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dans leurs fonctions : il ajoûte que personne n’a droit d’enseigner dans le territoire de sainte Génevieve sans la permission de l’abbé.

Les prérogatives de l’abbé & du chancelier de sainte Génevieve furent encore confirmées par la bulle d’Alexandre IV. qui défend au chancelier de sainte Génevieve de donner le pouvoir d’enseigner dans aucune faculté à aucun licentié, qu’il n’ait juré d’observer les statuts faits par les papes. Ce qui fait voir que le chancelier de sainte Génevieve étoit alors regardé comme ayant la principale autorité dans l’université, puisque les papes lui adressoient les bulles & les ordonnances qui concernoient l’université. C’est à lui qu’Alexandre IV. adresse une bulle, par laquelle il enjoint l’observation des réglemens qu’il avoit faits pour rétablir le bon ordre dans l’université de Paris.

Grégoire X. en 1271 délégua l’abbé de S. Jean des Vignes & l’archidiacre de Soissons, pour regler les différens des deux chanceliers.

Le chancelier de sainte Génevieve fut le seul chancelier de l’université jusqu’en 1334, que Benoît XI. ayant uni l’école de Théologie de l’évêque de Paris à l’université dont jusqu’alors elle n’étoit point membre, le chancelier de l’église de Paris reçut alors le pouvoir de donner la benédiction de licence de l’autorité du saint siége, de même que celui de sainte Génevieve, & prit aussi depuis ce tems le titre de chancelier de l’université concurremment avec celui de sainte Génevieve.

Alors le chancelier de l’église de Paris donnoit la benédiction aux licentiés des écoles de sainte Génevieve, & le chancelier de sainte Génevieve donnoit la benédiction aux licentiés des écoles dépendantes de l’évêque de Paris. Ensuite on eut le choix de s’adresser à l’un ou à l’autre ; mais par succession de tems l’usage a introduit que le chancelier de sainte Génevieve ne donne plus la benédiction de licence que dans la faculté des arts ; c’est pourquoi on l’appelle quelquefois chancelier des arts, quoiqu’il ne soit pas le seul qui donne la benédiction de licence dans cette faculté.

Dans le xij. & le xiij. siecle jusqu’en 1230, le chancelier de sainte Génevieve recevoit sans le concours d’aucun examinateur les candidats qui se présentoient pour être membres de l’université. Ce fait est appuyé sur l’autorité d’Alexandre III. au titre de magistris, & sur le témoignage d’Etienne, évêque de Tournai, épître 133.

En 1289, le pape Nicolas III. accorda à l’université de Paris, que tous ceux qui auroient été licentiés par les chanceliers dans les facultés de Théologie, de Droit canon, ou des Arts, pourroient enseigner par-tout ailleurs dans les autres universités, sans avoir besoin d’autre examen ni approbation, & qu’ils y seroient reçus sur le pié de docteurs. Voyez du Boulay dans son second tome de l’histoire latine de l’univ. de Paris, p. 449.

Depuis le xiij. siecle, pour s’assûrer de la capacité des récipiendaires, le chancelier de sainte Génevieve a bien voulu, à la requisition de l’université, choisir quatre examinateurs, un de chaque nation, lesquels conjointement avec lui examinent les candidats avant que de leur accorder la licence.

L’université ayant contesté au chancelier de sainte Génevieve le droit de choisir des examinateurs, l’affaire fut portée au conseil du roi Charles VI. lequel par arrêt de 1381 confirma le chancelier de sainte Génevieve dans le droit & possession où il étoit, & où il est encore, de choisir chaque année quatre examinateurs, un de chaque nation, droit qu’il exerce aujourd’hui, & reconnu par l’université.

Par une transaction passée entre les chanceliers de Notre-Dame & de sainte Génevieve, homologuée par arrêt du mois de Mars 1687, les deux chanceliers ont fait deux lots de tous les colléges de l’université de

Paris ; ils sont convenus que les écoliers des colléges iroient, savoir ceux du premier lot, pendant deux ans, se présenter au chancelier de Notre-Dame pour être examinés & recevoir le bonnet de maître-ès-arts ; & ceux des colléges du second lot, au chancelier de sainte Génevieve ; qu’après les deux ans, les écoliers du premier lot se présenteroient à sainte Génevieve, & ceux du second lot à Notre-Dame, & ainsi alternativement de deux en deux ans ; ce qui s’est toûjours pratiqué depuis sans aucune difficulté.

Voici l’ordre & la maniere dont les chanceliers de Notre-Dame & de sainte Génevieve ont coûtume de procéder aujourd’hui dans l’exercice de leurs fonctions.

Lorsque les candidats se présentent à l’examen d’un des chanceliers, le bedeau de la nation des candidats lui remet le certificat de leur cours entier de philosophie, signé de leur professeur, avec les attestations du principal du collége où ils ont étudié, du greffier de l’université, du recteur, auquel ils ont prêté serment, & l’acte de leur promotion au degré de baccalaureat ès arts. Le chancelier les examine avec ses quatre examinateurs. Quand ils ont été reçûs à la pluralité des suffrages, il leur fait prêter les sermens accoûtumés, dont le premier & le principal est d’observer fidélement les statuts de l’université ; après quoi il leur confere ce que l’on appelloit autrefois le degré de licence dans la faculté des arts, en leur donnant, au nom & de l’autorité du pape, la benédiction apostolique, & il couronne le nouveau maître-ès-arts par l’imposition du bonnet.

Un bachelier ès arts d’un lot ne peut s’adresser au chancelier qui a actuellement l’autre lot, sans un licet de l’autre.

Il y a bourse commune entre les deux chanceliers pour les droits de réception des maîtres-ès-arts.

En 1668, le P. Lallemant, chancelier de l’abbaye de sainte Génevieve, obtint du cardinal de Vendôme légat en France, un acte en forme qui confirme le chancelier de sainte Génevieve dans les droits qu’il prétend avoir été accordés par les souverains pontifes aux chanceliers ses prédécesseurs, de nommer aux bourses & aux régences des colléges, lorsque les nominations sont nulles, & qu’elles ne sont pas conformes aux statuts de l’université. On voit dans cet acte beaucoup d’autres prérogatives prétendues par le chancelier de sainte Génevieve, & confirmées par le cardinal légat, que le chancelier ne fait pas valoir.

Le chancelier de sainte Génevieve prête serment dans l’assemblée générale de l’université.

Suivant l’article 27 des statuts de l’université de Paris, le chancelier de sainte Génevieve doit être maître-ès-arts ; ou s’il n’est pas de cette qualité, il est tenu d’élire un soûchancelier qui soit maître, c’est-à-dire docteur en Théologie. Les chanceliers sont dans l’usage de choisir toûjours un docteur en Théologie. Voyez la bibliotheque canonique & celle de droit François de Bouchel, au mot chancelier.

Chancelier de l’Église Romaine, étoit un ecclésiastique qui avoit la garde du sceau de cette église, dont il scelloit les actes qui en étoient émanés ; c’étoit le chef des notaires ou scribes.

Quelques auteurs prétendent que la chancellerie de l’église romaine ne fut établie qu’après Innocent III. qui siégeoit vers la fin du xij. siecle ; mais cet office paroît beaucoup plus ancien, puisque dans le sixieme concile œcuménique tenu en 680, il est parlé d’Etienne, diacre & chancelier. Sigebert fait mention de Jean, chancelier de l’église Romaine, qui fut depuis élevé à la papauté sous le nom de Gelase II. & succéda en 1118 au pape Paschal II. Quelques-uns le nomment cancellarius ecclesiæ ; sur son épitaphe il est dit qu’il avoit été cancellarius urbis. S. Ber-