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La contre-garde est aussi appellée conserve, parce qu’elle couvre & conserve le bastion.

Pour construire une contre-garde devant un bastion X, (Plan. IV. de Fortific. fig. 2.) les demi-lunes 4 & 5 proche de ce bastion étant tracées avec leur contrescarpe ou le bord extérieur du fossé, on prendra sur ces contrescarpes les parties AD & TV, chacune de 16 toises, & des points D & V on menera des paralleles DC, CV, aux lignes AG, ST de la contrescarpe du bastion X : ces paralleles se couperont dans un point C qui sera le sommet de l’angle saillant de la contre-garde, dont les lignes CD, CV seront les faces.

Le rempart, le parapet, & le fossé de la contre-garde, se menent parallelement à ses faces. Le terre-plein du rempart est égal à la largeur du parapet, c’est-à-dire qu’il est de trois toises : on ne lui donne pas une plus grande largeur, afin que l’ennemi s’étant emparé de la contre-garde, n’y trouve pas suffisamment de terre pour se couvrir du feu du bastion, & établir des batteries pour le battre en breche.

La contre-garde est flanquée par les faces des demi-lunes 4 & 5.

On donnoit autrefois des flancs aux contre-gardes : ils étoient formés par le prolongement des faces du bastion. Cet ouvrage ne couvroit alors que la pointe du bastion ; & comme toute sa gorge formoit un arc étant prise sur l’arrondissement de la contrescarpe, on lui donnoit le nom de demi-lune. C’est celui que lui donnent les anciens auteurs, & même l’auteur des travaux de Mars, dans la derniere édition de cet ouvrage en 1684. Mais l’usage a changé depuis ; la demi-lune est vis-à-vis la courtine, & la contre-garde vis-à-vis le bastion. Voyez Ravelin.

La contregarde sert à couvrir le bastion devant lequel elle est construite, de même que les flancs des bastions voisins qui le défendent, ensorte que l’ennemi ne peut les découvrir qu’après s’être emparé de cet ouvrage.

On appelle aussi contre-gardes les especes de bastions détachés que M. le maréchal de Vauban construit dans son second & son troisieme système devant les tours bastionnées. Voyez les constructions de ce célebre ingénieur à la suite de l’article du mot Fortification. (Q)

* CONTRE-HACHER, v. act. (Dess. & Grav.) c’est fortifier des ombres formées par des lignes paralleles, en traçant sur ces paralleles d’autres paralleles qui les coupent selon l’obliquité convenable aux formes qu’on veut représenter.

CONTRE-HATIER, s. m. (Cuisine.) chenet qui a plusieurs crampons, & qui peut porter plusieurs broches chargées de viande les unes au-dessus des autres.

CONTRE-HARMONIQUE, (Géom.) trois nombres sont en proportion contre-harmonique, lorsque la différence du premier & du second est à la différence du second & du troisieme, comme le troisieme est au premier. Voyez Proportion.

Par exemple, 3, 5, & 6, sont des nombres en proportion contre-harmonique ; car 2 : 1 :: 6. 3. Pour trouver un moyen proportionnel contre-harmonique entre deux quantités données, la regle est de diviser la somme des deux nombres quarrés par la somme des racines ; le quotient sera un moyen proportionnel contre-harmonique entre les deux racines. Car soient a, b, les deux nombres, & x le moyen proportionnel qu’on cherche ; on aura donc par la définition  ; donc , donc , & . Voyez Harmonique. (O)

CONTRE-HAUT, voyez Contre-bas.

CONTRE-HERMINE, s. f. terme de Blason, est

le contraire de l’hermine, c’est-à-dire un champ de sable moucheté d’argent, au lieu que l’hermine est un champ d’argent moucheté de sable. Voyez Hermine. Chambers.

CONTRE-JAUGER les assemblages, en terme de Charpenterie, c’est transporter la largeur d’une mortoise sur l’endroit d’une piece de bois où doit être le tenon, afin que le tenon soit convenable à la mortoise.

CONTRE-INDICATION, sub. f. (Medec.) indication qui empêche d’ordonner ce que l’état de la maladie sembloit indiquer. Voyez Indication.

Supposez, par exemple, que dans le cours d’une maladie on juge un vomitif convenable, si le malade est sujet à vomir le sang, c’est une contre-indication suffisante pour le défendre, &c.

CONTRE-JOUR, sub. m. (Architect.) lumiere ou fenêtre opposée à quelqu’objet, qui le fait paroître desavantageusement. Un simple contre-jour suffit pour dérober la beauté du plus beau tableau. (P)

CONTRE-ISSANT, adj. terme de Blason, se dit des animaux adossés, dont la tête & les piés de devant sortent d’une des pieces de l’écu.

Becuti au royaume de Naples, d’azur au chevron d’or, à deux lions adossés & contre-issants des flancs du chevron de même. (V)

CONTRE-JUMELLES, en Architecture ; ce sont dans le milieu des ruisseaux les pavés qui se joignent deux à deux, & font liaison avec les caniveaux & les morces. (P)

CONTRE-LAMES, s. m. pl. (Gazier.) tringles de bois qui servent au mouvement des lisses. Voyez Gaze.

CONTRE-LATTE, en Architecture, est une tringle de bois mince & large, qu’on attache en hauteur contre les lattes entre les chevrons d’un comble. Les contre-lattes sont ordinairement de la longueur des lattes.

Contre-lattes de fente, est un bois fendu par éclats minces pour les tuiles.

Contre-latte de sciage, c’est celle qui est refendue à la scie, & sert pour les ardoises. On la nomme aussi latte volice. (P)

CONTRE-LATTER, en Architecture, est latter une cloison ou un pan de bois devant & derriere, pour le couvrir de plâtre. (P)

CONTRE-LATTOIR, s. m. (Couvreur.) cet outil est de fer ; il est long d’un pié ou environ, sur quatre à cinq lignes en quarré, terminé d’un bout par un crochet qui sert à tirer la latte, & traversé de l’autre par une cheville qui lui tient lieu de poignée.

CONTRE-LETTRE, s. f. (Jurisp.) du latin contra litteras, est un acte secret par lequel on fait quelque paction ou déclaration contraire à un acte précédent, comme quand celui au profit de qui on a passé une obligation reconnoît que la somme ne lui est point dûe.

La déclaration qui est passée au profit d’un tiers differe de la contre-lettre, en ce qu’elle ne détruit pas l’acte, & ne fait qu’en appliquer le profit à une autre personne ; au lieu que la contre-lettre est une reconnoissance que le premier acte n’étoit pas sérieux.

Avant que l’usage de l’écriture fût devenu commun, on appelloit lettres toutes sortes d’actes : quelques-uns ont encore conservé ce nom, comme les lettres royaux ou lettres de chancellerie, les lettres patentes, les lettres de cachet, les lettres de garde-gardienne ; & dans quelques tribunaux, comme au châtelet de Paris, on dit encore donner lettres, pour dire donner acte.

C’est de-là que s’est formé le mot contre-lettre, pour exprimer un acte par lequel on reconnoît qu’un acte précédent ou quelques-unes de ses clauses sont simulés.