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veçons de corde & de cuir, servent à faire passer les chevaux entre deux piliers.

CAVELAN, (Géog.) royaume d’Asie dans les Indes, tributaire de celui de Pégu.

CAVELIN, s. m. (Commerce.) on nomme ainsi à Amsterdam ce que nous appellons en France un lot en termes de commerce.

Dans les ventes au bassin qui se font à Amsterdam, c’est-à-dire, dans les ventes publiques où les marchandises se crient en présence des vendu-meesters ou commissaires députés des bourguemestres ; il y a certaines sortes de marchandises dont le vendeur fait les cavelins aussi grands ou aussi petits qu’il le juge-à-propos, par rapport ou à leur valeur ou à la quantité qu’il en veut vendre ; & d’autres dont les cavelins sont reglés par l’ordonnance du bourguemestre.

De la premiere sorte sont la cochenille, les soies, l’indigo, le poivre, le caffé, le sucre de Bresil, les prunes, & plusieurs autres : de la seconde sont les vins, les eaux-de-vie, le vinaigre. Ces cavelins se reglent par balles, caisses, serons, pieces, demi-pieces ; & ceux des liqueurs, par tonneaux, bariques, bottes, pipes, aams, avec tant de plokpenin, c’est-à-dire de denier à Dieu, par cavelin. Voyez-en le détail dans le Dictionn. du commerce, tome II. page 135. (G)

CAVENTENIER, s. m. (terme de Corderie.) est une petite corde composée de six, neuf, douze, ou dix-huit fils : cette sorte de aussiere se fabrique à trois torons ; par exemple, si on veut faire un caventenier de douze fils, on en forme trois torons de quatre fils chacun ; on leur donne au moyen du roüet le tors convenable, & ensuite on commet ensemble les trois torons.

CAVER, verb. neut. (en Escrime.) est le contraire d’opposer. Voyez Opposition. C’est par conséquent s’exposer à recevoir un coup d’épée dans le même tems qu’on le porte.

On appelle improprement quarte sur les armes, l’action de caver dehors & sur les armes ; car pour caver, il faut porter une estocade de tierce, avant le bras & la main droite placés & tournés comme pour parer en quarte, ou porter une estocade de quarte, ayant le bras & la main droite placés & tournés comme pour parer en tierce.

CAVERNE, s. f. (Hist. nat. & Physiq.) réduit obscur & soûterrain d’une certaine étendue.

Les cavernes se trouvent dans les montagnes, & peu ou point du tout dans les plaines : il y en a beaucoup dans les îles de l’Archipel, & dans plusieurs autres îles ; & cela parce que les îles ne sont en général que des dessus de montagnes. Les cavernes se forment, comme les précipices, par l’affaissement des rochers, ou comme les abysmes, par l’action du feu ; car pour faire d’un précipice ou d’un abysme une caverne, il ne faut qu’imaginer des rochers contrebutés & faisant voûte par-dessus ; ce qui doit arriver très-souvent lorsqu’ils viennent à être ébranlés & déracinés. Les cavernes peuvent être produites par les mêmes causes qui produisent les ouvertures, les ébranlemens, & les affaissemens des terres ; & ces causes sont les explosions des volcans, l’action des vapeurs soûterraines, & les tremblemens de terre ; car ils font des bouleversemens & des éboulemens qui doivent nécessairement former des cavernes & des ouvertures de toute espece. Voyez, &c.

La caverne de saint Patrice en Irlande n’est pas aussi considérable qu’elle est fameuse ; il en est de même de la grotte du chien près de Naples, & de celle qui jette du feu dans la montagne de Beni-guazeval, au royaume de Fez. Dans la province de Darby en Angleterre, il y a une grande caverne, fort considérable, & beaucoup plus grande que la fameuse caverne de

Bauman auprès de la forêt Noire, dans le pays de Brunswick. On a appris par une personne aussi respectable par son mérite que par son nom (Mylord comte de Morton) que cette grande caverne, appellée Devil’s-hole (trou du diable) présente d’abord une ouverture fort considérable, comme celle d’une très grande porte d’église ; que par cette ouverture il coule un gros ruisseau ; qu’en avançant, la voûte de la caverne se rabaisse si fort, qu’en un certain endroit on est obligé, pour continuer sa route, de se mettre sur l’eau du ruisseau dans des bacquets fort plats, où on se couche pour passer sous la voûte de la caverne, qui est abaissée dans cet endroit au point, que l’eau touche presqu’à la voûte : mais, après avoir passé cet endroit, la voûte se releve, & on voyage encore sur la riviere jusqu’à ce que la voûte se rabaisse de nouveau, & touche à la superficie de l’eau ; & c’est-là le fond de la caverne, & la source du ruisseau qui en sort. Il grossit considérablement dans de certains tems, & il amene & amoncelle beaucoup de sable dans un endroit de la caverne qui forme comme un cul-de-sac, dont la direction est différente de celle de la caverne principale.

Dans la Carniole, il y a une caverne auprès de Potpechio, qui est fort spacieuse, & dans laquelle on trouve un grand lac soûterrain. Près d’Adelsperg, il y a une caverne dans laquelle on peut faire deux milles d’Allemagne de chemin, & où on trouve des précipices très-profonds. Voyez Act. erud. Lips. an. 1689. page 558. Il y a aussi de grandes cavernes & de belles grottes sous les montagnes de Mendipp, dans la principauté de Galles ; on trouve des mines de plomb auprès de ces cavernes, & des chênes enterrés à 15 brasses de profondeur. Dans la province de Glocester, il y a une très-grande caverne qu’on appelle Penpark-hole, au fond de laquelle on trouve de l’eau à 32 brasses de profondeur ; on y trouve aussi des filons de mine de plomb.

On voit bien que la caverne de Devil’s-hole, & les autres dont il sort de grosses fontaines ou des ruisseaux, ont été creusées & formées par les eaux qui ont emporté les sables & les matieres divisées, qu’on trouve entre les rochers & les pierres ; & on auroit tort de rapporter l’origine de ces cavernes aux éboulemens & aux tremblemens de terre.

Une des plus singulieres & des plus grandes cavernes que l’on connoisse, est celle d’Antiparos, dont M. de Tournefort nous a donné une ample description. On trouve d’abord une caverne rustique d’environ 30 pas de largeur, partagée par quelques piliers naturels ; entre les deux piliers qui sont sur la droite, il y a un terrein en pente douce, & ensuite jusqu’au fond de la même caverne une pente plus rude d’environ 20 pas de longueur : c’est le passage pour aller à la grotte ou caverne intérieure ; & ce passage n’est qu’un trou fort obscur, par lequel on ne sauroit entrer qu’en se baissant, & au secours des flambeaux. On descend d’abord dans un précipice horrible, à l’aide d’un cable que l’on prend la précaution d’attacher tout à l’entrée ; on se coule dans un autre bien plus effroyable, dont les bords sont fort glissans, & répondent sur la gauche à des abysmes profonds. On place sur les bords de ces gouffres une échelle, au moyen de laquelle on franchit, en tremblant, un rocher tout-à-fait coupé à plomb ; on continue à glisser par des endroits un peu moins dangereux : mais dans le tems qu’on se croit en pays praticable, le pas le plus affreux vous arrête tout court, & on s’y casseroit la tête, si on n’étoit averti ou arrêté par ses guides. Pour le franchir, il faut se couler sur le dos le long d’un gros rocher, & descendre une échelle qu’il faut porter exprès ; quand on est arrivé au bas de l’échelle, on se roule quelque tems encore sur des rochers, & enfin on arrive dans la grotte. On compte