Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 3.djvu/572

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tre doigts, dont l’un étoit éloigné des trois autres comme un pouce, & fort court ; il étoit placé au côté extérieur des doigts.

Enfin M. Perraut décrit un quatrieme animal qui avoit été donné sous le nom de coati. C’étoit une femelle : elle avoit le poil roux par tout le corps, excepté la queue qui étoit marquée de plusieurs cercles d’un fauve brun, & l’extrémité des pattes & le dessus des oreilles qui avoient une teinte plus brune que celle du reste du corps ; excepté aussi l’extrémité du museau, qui étoit d’un gris brun. Ce coati avoit des moustaches d’un poil fort noir ; ce même poil se trouvoit à la mâchoire inférieure & aux joues : il n’y avoit point d’éperons aux pattes de derriere : enfin les dents ressembloient à celles des chiens. Mém. de l’Acad. royale des Sciences, depuis 1666 jusqu’à 1699, tome III. part. II. p. 17. & suiv. Voyez Quadrupede. (I)

COBALES, s. m. (Myth.) génies malins attachés à la suite de Bacchus. On les confond quelquefois avec les faunes & les satyres.

COBALT, COBOLT ou KOBOLD, (Hist. nat. Minéralogie & Chimie.) en Latin cobaltum, cadmia fossilis pro cæruleo, cadmia metallica, &c. c’est un demi-métal, d’un gris qui tire un peu sur le jaunâtre ; il paroît composé d’un assemblage de petites lames ou de feuillets ; à l’extérieur il a assez de ressemblance avec le bismuth : mais ce qui caractérise particulierement ce demi-métal, c’est la propriété qu’il a de donner une couleur bleue à la fritte du verre, lorsqu’on le met en fusion avec elle.

On a long-tems regardé le cobalt comme une substance terreuse ; c’est sa grande friabilité qui semble avoir accrédité cette erreur ; mais M. Brandt, savant chimiste Suédois, a prouvé dans un mémoire inseré dans les actes de l’académie d’Upsal, qu’on devoit le placer au rang des demi-métaux : voici les raisons sur lesquelles il appuie son sentiment : 1° le cobalt présente à l’extérieur le même coup d’œil qu’un métal : 2° il a une pesanteur métallique : 3° il entre en fusion dans le feu, & prend en refroidissant une surface convexe, ce qui est un des caracteres distinctifs des substances métalliques : 4° le cobalt se dissout dans l’eau-forte, & donne une couleur d’un verd jaunâtre au dissolvant ; les sels alkalis fixes précipitent cette dissolution d’une couleur noire, & l’alkali volatil la précipite d’un rouge très-vif ; si on édulcore la matiere précipitée & qu’on y joigne de la matiere inflammable, en faisant fondre ce mêlange on obtient du cobalt en régule, comme cela se pratique sur les précipités des autres substances métalliques dont on fait la réduction.

Le cobalt ne s’amalgame point avec le mercure, & jamais par la fusion on ne peut l’unir avec le bismuth, quoique les mines de ce dernier demi-métal contiennent presque toûjours du cobalt. Il s’unit très intimement au cuivre qu’il rend aigre & cassant.

On distingue plusieurs especes de mines dont on tire le cobalt ; voici les principales suivant M. Wallerius.

I. La mine de cobalt cendrée : elle a quelque ressemblance avec la mine de plomb cubique ou galene, mais elle ressemble encore plus à la pyrite arsenicale avec qui on la confond souvent mal-à-propos ; cependant le grain de cette mine de cobalt est plus fin, & d’une couleur plus foncée & plus rougeâtre que celle de la pyrite arsenicale.

II. La mine de cobalt spéculaire, ainsi nommée parce qu’on y remarque des lames ou feuillets luisans comme la glace d’un miroir ; ce que M. Wallerius conjecture venir de ce que le cobalt se trouve uni avec du spath feuilleté ou quelque autre matrice de cette espece.

III. La mine de cobalt vitreuse, ainsi nommée

parce qu’elle ressemble à des scories ou à une matiere vitrifiée ; elle est brillante & d’un gris bleuâtre.

IV. La mine de cobalt crystallisée ; on appelle ainsi les mines de cobalt qui affectent une figure réguliere & déterminée ; on leur donne différens noms suivant la figure qu’on y remarque ; par exemple on les appelle mines de cobalt tricottées, en réseaux, &c.

V. Fleurs de cobalt ; c’est une mine de cobalt tombée en efflorescence à l’air, & qui prend une couleur ou rouge, ou violette, ou pourpre, ou fleur de pêcher ; quelquefois ces couleurs ne sont qu’à la surface ; quelquefois elles pénetrent de part en part.

VI. La mine de cobalt terreuse ; cette mine est ainsi nommée parce qu’elle est friable & peu compacte : sa couleur varie ; il y en a d’un blanc tirant sur le verd, de jaune comme de l’ochre, de noire, &c.

Outre cela on rencontre fréquemment du cobalt dans les mêmes mines qui fournissent le bismuth. On en trouve aussi quelquefois dans la mine d’arsenic, que l’on nomme testacée ; c’est pour cela que les minéralogistes Allemands l’appellent cobalt testacé, (schirben-kobolt) quoique ce soit une vraie mine d’arsenic. On en rencontre aussi en petite quantité dans la mine d’arsenic d’un rouge cuivreux, que les Allemands appellent kupsernikkel, mais ce n’est qu’accidentellement. On croit devoir avertir en général, que les ouvriers des mines d’Allemagne, & quelques auteurs d’après eux, ont souvent confondu les mines de cobalt avec celles d’arsenic, & ont indifféremment donné le nom de cobalt à des mines arsenicales, qui ne contiennent que peu ou point de ce demi-métal ; ce qu’il y a de certain, c’est que toutes les mines de cobalt sont chargées d’une portion d’arsenic très-considérable, que l’on est obligé d’en dégager par le grillage pour en séparer le cobalt ou la matiere propre à colorer le verre en bleu. On se sert pour cela d’un fourneau dont on trouvera la représentation parmi les Planches de Minéralogie dans celle du cobalt & de l’arsenic : la figure 1. represente l’attelier & le fourneau pour la calcination du cobalt ; AB est un fourneau de réverbere dans lequel on met la mine de cobalt, pour que la flamme en dégage la partie arsenicale qui est reçue dans une galerie ou cheminée de bois horisontale CD, qui a ordinairement 100 pas de longueur ; l’arsenic qui y passe sous la forme d’une fumée blanche fort épaisse, se condense & s’attache aux parois de cette cheminée sous la forme de petits crystaux ou d’une farine légere, que les Allemands nomment gifftmehl, d’où on l’enleve au bout d’un certain tems par les fenêtres EEE, qui sont pratiquées de distance en distance le long de la galerie ou cheminée horisontale ; ces fenêtres se ferment lorsqu’on fait griller la mine de cobalt ; FF sont les piliers sur lesquels la cheminée horisontale est soûtenue ; G est une coupe perpendiculaire d’un fourneau à griller la mine de cobalt ; H est la coupe perpendiculaire de la cheminée horisontale, dans laquelle la fumée arsenicale est reçue.

Après que la mine de cobalt a été grillée dans le fourneau que nous venons de décrire, on la retire, on l’écrase dans un moulin par le moyen de deux meules qui tournent verticalement, ensuite on la fait calciner de nouveau jusqu’à ce qu’il n’en parte plus aucune fumée ; pour lors on retire le cobalt, dont on mêle une partie avec deux parties & même plus de potasse & de cailloux ou de quartz pulverisés, & l’on en fait ce qu’on appelle le saffre, smalte ou azur, dont on se sert pour peindre en bleu la fayance & la porcelaine, pour colorer le verre, faire du bleu d’empois, &c. Nous donnerons une description détaillée de ce travail à l’art. Saffre ; nous nous contenterons de dire ici que les manufactures où l’on traite ainsi le cobalt, sont un objet