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le cochon est une nourriture presque universelle, & en quelque façon nécessaire.

Sanctorius a observé que la chair de cochon se transpire peu, & que la diminution de cette excrétion va à un tiers dans ceux qui s’en nourrissent ; d’ailleurs on sait que le défaut de transpiration occasionne ou aigrit les maladies de la peau : cette nourriture doit donc être défendue dans les pays où l’on est exposé à ces maladies, comme la Palestine, l’Arabie, l’Egypte, la Lybie, &c. V. l’esprit des lois.

Le cochon étoit immolé par les anciens aux Lares, à Priape, aux Sylvains, à Bacchus, à Cérès, à Hercule, &c. On sacrifioit à Lacédémone un cochon de chaque ventrée.

Cochon de Guinée, porcus Guincensis, Maregr. animal quadrupede qui est de couleur rousse, & qui ressemble à nos cochons pour la figure ; mais sa tête n’est pas si élevée : ses oreilles sont longues & pointues ; sa queue descend fort bas, & n’est point couverte de poil non plus que le dos. Il y a sur tout le reste du corps un poil court, roux, & brillant ; mais il est plus long près de l’origine de la queue & autour du cou. Rai, synop. anim quadr. Voyez Quadrupede. (I)

Cochon d’Inde, cuniculus sive porcellus Indicus, Gesn. mus seu cuniculus Americanus, & Guincensis porcelli pilis & voce. Au Bresil on donne à cet animal le nom de cavia cobaya. Maregr. C’est un quadrupede plus petit que le lapin ; son corps est plus court & plus gros : ses oreilles sont courtes, minces, transparentes, évasées, arrondies, presqu’entierement dégarnies de poil, & peu différentes de celles des rats : le museau & la barbe ressemblent à ces mêmes parties dans le lievre : la levre supérieure est fendue comme celle du lapin. Le cochon d’Inde n’a point de queue ; ses dents sont semblables à celles des rats, & son poil peut être comparé à celui du cochon. Il crie comme les petits cochons, c’est pourquoi on l’a appellé cochon de Guinée. Sa couleur varie ; on en voit de blancs, de roux, & de noirs, & la plûpart sont en partie blancs, & en partie roux & noirs. Il y a quatre doigts aux piés de devant, & trois à ceux de derriere ; le doigt du milieu est le plus long. Ces animaux frottent leur tête avec les pattes de devant, & s’asseyent sur celles de derriere comme les lapins ; mais ils ne creusent pas en terre. Les femelles portent jusqu’à huit petits à la fois. Les cochons d’Inde vivent de foin & de toutes sortes de plantes : ils sont bons à manger, mais non pas excellens. Rai, synop. anim. quadr.

Cet animal est naturalisé dans ce pays-ci, & mis au nombre de nos animaux domestiques. On l’éleve aisément ; il ne craint que le grand froid. Voyez Quadrupede. (I)

Cochon Chinois. Cet animal est parvenu en Europe ; on le connoît en France. On dit qu’il est plus petit que notre cochon, qu’il a le dos concave & pour ainsi dire ensellé, &c. On l’engraisse, & il passe pour très-bon à manger.

Cochon-maron ; c’est le nom que l’on donne dans les îles de l’Amérique aux cochons que l’on y a portés des autres parties du monde, & qui y sont devenus sauvages. On en distingue de trois especes.

Ceux de la premiere sont courts ; ils ont la tête grosse, le museau peu allongé, & les défenses fort longues : les jambes de devant sont plus courtes que celles de derriere presque d’un tiers, ce qui les fait souvent culbuter lorsqu’ils courent en descendant. Ils deviennent féroces, & très-dangereux quand ils sont blessés par les chasseurs. On prétend qu’ils ont été apportés par les Espagnols dans le tems de la découverte de l’Amérique, & qu’ils ont été tirés de Cadix, où on en voit encore qui leur ressemblent beaucoup.

Les cochons-marons de la seconde espece ne different en aucune façon de nos cochons domestiques, & il paroît qu’ils se sont échappés des parcs où on les nourrissoit après avoir été transportés aux îles.

Enfin ceux de la troisieme espece sont appellés cochons de Siam, parce qu’ils ont été apportés aux îles par des vaisseaux François qui revenoient de Siam & de la Chine. (I)

COCHONNET, s. m. (Hist. mod. Jeux.) espece de dez taillé à douze faces pentagonales, chargées chacune d’un chiffre depuis 1 jusqu’à 12. On joue au cochonnet comme aux dez.

On donne le même nom à une balle ou pierre que celui qui a gagné le coup précédent jette à discrétion, & à laquelle tous les joüeurs dirigent leurs boules. La boule plus voisine du cochonnet gagne le coup.

COCKERMOUTH, (Géog. mod.) ville d’Angleterre dans la province de Cumberland. Long. 13. 48. lat. 54. 44.

COCKIEN, s. m. (Comm.) monnoie de cours au Japon : on l’évalue à environ huit francs de notre monnoie présente.

COCO, s. m. (Hist. nat.) le coco est le fruit d’une espece de palmier qui s’éleve à trente ou quarante piés de hauteur (Voyez fig. 1. Plan. XXVII. d’Hist. nat.) : sa tige est droite ; elle diminue de grosseur à mesure qu’elle s’éloigne de terre. On fait des incisions aux tiges des jeunes arbres pour en tirer un suc vineux qui sert de boisson : ce suc donne par la distillation de fort bonne eau-de-vie : en le cuisant sur le feu on l’adoucit ; & au contraire on en fait du vinaigre lorsqu’on le laisse exposé au soleil. La tige est terminée à son extrémité par des feuilles fort longues, & larges à proportion : on s’en sert pour couvrir les maisons, pour faire des voiles de navire, des nattes, &c. Les habitans de ces pays écrivent sur ces feuilles comme sur du papier ou du parchemin. Les fruits naissent au sommet de la tige entre les feuilles ; ils sont enveloppés plusieurs ensemble dans une espece de gaîne dont ils sortent en grossissant : chacun de ces fruits est gros comme la tête d’un homme ; il est oval, quelquefois rond ; trois côtes qui suivent sa longueur lui donnent une figure triangulaire. Ce fruit est composé de deux écorces & d’une substance moelleuse : l’écorce extérieure est verte ; l’intérieure est brune. Lorsque le fruit n’est pas encore mûr, on en tire une bonne quantité d’eau claire, odorante, & fort agréable au goût. Il y a des cocos qui contiennent jusqu’à trois ou quatre livres de cette eau. Mais lorsque le fruit a pris son accroissement, la moelle que renferment les écorces prend de la consistance, & il n’y a plus qu’une cavité dans son milieu qui soit remplie d’eau ; & alors l’eau, quoique claire, n’est pas si douce qu’auparavant. La moelle est blanchâtre, & bonne à manger ; son goût approche de celui de la noisette ou de l’amande ; on en peut faire un lait comme on en fait avec les amandes : si on veut la conserver long-tems, on la fait sécher au soleil. L’écorce qui enveloppe cette substance est dure & ligneuse ; on la polit & on la travaille pour différens usages : elle sert de mesure des liquides à Siam : on gradue sa capacité avec des cauris, petites écailles qui servent de monnoie : il y a des cocos de mille cauris, de cinq cents, &c. La seconde, qui est l’extérieure, est lisse, de couleur grise, & garnie en-dedans d’une sorte de bourre rougeâtre dont on fait des cables & des cordages : elle vaut mieux que les étoupes pour calfeutrer les vaisseaux, parce qu’elle ne se pourrit pas si vîte, & parce qu’elle se renfle en s’imbibant d’eau.

* COCON, s. m. (Œcon. rust.) on donne ce nom à ce tissu filamenteux dans lequel le vers à soie s’enveloppe, & dont on obtient en le dévidant par une