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Je ne parle point de l’ambre-gris, ni du musc ; on n’y en met jamais.

Quant aux pierres précieuses qui entroient autrefois dans cette préparation, Lémery les a toutes retranchées à l’exception des hyacinthes. Je ne sai pas trop pourquoi il a fait grace à celles-ci : les raisons qui ont fait rejetter les émeraudes, les saphirs, devoient faire rejetter aussi les hyacinthes ; mais sans doute que comme elles donnent leur nom à cette confection, il n’a pas osé les en bannir.

La poudre qui résulte des ingrédiens énoncés, & qui est connue dans les boutiques sous le nom d’espece de confection hyacinthe, pourroit avoir de bons effets dans certains cas, donnée au poids d’un demi-gros ou d’un gros : mais il n’arrive jamais qu’on les prescrive, ces especes ; on a toûjours recours à la confection, c’est-à-dire à une petite portion de la poudre, & une très-grande au contraire de sirop. En effet la dose ordinaire de ce remede étant d’un gros, le malade à qui on le prescrit ne prend que 12 grains de la poudre, & 60 grains de sirop. Ajoûtez à cela, que la plûpart de celle qui se débite à Paris, & qui vient pour la plûpart de Montpellier & de Lyon, est faite avec le sirop de limon, sirop acide qui ne manque pas de saturer les alkalins terreux, sur la vertu desquels on ne peut plus compter. Il est vrai que la plus grande partie des Apothicaires de Paris, conformément à la description corrigée par Lémery, ne se servent que de sirop d’œillet, ou même d’un sirop blanc, c’est-à-dire fait avec l’eau commune & le sucre ; en ce cas les absorbans conservent toute leur propriété : mais comme il en entre une si petite quantité dans la dose que l’on prescrit ordinairement de cette confection, on ne doit pas beaucoup compter sur eux.

La confection hyacinthe passe pour fortifier le cœur, l’estomac, & le cerveau ; elle tue les vers, & elle a, dit-on, la propriété d’arrêter le cours de ventre & le vomissement. On pourroit en faire prendre hardiment jusqu’à une demi-once ; à cette grande dose même, le malade ne prendroit que 48 grains de la poudre.

Confection alkerme. La confection alkerme étoit aussi dans son origine une préparation très-imparfaite ; & Mesué qui en est l’auteur, y avoit fait toutes les fautes, que feront toûjours ceux qui mêlangeront différentes drogues sans être instruits des principes de Chimie. En effet cet auteur faisoit infuser de la soie crue, teinte avec le kermès, dans du suc de pommes & dans de l’eau-rose ; il faisoit ensuite cuire avec du sucre cette infusion en consistance de sirop : quoi de plus contraire à l’art que d’employer de l’eau-rose, que l’on doit ensuite faire évaporer ? pourquoi falloit-il que la soie fût teinte avec le kermès ? ne valoit-il pas mieux se servir du kermès lui-même. De quelle utilité peut être une infusion de soie ? Il y a long-tems que Zwelfer a fait sentir le ridicule d’une pareille préparation, & à-présent il n’est plus question dans les boutiques de la confection alkerme de Mesué ; plusieurs auteurs l’ont corrigée : nous l’allons donner telle qu’elle est dans la pharmacopée de Paris.

♃ grains de kermès une once, santal citrin une once & demie, bois d’aloès demi-once, bois de rose un gros & demi, des roses rouges six gros, de la canelle trois onces, du cassia-lignea trois gros, de la cochenille deux gros, des perles orientales préparées, du corail rouge préparé, de chaque une once, des feuilles d’or un scrupule ; faites du tout une poudre fine : ensuite prenez sirop de kermès quatre onces, que vous ferez chauffer au bain-marie, & passerez à-travers un tamis ; après quoi ajoûtez-y sucre blanc une demi-once ; faites un peu épaissir le sirop, & y ajoûtez lorsqu’il sera presque refroidi de

la poudre susdite quatre gros : mêlez bien le tout, & la confection sera faite.

On a rejetté avec raison de cette composition le lapis lazuli, toûjours au moins suspect par le cuivre qu’il contient, malgré la correction prétendue opérée par sa calcination.

Les feuilles d’or sont sans doute demandées ici pour suivre un ancien usage, car jamais or ne fut si inutilement employé.

La dose de cette confection est d’un demi-gros, mais on pourroit hardiment la pousser jusqu’à demi-once ; car on n’apperçoit pas les inconvéniens qu’il y auroit à craindre de l’administration d’une pareille dose, & on peut observer en général que les Medecins sont trop timides dans l’administration des remedes purement altérans, & que c’est parce qu’ils ne les donnent qu’à de très-foibles doses, que ces remedes sont le plus souvent inutiles.

La confection alkerme est un assez bon stomachique & cordial ; c’est à ce dernier titre qu’elle est le plus communément en usage : elle entre dans presque toutes les potions cordiales, & elle en est un ingrédient très-utile.

Confection hamec de Lémery : prenez de raisins mondés une demi-livre, du polypode de chêne concassé une once & demie, de l’épythime une once, des feuilles d’absynthe, de roses rouges, de thym, des semences d’anis, de fenouil, de la fumeterre, de chacun demi-once ; du gingembre & du spicanard, de chacun deux dragmes ; faites bouillir le tout dans trois pintes de petit-lait & une pinte d’eau de fumeterre jusqu’à diminution de moitié ; dissolvez ensuite dans la colature bien exprimée, du miel écumé & du sucre blanc, de chacun une livre & demie ; cuisez le tout ensuite jusqu’à la consistance d’un électuaire mou ; puis après avoir retiré la bassine de dessus le feu, dissolvez-y de la pulpe de casse huit onces, de celle de pruneaux six onces ; ajoûtez-y sur la fin de la poudre de myrobolas citrins, de séne mondé, de chacun trois onces, de l’agaric trois onces, des trochisques Alhandal, de la rhubarbe, de chacun une once & demie ; de la scammonée, semence de violette, de chacun une once ; du sel de fumeterre & d’absynthe, de chacun trois gros : faites-en une confection selon l’art.

La confection hamec est un purgatif hydragogue très-efficace, à la dose de deux gros jusqu’à six ; elle a été sur-tout célebrée pour les maladies vénériennes & les maladies de la peau : mais sa grande amertume en rend l’usage presque impossible à la plûpart des malades. (b)

CONFÉDÉRATION, s. f. (Gram. Hist. anc. & mod.) alliance ou ligue entre différens princes & états. Voyez Ligue & Alliance.

Confédération se dit aussi en Pologne, pour les ligues ou associations que font entre eux les nobles & les grands en Pologne, même sans l’aveu du souverain, & quelquefois contre ses vûes, pour maintenir la liberté de la république. Ce mot est tiré du Latin cum, avec, ensemble, & fœdus, alliance ou traité. (G)

CONFÉRENCE, s. f. (Jurispr.) a dans cette matiere deux significations différentes. Il se prend pour le rapprochement & la comparaison qui est faite de différentes lois. Il y a par exemple des conférences du droit Romain avec le droit François ; une conférence des ordonnances où Guenois a rapproché les dispositions des différentes ordonnances qui sont intervenues sur chaque matiere ; une conférence des coûtumes par le même auteur, pour faire voir le rapport & la diversité des coûtumes entr’elles ; une conférence de Bornier sur les ordonnances de Louis XIV. où il a rapporté sous chaque article les dispo-