Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 3.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

après ce qui dépend du goût, consiste à bien faire une charniere. Voyez l’article Charniere, & à l’article Tabatiere, la maniere de faire le charnon & la charniere.

Le charnon, en Serrurerie, ne se fait pas ainsi qu’en Bijouterie ; il est forgé avec la piece ; on le tient ouvert par le moyen d’une verge de fer, sur laquelle on recourbe la partie de la piece qui doit le former ; & l’on soude l’excédent de cette partie sur le corps de la piece. Mais cette maniere n’est pas la seule.

CHARNU, adj. se dit du jarret du cheval. Voyez Jarret. (V)

CHAROLLES, (Géog.) petite ville de France en Bourgogne, capitale du Charolois, sur la Réconce. Long. 21. 42. lat. 46. 25.

CHAROLOIS, (le) Géog. pays de France en Bourgogne, avec titre de comté.

* CHARON, s. m. (Myth.) ce terme vient, à ce qu’on prétend, par antiphrase de χαίρω, gaudeo, je me réjouis ; parce qu’il n’y a rien de moins réjouissant que d’aller trouver Charon. Il étoit fils de l’Erebe & de la Nuit, & par conséquent frere du Chaos. Voyez Chaos. On en a fait un dieu, quoique ce ne fût qu’un batelier chargé de passer les morts sur l’Achéron. Voyez Achéron. On lui avoit assigné une obole pour droit de péage ; cette piece qu’on mettoit dans la bouche des morts, s’appelloit naulé, & ce tribut dinaqué. Les généraux Athéniens curieux d’être reconnus jusque sur le Styx pour des hommes de distinction, ordonnoient qu’on leur mît dans la bouche une piece plus considérable que l’obole. Les habitans d’Hermioné voisins de l’entrée des enfers, se prétendoient exemts de ce tribut. Il étoit défendu à Charon de prendre sur sa barque aucun vivant. Ulisse, Énée, Orphée, Thésée, Pirithoüs & Hercule furent cependant exceptés de cette loi : mais on dit que Charon fut enchaîné pendant un an & séverement puni pour avoir descendu ce dernier aux enfers, de son autorité privée. Il n’admettoit pas indistinctement tous les morts sur son bord ; il falloit avoir reçû les honneurs de la sépulture ; sans cet avantage on erroit cent ans sur les rives de l’Achéron. Charon écartoit les ames empressées de passer, à grands coups d’aviron. Le vieillard inflexible & sévere laissoit tomber ses coups sur le pauvre & sur le riche, sur le sujet & sur le monarque, sans aucune acception ; il ne reconnoissoit personne : en effet, un homme comme un autre est un prince tout nud. Il paroît aux mumies qu’on tire des sables d’Egypte, que les habitans de ce pays étoient très-religieux observateurs de la coûtume de mettre une piece dans la bouche des morts ; c’est aussi à un usage établi dans la même contrée qu’on attribue toute la fable de Charon. On dit que les morts de Memphis étoient transportés autrefois au-delà du Nil dans un petit bateau appellé baris, & par un batelier dont le nom étoit Charon, à qui l’on payoit le passage.

* CHAROPS, adj. m. (Mythologie) surnom sous lequel Hercule avoit une statue & étoit adoré en Béotie, près de l’endroit où ce héros avoit vaincu Cerbere.

CHAROST, (Géog.) petite ville de France en Berry, avec titre de duché-pairie. Long. 19. 45. lat. 46. 56.

CHAROTTE, s. f. (Chasse) espece de panier en façon de hotte dont on le sert pour porter les instrumens servans à la chasse aux pluviers, & rapporter ces oiseaux quand on en prend.

CHAROUX, (Géog.) petite ville de France dans le Bourbonnois sur la riviere de Sioulle, Long. 20. 45. lat. 46. 10. Il y a une autre ville de même nom en France, dans le Poitou, près de la Charente.

CHARPENTE ou CHARPENTERIE, s. f. (Art mécan.) on appelle ainsi l’art d’assembler différentes

pieces de bois pour la construction des bâtimens élevés dans les lieux où la pierre est peu commune : nous expliquerons succinctement son origine, son application dans l’art de bâtir, & ses défauts.

De toutes les différentes constructions des édifices, celles de charpente sont les plus anciennes, puisque l’origine en remonte jusqu’à celle du monde ; les premiers hommes ignorant les thrésors que la terre renfermoit dans son sein, & ne connoissant que ses productions extérieures, couperent des bois dans les forêts pour bâtir leurs premieres cabanes ; ensuite ils en érigerent des bâtimens plus considérables. L’architecture doit encore aujourd’hui à la charpenterie dans la maniere de fuseler les colonnes, une des plus belles parties de l’ordonnance des ordres, s’il est vrai qu’elle soit imitée de la diminution des arbres. La cité de cette capitale montre encore, dans ce siecle, des restes de l’habitude ancienne d’employer le bois de préférence à la pierre ; & l’on peut ajoûter en faveur de cet art, l’usage où l’on est de bâtir ainsi dans les pays du Nord, &c.

L’application de la charpente dans l’art de bâtir, est infiniment utile, principalement en France où l’on n’est presque point en usage de vouter les pieces des appartemens, à la place desquels on construit des planchers de charpente. L’on en fait aussi les combles de nos bâtimens, sans en excepter ceux de nos édifices sacrés & de nos monumens publics ; quelquefois même on fait des pans de bois, ou murs de face de charpenterie, dans l’intention de ménager le terrein assez borné des maisons élevées dans les capitales ou principales villes de nos provinces : on en pratique les escaliers de dégagement dans nos grands édifices, & nos principaux dans nos bâtimens à loyer. C’est enfin par son secours que l’on construit des machines capables d’élever les plus grands fardeaux, que l’on éleve des ponts, des digues, des jettées, &c.

Ses défauts consistent dans la nécessité où on se trouve d’éviter ce genre de construction, dans les édifices de quelque importance, à cause des incendies auxquels cette matiere est sujette ; & si quelque raison d’économie porte à préférer le bois à la pierre, ce ne doit être que dans des parties de bâtiment dont l’usage particulier paroît exemt des accidens du feu ; car dans toute autre circonstance on devroit essentiellement éviter cet inconvénient dans les édifices érigés dans les villes, bourgs & bourgades. Au reste il faut convenir que l’art de la Charpenterie a fait de très-grands progrès en France, depuis que la plûpart des entrepreneurs & les ouvriers ont sû s’instruire de la partie des Mathématiques qui leur étoit nécessaire ; néanmoins il seroit à desirer que quelques-uns de ces habiles maîtres écrivissent sur cette matiere d’une maniere satisfaisante. Mathurin Jousse, Lemuet, Tiercelet, Daviller & Blanchard sont les seuls jusqu’à présent qui en ayent dit quelque chose relativement à la pratique. Mais il reste beaucoup à desirer sur l’œconomie dans cet art ou sur la méthode d’éviter cette énorme complication de pieces dans les assemblages qui ôtent aux bois une partie de leur force par la charge mutuelle qu’on leur impose ; sur la maniere d’assembler, de couper le bois, de le placer ; sur la connoissance de la nature des bois, de leur durée, de leurs autres qualités physiques, &c. Il seroit à souhaiter que l’expérience, la Méchanique & la Physique se réunissent pour s’occuper ensemble de cette matiere importante. Nous avons déja dans les mémoires de M. de Buffon dont nous avons donné des extraits à l’article Bois, d’excellens matériaux. Voyez l’article Bois. (P)

* Charpente, (bois de) on donne ce nom au bois selon la grosseur dont il est, & la maniere dont on le débite. Il faut qu’il soit équarri ou scié, & qu’il ait