Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Soit, par exemple, un bataillon de six cents hommes sur quatre rangs ; c’est cent cinquante hommes par rang : on sait que chaque homme occupe deux piés dans le rang ; c’est donc trois cents piés qu’il y aura de distance du pivot à l’homme qui est à l’extrémité du rang. On dira donc, pour savoir le chemin que fera cet homme dans le mouvement du quart de conversion, comme 7 est à 11, ainsi 300 est au quatrieme terme, qui sera de 470 piés ou environ 78 toises pour le chemin qu’il aura à parcourir. (Q)

CONVERSEAU, s. m. (Charpent.) ce sont, dans les moulins, quatre planches posées au-dessus des archures, deux devant, deux derriere : elles n’ont qu’un pouce & demi d’épaisseur. Voyez les dictionn. de Trév. & de Dish.

CONVERSO, s. m. (Marine.) c’est la partie d’en-haut du tillac qui est entre le mât de misene & le grand mât. C’est le lieu où l’on se visite les uns les autres, & où l’on fait la conversation. Ce mot nous vient des Portugais. (Z)

CONVERTIR, (Marine.) convertir des marchandises, c’est les mettre en œuvre. Par exemple, c’est convertir le chanvre que d’en faire des cordes. On évitera, autant qu’il se pourra, de donner des marchandises à convertir hors des atteliers des arsenaux, à des maîtres particuliers des villes. (Z)

CONVEXE, adj. (Géom.) se dit de la surface extérieure d’un corps rond, par opposition à la surface intérieure qui est creuse ou concave. Voyez Concave & Convexité.

Ce mot est particulierement en usage dans la Dioptrique & la Catoptrique, où l’on s’en sert par rapport aux miroirs & aux lentilles. Voyez Miroir & Lentille.

Un miroir convexe représente les images plus petites que leurs objets : un miroir concave les représente souvent plus grandes. Un miroir convexe rend divergens les rayons qu’il réfléchit ; c’est pourquoi il les disperse, & affoiblit leur effet : un concave au contraire les rend presque toûjours convergens par la réflexion ; de sorte qu’ils concourent en un point, & que leur effet est augmenté. Plus le miroir convexe est portion d’une petite sphere, plus il diminue les objets, & plus il écarte les rayons.

Les verres convexes des deux côtés s’appellent lentilles ; s’ils sont plans d’un côté & convexes de l’autre, on les appelle verres plans-convexes, ou convexes-plans ; s’ils sont concaves d’un côté & convexes de l’autre, on les appelle verres convexo-concaves, ou concavo-convexes, selon que la surface convexe ou concave est la plus courbe (c’est-à-dire qu’elle est une portion d’une plus petite sphere), ou selon que la surface convexe ou concave est tournée vers l’objet.

Toutes les lentilles donnent aux rayons de lumiere dans leur passage une tendance l’un vers l’autre ; c’est-à-dire que les rayons sortent de ces lentilles convergens ou moins divergens qu’ils n’étoient, de sorte qu’ils concourent souvent dans un point ou foyer. Voyez Convergent.

Les lentilles ont aussi la propriété de grossir les objets, c’est-à-dire de représenter les images plus grandes que les objets ; & elles les grossissent d’autant plus, qu’elles sont des portions de plus petites spheres. Voyez Lentille, Réfraction, &c. (O)

CONVEXITÉ, s. f. (Géom.) se dit de la surface convexe d’un corps. Voyez Convexe & Courbe.

Les mots convexe & concave étant purement relatifs, il est assez difficile de les définir ; car ce qui est convexe d’un côté est concave de l’autre. Pour fixer les idées, prenons une courbe, & rapportons-la à un axe placé sur le plan de cette ligne, & appellons sommet de la courbe le point où cet axe la coupe ; tirons des différens points de la courbe des tan-

gentes qui aboutissent à l’axe : si ces tangentes, depuis

le sommet de la courbe, aboutissent toûjours à des points de l’axe de plus en plus élevés, ou, ce qui revient au même, si les soûtangentes vont en augmentant, la courbe est concave vers son axe, & convexe du côté opposé ; sinon elle est convexe vers son axe, & concave de l’autre côté. (O)

* CONVICTION, s. f. (Metaphys.) c’est la connoissance qu’une chose est ou n’est pas fondée sur des preuves évidentes ; ainsi il ne peut y avoir de conviction de ce qui n’est pas évidemment démontrable. Il y a cette différence entre la conviction & la persuasion, que ce dont on est convaincu ne peut être faux ; au lieu qu’on peut être persuadé d’une chose fausse. Au reste il semble que ces distinctions ne soient applicables qu’aux bons esprits, à ceux qui pesent les raisons, & qui mesurent sur elles le degré de leur certitude. Les autres sont également affectés de tout ; leur entendement est sans balance ; & ces têtes mal reglées sont beaucoup plus communes qu’on ne croit.

Conviction, (Jurisprud.) en style judiciaire, est la preuve d’un fait ou d’un point de Droit controversé.

L’ordonnance de 1670, tit. jv. art. 1. veut que les juges dressent procès verbal de tout ce qui peut servir pour la décharge ou conviction de l’accusé. La conviction doit être pleine & entiere pour le condamner. Voyez Preuve. (A)

CONVIVE, s. m. (Littér.) celui qui est invité, & qui assiste en conséquence à un repas, à un festin avec d’autres personnes.

Dans les repas des Romains il y avoit des convives, des ombres, & des parasites ; les derniers étoient appellés ou tolérés par le maître de la maison, & les ombres étoient amenés par les convives, tels qu’étoient chez Nasidiénus un Nomentanus, un Viscus Turinus, un Varius, & les autres, quos Mæcenas adduxerat umbras. On leur destinoit le dernier des trois lits, c’est-à-dire celui qui étoit à la gauche du lit-milieu. Voyez Lit.

Les convives se rendoient aux repas à la sortie du bain, avec une robe qui ne servoit qu’à cela, & qu’ils appelloient vestis cænatoria, triclinaria, convivalis : elle étoit pour le plus souvent blanche, surtout dans les jours de quelque solennité ; & c’étoit, aussi-bien chez les Romains que chez les Orientaux, une indiscrétion punissable de se présenter dans la salle du festin sans cette robe. Cicéron fait un crime à Vatinius d’y être venu en habit noir, quoique le repas se donnât à l’occasion d’une cérémonie funebre. Capitolin raconte que Maximin le fils, encore jeune, ayant été invité à la table de l’empereur Alexandre Sévere, & n’ayant point d’habit de table, on lui en donna un de la garderobe de l’empereur. Cet habit étoit une espece de draperie qui ne tenoit presqu’à rien, comme il paroît dans les marbres, & qui étoit pourtant différente du pallium des Grecs. Martial reproche à Luseus d’en avoir plus d’une fois remporté chez lui deux au lieu d’une de la maison où il avoit soupé.

Il étoit ordinaire d’ôter les souliers aux hommes conviés à un repas, de leur laver ou parfumer les piés, quand ils venoient prendre leurs places sur les lits qui leur étoient destinés. On avoit raison de ne pas exposer à la boue & à la poudre les étoffes précieuses dont ces lits étoient couverts.

Mais une chose qui paroîtra ici fort bisarre, c’est que long-tems même après le siecle d’Auguste, ce n’étoit point encore la mode que l’on fournît de serviettes aux convives, ils en apportoient de chez eux.

Tout le monde étant rangé suivant l’ordre établi par un maître des cérémonies préposé à l’observation de cet ordre, on apportoit des coupes qu’on pla-