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teint. Son pédicule est douçâtre ; sa racine a d’abord le même goût : mais ensuite on y découvre celui d’artichaut. Elle rougit un peu le papier bleu ; ce qui fait conjecturer que le sel ammoniac y est un peu plus développé que dans la feuille. On tire de cette plante par l’analyse, du sel volatil concret ; & l’on peut penser que son sel approche de l’ammoniac, & qu’il est nittreux ; puisqu’il y a détonation quand on brûle la feuille.

La bardane est diurétique, sudorifique, pectorale, hystérique, vulnéraire, fébrifuge. Sa racine & sa feuille sont salutaires dans la pleurésie. On en fait prendre l’eau à grands verres, après avoir fait prendre les germes d’une douzaine d’œufs frais, délayés dans un demi-verre de la même eau. Sa décoction purifie le sang, & soulage ceux qui ont des maux vénériens. Il faut la préférer dans la petite vérole, à la tisane de scorzonere.

Les Auteurs lui attribuent beaucoup d’autres propriétés. Voyez l’histoire des Plantes des env. de Paris.

* BARDARIOTES, s. m. pl. (Hist. anc.) soldats de la garde de l’empereur de Constantinople. Ils étoient vêtus de rouge, couverts d’un bonnet à la Persanne, appellé augurot, & bordé de drap couleur de citron, & armés de bâtons & de baguettes, pour éloigner le peuple du passage de l’empereur. Ils veilloient aux portes du palais. Ils étoient Persans d’origine. Ils avoient pris le nom de bardariotes, du fleuve Bardarius, sur lequel un des empereurs, qu’on ne nomme pas, les avoit transportés. Nicétas leur donne les noms de bardouques & de manclavites. Leur poste à l’armée étoit au septentrion de la tente impériale, où ils faisoient la garde. Ils obéissoient au primicerius, ou comite de la cour. Macri pense que les bardariotes sont les mêmes que les barbutes.

BARDE, s. f. (Hist. mod.) c’est, en vieux langage, l’armure des chevaux des anciens chevaliers & soldats qui étoient équipés de tout point ; elle étoit de fer ou de cuir, & couvroit le cou, le poitrail & les épaules du cheval ; c’est ce qu’on appelloit equi cataphracti. (G)

Barde ou Panneau (Manege & Sellier.) longue selle qui n’a ni fer, ni bois, ni arçons, & qui est faite de grosse toile piquée & bourrée. Grison & plusieurs autres auteurs Italiens, veulent qu’on se serve au manege d’une bardelle pour les poulains, & d’un caveçon à mettre sous leur nez ; c’est une invention qui ne sert qu’à perdre le tems ; on appelle en Italie ceux qui trottent les poulains en bardelle, cavalcadours ou scozzoni. (V)

* Barde (ile de) Géog. île d’Asie, sur la côte de Malabar, au nord & à peu de distance de Goa.

Bardé, adj. terme de Blason, il se dit d’un cheval caparaçonné.

Riperda, au pays de Groningue, de sable au cavalier d’or, le cheval bardé & caparaçonné d’argent. (V)

* BARDEAU, s. m. (Couvreurs.) ces ouvriers appellent ainsi de petits morceaux de mairin débité en lattes de dix à douze pouces de long sur six à sept de large ; dont ils se servent pour couvrir des bâtimens peu considérables. Si ces lattes sont faites de douves de vieilles futailles, on les appelle aussi des bardeaux.

* BARDENOCHE, s. f. (Commerce.) étoffe dont il est fait mention dans le tarif de la douanne de Lion, qui se fabrique dans le royaume, mais qu’on ne connoît point à Paris.

BARDER, verb. act. c’est, parmi les cuisiniers, couvrir une piece de viande d’une bande de lard coupée fort mince, pour ralentir l’action du feu sur cette piece, qui se secheroit trop sans cette précaution, ou même brûleroit, & pour en relever le goût.

Barder, c’est, en Architecture, l’action de charger une pierre sur un chariot, sur un bar (Voyez Bar &

Chariot) pour la mener du chantier au pié du tas. (P)

Barder un cheval (Manege.) c’est lui mettre une barde. Voyez Barde. Dans les carrousels, on voit des chevaux bardés & caparaçonnés. V. Carrousels. (V)

BARDES, s. m. pl. (Hist. anc.) ministres de la religion chez les anciens Gaulois, qui habitoient dans l’Auvergne & dans la Bourgogne, où ils avoient un collége. Leur profession étoit d’écrire en vers les actions immortelles des héros de leur nation, & de les chanter au son d’un instrument qui ressembloit assez à la lyre. Voici comme en parle Lucain :

Vos quoque qui fortes animas, belloque peremptas,
Laudibus in longum vates dimiltitis œvum,
Plurima securi fudistis carmina Bardi
.

Les Bardes & les Druides différoient en ce que ceux-ci étoient les prêtres & les docteurs de la nation, & que les Bardes n’étoient que poëtes ou chantres. Cependant l’autorité de ceux-ci, quoiqu’inférieure à celle des Druides, étoit si respectée des peuples, qu’on raconte qu’ils avoient fait quitter les armes à des partis prêts à se charger. Larrey, Pasquier & Bodin leur donnent le titre de prêtres & de philosophes ; & Cluvier y ajoûte celui d’orateurs, mais sans fondement. Strabon, plus voisin du tems auquel ont vécu les Bardes, compte trois sectes parmi les Gaulois ; les Druides, les Bardes, & les Evates. Les Bardes, ajoûte-t-il, sont chantres & poëtes ; les Evates, prêtres & philosophes ; & les Druides, à la philosophie naturelle, c’est-à-dire la Physique, ajoûtent la science des mœurs. Mais Hormius réduit ces sectes à deux classes, les Bardes & les Druides ; d’autres n’en font qu’un corps, sous le nom générique de Druides. Cluvier, fondé sur ce que Tacite traitant des mœurs des anciens Germains, fait mention de leurs chants & de leurs poëmes historiques, veut que ces peuples ayent eu aussi des poëtes nommés Bardes.

Bochart fait dériver ce nom de parat, chanter. Camden convient avec Festus que Barde signifie un chantre, en Celtique Bard : d’autres tirent ce nom de Bardus, ancien Druide, fils de Drys, le cinquieme roi des Celtes. (G)

BARDESANISTES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) nom d’une secte d’hérétiques, ainsi appellés de Bardesanes Syrien, qui vivoit dans le second siecle & demeuroit à Edesse, ville de Mésopotamie. Si l’on en croit saint Epiphane, Bardesanes fut d’abord catholique, & se distingua autant par son savoir, que par sa piété, ayant écrit contre Marcion & d’autres hérétiques. Eusebe, au contraire, en parle comme d’un homme qui a toûjours été dans l’erreur. Il fut d’abord engagé dans celles de Valentin, en reconnut une partie, en retint une autre, & y en ajoûta de nouvelles de son propre fonds. Quoiqu’il admît l’ancien & le nouveau Testament, il adoptoit aussi quelque livres apocryphes ; & dans un de ses écrits intitulé du Destin, il soûtenoit que les actions des hommes étoient nécessitées, & que Dieu lui-même étoit sujet au destin. Il imagina aussi plusieurs générations d’Eons, voyez Eon, & nia la résurrection des morts. Ses sectateurs allerent plus loin, & nierent l’incarnation & la mort de Jesus-Christ, prétendant que c’étoit seulement un corps phantastique qui étoit né de la vierge Marie, & que les Juifs avoient crucifié, par où ils retomboient dans l’hérésie de Marcion, que leur maître même avoit combattue. Strumzius a écrit l’histoire des Bardesanistes. (G)

BARDEUR, s. m. pl. terme de bâtiment, on nomme ainsi les ouvriers qui chargent les pierres sur un chariot, ou qui les portent, sur une civiere ou sur un bar, du chantier au pié du tas. Voyez Bar. (P)

* BARDEWICK (Géog.) ancienne & grande vil- -