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conventions. Il y a des hôtels garnis & chambres garnies où on nourrit les hôtes ; d’autres où on ne leur fournit que le logement & quelques ustensiles :

Les chambres garnies tirent leur premiere origine des hôtelleries. Voyez Hôtellerie.

La police a toûjours eu une attention particuliere sur ceur qui louent des chambres garnies, & sur ceux qui les occupent.

Auguste créa un officier appellé Magister census, dont la fonction étoit de faire, sous les ordres du 1er magistrat de police, la description du peuple Romain & de ses revenus : il étoit aussi chargé de tenir un registre de tous les étrangers qui arrivoient à Rome, de leurs noms, qualités & pays, du sujet de leurs voyages ; & lorsqu’ils y vouloient demeurer oisifs après la fin de leurs affaires, il les obligeoit de sortir de Rome, & les renvoyoit en leur pays. Sueton. in August. cap. cj.

En France on est très-attentif sur la police des chambres garnies.

Suivant un réglement de police du châtelet de Paris, du 30 Mars 1635, il est défendu aux taverniers, cabaretiers, loüeurs de chambres garnies, & autres, de loger & de recevoir de jour ni de nuit aucunes personnes suspectes ni de mauvaises mœurs, de leur administrer aucuns vivres ni alimens.

Le même réglement enjoint à cette fin à toutes personnes qui s’entremettent de loüer & reloüer, soit en hôtellerie ou chambre garnie, au mois, à la semaine, ou à la journée, de s’enquérir de ceux qui logeront chez eux, de leurs noms, surnoms, qualités, conditions, & demeure ; du nombre de leurs serviteurs & chevaux ; du sujet de leur arrivée ; du tems qu’ils doivent séjourner ; en faire registre ; le porter le même jour au commissaire de leur quartier ; lui en laisser autant par écrit ; & s’il y a aucuns de leurs hôtes soupçonnés de mauvaise vie, en donner avis audit commissaire ; & donner caution de leur fidélité au greffe de la police ; le tout à peine de 48 livres parisis d’amende.

Suivant les derniers réglemens, ceux qui tiennent chambres garnies doivent avoir un registre paraphé du commissaire du quartier, pour y inscrire ceux qui arrivent chez eux, en faire dans le jour leur déclaration au commissaire, & en outre lui réprésenter tous les mois leur registre pour être visé ; & lorsqu’ils cessent de loüer en chambres garnies, ils doivent en faire leur déclaration à ce même commissaire, qui en fait mention sur leur registre.

En tems de guerre on renouvelle les réglemens, l’on redouble les précautions pour la police des auberges & chambres garnies, à cause des gens suspects qui pourroient s’y introduire. Voyez le traité de la police de la Mare, tome I. liv. I. tit. v. p. 36. tit. jx. ch. iij. p. 137. & tit. xij. ch. vij. p. 224. (A)

Chambre de port, (Marine.) on appelle ainsi un endroit du port renfermé, & disposé pour recevoir un vaisseau desarmé, pour le réparer avec plus de facilité, ou pour en construire. Voyez Plan. VIII. Marine, un chantier de construction, où l’on trouve une chambre ou bassin coté CDEFG.

Les chambres sont des lieux préparés pour construire des vaisseaux : on en fait le sol beaucoup plus bas que le niveau de la haute mer : elles sont entourées de murs ou digues, & l’entrée en est fermée par des écluses : quand la construction est assez avancée, & le navire en état d’être mis à l’eau, on ouvre les écluses ; la marée remplit la chambre, enleve le vaisseau de dessus son chantier, & il se trouve à flot sans risque & sans peine. Mais cela ne se peut pratiquer que dans des endroits où la mer monte beaucoup. En Angleterre, où le flot monte de plusieurs piés sur les côtes, on se sert de ces sortes de chambres.

Chambre des vaisseaux, (Marine.) ce sont les lieux destinés pour le logement du capitaine & des officiers. Elles sont pratiquées à l’arriere du vaisseau.

Dans les vaisseaux du 1er rang, la grande chambre située sur le second pont est la chambre du conseil, & au-dessus est celle du capitaine. Voyez leur disposition, Pl. III. Mar. fig. 1. représentant la poupe d’un vaisseau : L, c’est la chambre du conseil ; K, c’est la chambre du capitaine; & celles des officiers au-dessus.

Dans les moindres vaisseaux, la chambre du capitaine sert de chambre du conseil. Voyez dans la Plan. IV. fig. 1. représentant la coupe du vaisseau dans sa longueur. N°. 137, la grand-chambre ou chambre du conseil, & c’est la chambre du capitaine. N°. 138, la chambre du capitaine en second. N°. 153, chambres pour les officiers. Ainsi la chambre du capitaine se trouve dans ces vaisseaux au-dessus de la sainte-barbe, cotée n°. 107, qui est la chambre des canonniers.

Nous renvoyons ainsi aux figures, parce que c’est le moyen de rendre les choses plus sensibles, & d’épargner au lecteur de longues descriptions, qu’il n’est pas toûjours aisé de rendre bien claires.

On fait deux portes à la grande chambre, quoique l’on ne se serve guere que de celle qui est à bas-bord : mais ces deux portes sont très-utiles dans un combat, & facilitent beaucoup les différentes manœuvres & le service qu’il convient de faire dans ce cas.

Chambre aux voiles, c’est l’endroit où l’on met les voiles, que l’on garde pour les changer ou remplacer en cas de besoin. Voyez Plan. IV. fig. 1. n°. 44. la situation de la chambre aux voiles. (Z)

Chambre garnie, ou Chambre tapissée, qu’on appelle aussi chambre, (Jurisprud.) en fait de conventions matrimoniales, est un don de nôces & de survie, qu’on stipule par contrat de mariage en faveur de la femme au cas qu’elle survive son mari.

Ce don consiste à reprendre une certaine quantité de meubles à l’usage de la femme. Ces stipulations sont assez ordinaires en Provence, en Dauphiné, & en Bresse. Elles sont aussi usitées dans quelques autres provinces ; & on les peut faire par-tout, attendu que les contrats de mariage sont susceptibles de toutes sorte, de clauses qui ne sont pas contre les bonnes mœurs, ou prohibées par quelque loi expresse. Cet usage paroît fort ancien, & se pratiquoit même parmi les grands ; puisqu’on trouve dans le contrat de mariage de Louis II. roi de Sicile, avec Yolande fille de Jean roi d’Arragon, de l’an 1399, une clause portant que ladite Yolande auroit sa chambre : Necnon reditus annuos, & quascumque villas, loca & castra pro statu cameræ, seu dotalitio ipsius Yolandæ, &c. Voyez le glossaire de Ducange au mot camera ; & le trait. des gains nupt. ch. j. p. 12.

Chambre tapissée, voyez ci-devant Chambre garnie. (A)

Chambre de l’œil, (Anatom.) espace compris entre le crystallin & la cornée, lequel contient l’humeur aqueuse qui remplit l’œil.

M. Brisseau, medecin des hôpitaux du Roi, & professeur à Douai, est le premier qui au commencement de ce siecle a donné le nom de chambre à l’espace compris entre le crystallin & la cornée qui contient l’humeur aqueuse ; & comme cet espace est divisé en deux parties par l’uvée, il a donné le nom de premiere chambre à la partie antérieure, que tous les anatomistes appellent aujourd’hui chambre antérieure, comprise entre l’iris & la cornée ; & il a nommé seconds chambre l’espace compris entre le crystallin & l’uvée, & que l’on appelle présentement d’une voix unanime, chambre postérieure.

Quand la question de la cataracte membraneuse ou glaucomatique commença d’être agités dans l’A-