Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les jugemens. Voy. Sujet, Attribut, Jugement, Proposition, Syllogisme.

Copule charnelle, (Jurispr.) se dit en Droit pour exprimer la cohabitation qu’il y a eu entre deux personnes de différent sexe. Voyez Cohabitation. (A)

COQ

COQ, ad med. consumpt. (Medec.) abbréviation dont se servent les Medecins pour dire qu’une chose doit être bouillie jusqu’à ce qu’elle soit à demi-consumée ; ad med. consumpt. signifie ad mediam consumptionem. Coq. in S. Q. Aq. signifie qu’une chose doit être bouillie dans une quantité suffisante d’eau.

Coq, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) gallus gallinaceus, oiseau domestique qui est si commun presque par-tout, que la plûpart des Naturalistes ont négligé de le décrire. Willughby le distingue des autres oiseaux de son genre, en ce que les plumes de la queue sont posées verticalement, qu’il a une crête charnue & dentelée sur la tête, des pendans sous le menton, & de longs éperons aux pattes. Le même auteur remarque que le coq & le rossignol sont de tous les oiseaux de jour les seuls qui chantent pendant la nuit. On a compté jusqu’à vingt-sept grandes plumes dans chacune des ailes, & quatorze dans la queue. Les deux plumes du milieu sont beaucoup plus longues que les autres, & recourbées dans la plus grande partie de leur longueur. Le coq qui a servi de sujet pour la description suivante, avoit deux piés cinq pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité des plus longues plumes de la queue, & seulement un pié huit pouces jusqu’au bout des pattes. L’envergure étoit de deux piés huit pouces. Sa crête étoit charnue, dentelée, d’une belle couleur rouge, droite, ferme, & s’étendoit tout le long du sommet de la tête & sur le bec, jusqu’à environ quatre lignes de distance de cette extrémité : elle avoit trois pouces de hauteur depuis le dessus de la dent la plus élevée jusqu’aux coins de la bouche, trois pouces de longueur, & sept à huit lignes d’épaisseur à la racine ; cette épaisseur diminuoit peu-à-peu, & se réduisoit à une ligne ou deux au sommet. Les dents du milieu de la crête avoient six lignes de hauteur ; celles des deux bouts étoient beaucoup moins longues. Il y avoit sous le bec deux appendices de même substance que la crête, & d’une couleur aussi rouge, & de figure ovale ; ils avoient un pouce & demi de longueur, un pouce deux lignes de largeur, sur environ une ligne d’épaisseur : ils étoient situés dans la même direction que le bec. Il y avoit sur le côté extérieur de chacun de ces appendices une sorte de tubercule de quatre lignes de hauteur. La peau qui entoure les yeux étoit d’une couleur rouge moins foncée que la crête : cette peau se prolongeoit, & formoit encore deux appendices de couleur blanchâtre mêlée de rouge, un de chaque côté au-delà de l’œil, & un peu plus bas ; ils avoient près d’un pouce de longueur, & neuf lignes de largeur. L’espace qui se trouve entre ces appendices étoit dégarni de plumes, & de couleur rouge-pâle. Il y avoit au-delà des coins de la bouche une petite tubérosité charnue de même couleur que la crête. L’ouverture des oreilles étoit petite, & recouverte en partie par un bouquet de plumes très-fines. Les grandes plumes de la queue avoient un pié quatre pouces de longueur ; les jambes, cinq pouces & demi depuis le genou jusqu’au bout des ongles. Le doigt du milieu étoit le plus long, & avoit deux pouces trois lignes de longueur, & l’ongle six lignes ; celle de l’éperon étoit d’un pouce six lignes.

La couleur du plumage du coq est fort variée : on en trouve de tout noirs, de tout blancs, de rougeâtres, de gris-cendrés, &c. & d’autres dont les plu-

mes sont parsemées de toutes ces couleurs. Cet oiseau porte la queue presque verticalement, & de façon que les deux grandes plumes se recourbent en-devant, & s’étendent jusqu’auprès de la tête. Voyez Oiseau.

Albin a fait graver dans son histoire naturelle des oiseaux le coq & la poule noire des montagnes de Moscovie, qui sont des oiseaux aussi gros que des dindons : ils ont au-dessus des yeux une peau rouge ; le devant des jambes est garni de plumes jusqu’à la naissance des doigts ; & le plumage est mêlé de noir, de blanc, de gris, de brun, & de verd, & varie dans différens individus. Il y a de ces oiseaux dans les montagnes de Moscovie, sur les Alpes, &c.

On trouve dans le livre que nous venons de citer le coq de Wendhover, qui est un oiseau de proie, le coq de Hambour, & le coq de Bantam ; le premier de ceux-ci ne paroît pas différer beaucoup de nos coqs ; le second porte sa queue en quelque façon comme les coqs-d’Inde. Tome II. n°. 29. & 30. & tome III. n°. 5. 31. & 32. (I)

* Coq, (Œconom. rustiq.) Un bon coq doit être de moyenne taille, cependant plus grande que petite, avoir le plumage ou noir ou rouge obscur ; la patte grosse, & bien garnie d’ongles & d’ergots ; la cuisse longue, grosse, & bien enplumée ; la poitrine large ; le cou élevé & bien fourni de plumes ; le bec court & gros ; les yeux noirs ou bleus ; l’oreille blanche, large, & grande ; les barbes rouges, pendantes, & longues ; les plumes de la tête & du cou étendues jusque sur les épaules, & dorées ; la queue grande ; l’aile forte, &c. Il faut qu’il soit fier, éveillé, ardent, courageux, amoureux, beau chanteur, attentif à défendre & à nourrir ses femmes, &c. Un coq peut suffire à douze à quinze poules. Quand on veut leur en donner un nouveau, il faut accoûtumer les poules à l’accueillir, & les autres coqs à le souffrir ; ce qu’on fera en l’attachant par la patte pendant quelques jours, en rassemblant la basse-cour autour de lui, & en le défendant contre ses rivaux.

Coq, (Mat. med. & Diete.) le vieux coq, gallus annosus. Le bouillon de vieux coq est fort recommandé en Medecine, sur-tout dans les maladies chroniques, comme l’asthme, l’affection hypocondriaque, les obstructions invétérées, & certaines coliques, &c. mais comme on ne l’a presque jamais ordonné seul dans aucun de ces cas, & que la façon de le préparer la’plus ordinaire est de le faire cuire avec différentes semences, racines, fleurs, feuilles, &c. appropriées à chaque espece de maladie, nous ne sommes pas assez sûrs des vertus réelles de ce medicament alimenteux.

Le jus ou décoction de coq passe en général pour un bon incisif chaud, & même un peu purgatif. On trouve dans différens auteurs de Medecine des descriptions de deux especes de bouillons de coq, l’une altérante, & l’autre purgative.

C’étoit une sorte d’usage assez répandu dans le tems que ce remede étoit plus en vogue, de fatiguer le coq qu’on y destinoit jusqu’à le faire mourir de lassitude ; apparemment dans la vûe d’attendrir sa chair, ou plûtôt, comme quelques auteurs de ce tems-là s’en sont expliqué, dans celle d’exalter ses sucs déjà disposés à cette altération par sa salacité singuliere ; & cette exaltation par laquelle ces théoriciens exprimoient les changemens arrivés par l’augmentation du mouvement dans les humeurs d’un animal, présente, pour le dire en passant, une idée pour le moins aussi lumineuse, que la vergence à l’alkali des modernes.

La chair de vieux coq est extrèmement dure ; on réussit à peine à l’attendrir par la plus longue décoction : mais on l’employe assez communément dans les consommés dont on nourrit les malades foibles,