ple, aux points 4, 5, &c. leur masse & leur surface sont augmentées par de nouvelles réunions ; & ainsi par de nouvelles & constantes augmentations, elles deviennent de plus en plus capables de surmonter la résistance du milieu, & de continuer leur chûte à travers toutes les couches de l’air jusqu’à ce qu’elles atteignent la terre ; leur masse étant alors excessivement grossie, & forme des gouttes de pluie.
Maintenant dans la descente des vapeurs, il faut considérer comment le barometre est affecté par cette descente. Avant qu’aucune des vésicules commence à baisser, soit par l’action du froid, ou par celle du vent, elles nagent toutes dans la partie de l’atmosphere ABDC, & pesent toutes vers le centre E. Or chacune d’elles demeurant respectivement dans une partie du milieu, qui est d’une pesanteur spécifique égale, perdra une partie de son poids égale à celle d’une partie du milieu qui auroit le même volume ; c’est-à-dire, que chacune d’elles perdra toute sa pesanteur : mais alors cette pesanteur qu’elles auront perdue, sera communiquée au milieu qui pressera sur la surface de la terre AB, avec son propre poids joint à celui de ces vésicules. Supposez alors que cette pression conjointe agisse sur le mercure élevé dans le barometre à trente pouces : par la réunion des vésicules, faite comme nous avons dit ci-dessus, leur surface, & conséquemment leur frottement, est diminué : c’est pourquoi elles communiqueront moins de leur pesanteur à l’air, c’est-à-dire une partie moindre que tout leur poids ; & conséquemment elles descendront avec une vîtesse proportionnelle à ce qui leur reste de pesanteur, ainsi que l’on vient de le dire. Or comme les vésicules ne peuvent agir sur la surface de la terre AB que par la médiation de l’air, leur action sur la terre sera diminuée en même proportion que leur action sur le milieu ; d’où il est évident que la surface de la terre AB, sera alors moins pressée qu’auparavant ; & plus les vésicules garderont de leur poids qu’elles n’auront point communiqué au milieu, plus elles accélereront leur propre descente ; c’est-à-dire, que la vîtesse de l’abaissement des vésicules ira toûjours en augmentant : en effet, quand les vésicules descendent, la masse augmente continuellement, & au contraire la résistance du milieu & la pression sur la terre diminuent, & le mercure baissera par conséquent pendant tout le tems de leur chûte. De-là il est aisé de concevoir que les vésicules qui ont une fois commencé à tomber, continuent ; que le mercure commence à tomber en même tems, & qu’il continue & cesse en même tems qu’elles.
On peut faire une objection contre ce système ; savoir, que les vésicules étant mises en mouvement, & heurtant contre les particules du milieu, rencontrent une résistance considérable dans la force d’inertie du milieu, par laquelle leur descente doit être retardée, & la pression de l’atmosphere rétablie. On peut ajoûter que la pression additionnelle sera plus grande à proportion de la vîtesse de la chûte des vésicules, une impulsion forte étant requise pour surmonter la force d’inertie des particules contigues du milieu.
Mais les partisans de l’opinion que nous rapportons, croyent pouvoir renverser cette objection par la raison & l’expérience : car, disent-ils, outre que la force d’inertie de l’air peut être très-foible à cause de son peu de densité, nous voyons que dans l’eau, qui est un milieu fort dense & non élastique, un morceau de plomb, en descendant à-travers le fluide, pese considérablement moins que quand il y est soûtenu en repos. Cependant ce fait est nié par M. Musschenbroek. Essays de Physique, §. 234.
Nous avons cru devoir rapporter assez au long cette explication qui, quoiqu’ingénieuse, n’a pas, à
beaucoup près, toute la précision qu’on pourroit désirer. Mais dans une matiere si difficile, il ne nous reste presque autre chose à faire, que d’exposer ce que les philosophes ont pensé. Voyez une dissertation curieuse, de M. de Mairan, sur ce sujet, Bordeaux 1715. Voyez aussi Musschenbroek. Cet auteur regarde avec raison les prédictions du barometre, comme peu sûres.
Voici, selon M. Musschenbroek, la meilleure maniere de faire un barometre ordinaire ou commun ; ces sortes de barometres étant les meilleurs de tous, à ce qu’il prétend. Premierement, on doit prendre du mercure bien pur, & être bien assûré qu’il ne soit pas falsifié ; il faut le passer par un cuir bien net, & le verser dans un poellon neuf & verni, que l’on couvre d’un couvercle qui s’y ajuste bien. On doit mettre ce poellon couvert sur un feu de charbon bien pur, & faire bouillir le mercure : il devient alors volatil, mais on le retient à l’aide du couvercle qui est posé dessus. En faisant ainsi bouillir le mercure, on le purifie de l’eau & de l’air qui se tenoient entre ses parties. On doit avoir des tuyaux de verre nouvellement faits, dont on se sert pour les barometres ; & afin qu’ils ne soient ni sales en-dedans, ni remplis d’air, il faut avoir soin de les faire sceller hermétiquement de chaque côté dans la Verrerie, avant que de les transporter. Lorsqu’on voudra les remplir, on peut les ouvrir par un bout avec une lime, & les tenir pendant ce tems-là près d’un feu oblong, pour les rendre également chauds, & même fort chauds, afin que l’humidité & l’air qui tient aux parois, se détache & se dissipe. Si on néglige de prendre cette précaution, l’air s’y attache avec tant de force, qu’il ne peut être chassé par le mercure qu’on verse dans le tuyau, mais il reste suspendu en plusieurs endroits. Pour réussir encore mieux à purger ce tuyau d’air, on ne fera pas mal d’attacher à un fil d’archal un morceau de chamois ou de cuir, & d’en former comme un piston de pompe, que l’on fera passer dans le tuyau de haut en bas, & de bas en haut à diverses reprisés, pour détacher l’air qui y tient. Par ce moyen, le mercure qui est tout bouillant, pourra alors dissiper l’air, en le faisant sortir du tuyau chaud. On forme ensuite d’un tuyau large de barometre un petit entonnoir de verre, & en l’allongeant on le réduit en un tuyau capillaire, lequel doit être un peu plus long que le tuyau qu’on doit remplir. Il faut d’abord bien nettoyer la partie supérieure de ce petit entonnoir, & la rendre bien seche & bien chaude en l’exposant devant le feu : on l’introduit ensuite dans le tuyau du barometre, ensorte qu’il pénetre jusqu’au fond, & on verse alors le mercure tout bouillant dans ce petit entonnoir, qui doit être bien chaud, afin que la chaleur du mercure ne le fasse pas sauter en pieces. Dès qu’on verse le mercure, il se précipite en bas, remplit le tuyau, & s’éleve ensuite lentement. On doit avoir soin de verser dans l’entonnoir sans aucune interruption, afin que le mercure continue toûjours de tomber sans s’arrêter, & que l’air n’ait pas lieu de s’insinuer entre ses parties. Lorsque le tuyau se trouve plein, on retire doucement le petit entonnoir. Voilà de quelle maniere en peut remplir le tuyau aussi juste qu’il est possible, & il paroît alors dans toute sa longueur de couleur brune, & sans la moindre petite bulle d’air. Si l’on n’a point de tuyaux scellés, il faut avant que de remplir celui dont on se sert, le bien nettoyer en-dedans, en le lavant avec de l’esprit-de-vin bien rectifié, & en attachant au bas d’un fil de laiton une petite couroie en maniere de piston de pompe, que l’on pousse souvent dans le tuyau pour en détacher l’air, qui sans cela ne manquéroit pas d’y rester suspendu. Après avoir ainsi nettoyé ce tuyau, on doit le faire sécher devant le feu, & le chauffer.
Barometre portatif, est un barometre construit