse que la macreuse, sortoit de ces coquilles. Planc. XX. fig. 1. & 2.

Il n’y a qu’un genre de conques anatiferes ; celles que l’on appelle poussepiés est composée de plusieurs pieces pointues, posées sur un pédicule cylindrique. La surface extérieure de ce pédicule est de couleur de gris de souris, & ressemble à la peau du chagrin ; il renferme une chair blanche qui devient rouge, quand elle est cuite : elle est bonne à manger. Son goût approche de celui de l’écrevisse.

Les poussepiés se réunissent plusieurs ensemble par l’extrémité de leurs pédicules. Il y en a des groupes de sept ou huit.

Coquilles de mer de douze pieces. Glands de mer. On a donné à cette espece de coquille le nom de gland de mer, parce qu’elle ressemble un peu à un gland. Planc. XX. fig. 3.

Il y a des cailloux & des coquilles qui sont chargées d’une très-grande quantité de ces glands : on en compte jusqu’à quatre-vingts-dix sur une seule coquille.

Univalves de mer, lepas ou patelles. Le nom de lepas vient du grec : on l’a donné aux coquilles de ce genre, parce qu’elles s’attachent aux rochers sur lesquels elles paroissent comme des écailles ; on les appelle aussi patelles, parce qu’elles ressemblent à un petit plat. Pl. XX. fig. 4.

Il y a quatre genres de lepas. Les lepas du premier genre sont percés au sommet ; ceux du second ont leur sommet entier. Les lepas du troisieme genre ont leur sommet allongé & recourbé : ceux du quatrieme genre sont pointus au sommet, & on trouve dans l’intérieur de la coquille une éminence triangulaire.

Tuyaux de mer ou dentales. Les tuyaux de mer ont aussi le nom de dentales, parce qu’ils ressemblent à une dent de chien. Pl. XX. fig. 5. Ce qui distingue les tuyaux de mer des vermisseaux de mer, c’est que

les premiers sont solitaires, & que les autres sont toûjours réunis plusieurs ensemble.

Vermisseaux de mer. Les vermisseaux de mer sont ordinairement entrelacés les uns dans les autres ; ils s’attachent aux rochers & à la carenne des vaisseaux : on en trouve des groupes assez gros.

L’arrosoir ou le pinceau de mer (Pl. XX. fig. 6.) est un vermisseau de mer.

Nautiles. Ce mot vient du grec ; il signifie pilote. La forme de cette coquille (Pl. XX. fig. 7.) approche de celle d’un vaisseau, & le poisson semble la conduire sur la mer, comme un pilote conduiroit un navire. Quand ce poisson veut nager, il éleve deux especes de bras AA, qui soûtiennent une membrane legere B : cette membrane sert de voile. Il a d’autres bras ou longs appendices CC, qu’il plonge dans l’eau, & qui lui tiennent lieu d’avirons & de gouvernail pour diriger sa coquille. Il marche ainsi sans enfoncer dans la mer ; mais si-tôt qu’il veut se retirer au fond de l’eau, il rentre dans sa coquille, qui se trouve alors assez pesante pour couler à fond.

Les nautiles se divisent en deux genres : ceux du premier genre sont chambrés. Pl. XX. fig. 8. L’intérieur de ces nautiles est partagé en plusieurs chambres A, A, par des cloisons ou lames transversales B, B : on en compte quelquefois jusqu’à quarante. Il y a un petit tuyau CC qui regne tout le long de la coquille, & qui traverse toutes ces cloisons. Celles qui se trouvent du côté du bec sont les plus petites, & elles augmentent peu-à-peu jusqu’à l’ouverture de la coquille où est la plus grande chambre.

Les nautiles du second genre ne sont point chambrés, c’est-à-dire que l’animal en occupe tout l’intérieur, qui n’est point divisé en plusieurs loges par des cloisons comme l’intérieur des nautiles du premier genre.

Limaçons. Le nom de limaçon, en latin limax ; vient de limus, limon ; parce que les anciens croyoient que ces coquillages s’engendroient dans le limon, & qu’ils s’en nourrissoient. Leur bouche est ronde.

Premier genre : limaçons dont la pointe est courte, percés d’un ombilic, avec une cannelure à côté, qui est accompagnée d’une petite oreille.

Second genre : limaçons dont la pointe est courte, & dont l’ombilic n’est point accompagné de cannelures ni d’oreilles.

Troisieme genre : limaçons sans ombilic, & dont la pointe est courte.

Quatrieme genre : limaçons dont la pointe est courte, & dont le noyau est un peu élevé à l’ouverture de la coquille.

Cinquieme genre : limaçons dont la pointe n’est pas fort allongée, & dont l’ouverture est dentée.

Sixieme genre : limaçons lisses dont la pointe n’est pas fort allongée, & dont l’ouverture n’est pas dentée.

Septieme genre : limaçons cannelés dont la pointe n’est pas fort allongée. La scalata (Pl. XX. fig. 10.) est de ce genre.

Huitieme genre : limaçons cannelés dont la pointe est mince & fort allongée.

Neuvieme genre. limaçons lisses dont la pointe est mince & fort allongée. Pl. XX. fig. 11.

Nerites. Le nom des nerites semble venir du dieu Nerée. Ces coquilles ressemblent beaucoup aux limaçons : ce qui les fait distinguer, c’est que le noyau des nerites n’est point du tout apparent à leur ouverture. Leur tour de spirales sont fort peu sensibles & en petit nombre ; leur pointe ne sort presque pas ; & dans quelques especes, elle n’est point du tout marquée.

Premier genre : nerites dentées dont la pointe est un peu saillante. La quenotte (Pl. XX. fig. 12. & 13.) est de ce genre.