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mettent la ficelle à moitié de la forme, & abaissent cette ficelle avec l’avaloire, ou l’instrument de cuivre qu’on voit fig. 13. avec un manche de bois, & la tête terminée par deux rainures. La ficelle se loge dans ces rainures ; on ne se sert plus du grand côté ; les aîles de la rainure ne sont pas égales, l’une est un peu plus haute que l’autre ; c’est la plus haute qu’on applique contre la forme, & qu’on insere entre la ficelle & le chapeau. On n’avale pas la ficelle tout-à-fait jusqu’au bas de la forme ; il y a au côté de la foule de dégorgeage 4 billots, 1, 2, 3, 4, sur un desquels on frappe auparavant le plat de la forme, pour faire préter le feutre & entrer la forme. On acheve d’avaler la ficelle ; on prend le chapeau par le bord, on le trempe dans la chaudiere, on le piece, on en abat les bords à plat, on l’égoutte avec la piece, on le tire au carrelet en-dessus & en-dessous sans le sortir de dessus la forme : cette opération le rend velu ; alors il est prêt à entrer en teinture.

Voici maintenant la maniere dont on teint : au reste les maîtres varient entr’eux & sur la quantité relative des ingrédiens & même sur les ingrédiens ; il ne faut donc pas s’imaginer que ce que nous allons dire soit d’un usage aussi général & aussi uniforme que ce que nous avons dit.

On teint un plus grand ou un plus petit nombre de chapeaux, suivant la capacité de la chaudiere ; on teint jusqu’à 240 chapeaux à la fois. On les prend au sortir de la foule de dégorgeage : on commence par remplir d’eau claire la chaudiere à teindre, qu’on voit fig. 2. Planc. III. de Chapelerie ; elle tient communément cinq demi-muids. Avant que de la faire chauffer, on y met toutes les drogues suivantes : 1°. cent livres de bois d’inde haché par petits copeaux ; 2°. douze livres ou environ de gomme de pays ; 3°. six livres de noix de galle : on fait bouillir le tout pendant la nuit, environ deux à trois heures ; après quoi on ajoûte 4°. six livres ou environ de verdet ou verd-de-gris concassé ; 5°. dix livres de couperose : quand on met ces deux derniers ingrédiens, la chaudiere ne bout plus, elle est seulement chaude & sur son bouillon.

Immédiatement après l’addition, on prend des chapeaux, on en met cinquante à fond de la chaudiere rangés sur tête ; sur ceux-ci, on place les autres forme contre forme par rangées, cinq rangées sur le devant, quatre sur le derriere ; le nombre tant de ceux du fond que des rangées, est de 120. On a des perches qu’on étend en-travers sur les formes ; on met des planches sur les extrémités de ces perches, & sur ces planches des billots, qu’on voit fig. 2. Planc. III. en a, b, dont le poids tient les chapeaux enfoncés dans la chaudiere ; on les y laisse une heure & demie sans les remuer ; au bout de ce tems on les releve, & on les disperse sur des planches où ils prennent leur évent. Pendant que ces 120 chapeaux prennent leur évent, on place dans la chaudiere les 120 autres, on les y arrange comme les premiers, on les y laisse le même tems, & on les releve. Avant que d’y faire rentrer ceux qui ont pris leur évent, on rafraîchit la chaudiere de quatre seaux de bois d’inde en copeaux. Remarquez, qu’avant de lever les chapeaux, il faut jetter sur la chaudiere trois ou quatre seaux d’eau froide de riviere, pour écarter l’écume qui s’est amassée à la surface : on ajoûte aux quatre seaux de bois d’inde environ trois livres de verd-de-gris, & six livres de couperose ; après quoi on remet dans la chaudiere les 120 premiers chapeaux, pour une heure & demie. Au bout de ce tems, on jette sur la chaudiere trois ou quatre autres seaux d’eau ; on les releve, & on leur donne l’évent sur les planches, & on continue ainsi jusqu’à la quatrieme chaude, qu’on rafraîchit encore la cuve, mais de deux seaux seulement de bois

d’inde & de quatre livres de couperose. On donne seize chaudes en tout ; c’est huit chaudes & huit évents, pour chaque 120 chapeaux.

Quand le teint est fait, on porte les 240 chapeaux au puits, & on les lave dans deux tonneaux d’eau claire, en les prenant l’un après l’autre, les humectant & les brossant ; après quoi on les relave. Quand ils sont relavés, on a une petite chaudiere qu’on appelle chaudiere à retirer ; on la remplit d’eau de riviere qu’on entretient bouillante ; on y met les chapeaux par trente, puis on les retire. : les retirer, c’est les prendre par les bords, les manier, & les détirer fortement pour les abattre & les rendre plats. A mesure qu’on en tire une douzaine de la chaudiere à retirer, on en va prendre au puits douze autres qu’on y remet ; & ainsi de suite jusqu’à la fin.

Au sortir de la chaudiere à retirer, on les porte sur une table où on les retire encore, mais c’est pour les rendre velus, & ce retirage se fait avec le carrelet & fortement, & en-dessus & en-dessous. Le premier retirage s’appelle retirage à l’eau ; celui-ci s’appelle retirage à poil. Il ne faut guere que six heures pour retirer en cette sorte toute la teinture, tant à l’eau qu’à poil.

Quand les chapeaux ont été retirés à poil, on les porte aux étuves : il y a dans ces étuves un grand bassin rond scellé dans le sol, où l’on allume un brasier ; on y porte les 240 chapeaux par port on, on les y laisse quatre heures ; & à chaque fois qu’on sort & qu’on retire des chapeaux dans l’étuve, on jette environ six boisseaux de charbon dans le bassin. Quand ils sont secs, on les met en tas hors des étuves, tête sur tête ; on les brosse à sec avec une brosse rude : cela s’appelle brosser la teinture. Quand ils sont brossés, on les lustre avec de l’eau claire ; puis on les remet aux étuves où ils passent la nuit ; le lendemain on les déforme, & on les rend au maître.

Le maître les remet aux apprêteurs ou approprieurs. L’apprêt est une espece de colle qui se compose de la maniere suivante : au reste il en est encore de ceci comme de la teinture, chacun a sa composition dont il fait un secret même à son confrere. On prend de gomme de pays quatre à cinq livres, de colle de Flandres trois à quatre livres, de gomme Arabique une demi-livre ; on fait cuire le tout ensemble à grands bouillons pendant trois à quatre heures. Quand ce mêlange est cuit, on le passe au tamis, & l’on s’en sert ensuite pour apprêter. Il y en a qui l’éclaircissent, à ce qu’on dit, avec l’amer de bœuf ; on lui donne la consistance de la bouillie avec l’eau chaude. Voyez, fig. 3, 4, 5, 6, 7, l’attelier de l’apprêteur.

L’apprêteur est assis sur une chaise ; il a devant lui un bloc de bois, fig. 5. monté sur quatre piés, & percé dans le milieu d’un trou capable de recevoir la tête, & à côté de lui une pile de chapeaux à apprêter. Il en prend un, met la forme dans le trou 5 du bloc, prend dans sa chaudiere de l’apprêt avec un pinceau à longs poils, tâte son chapeau par-tout, donne un coup de pinceau aux endroits qui lui paroissent foibles, & passe ensuite son pinceau sur tout le reste de la surface du bord, observant de fortifier d’apprêt les endroits qu’il a marqués d’abord comme foibles. Comme l’apprêt ne laisse pas que d’être fluide, il en coule un peu dans la tête du chapeau : l’apprêteur a un autre pinceau sec avec lequel il ramasse & étend cet apprêt.

Le chapeau dans cet état passe entre les mains d’un autre ouvrier qui tient les bassins ; ces bassins ne sont autre chose que deux fourneaux 3, 3, qui ne different de ceux de cuisine qu’en ce que le foyer en est conique ; la grille est à l’extrémité du cone, & le cendrier est sous la grille. On allume du feu dans le co-