Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/768

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lés, ou par voie de génération, ou par voie de végétation. Leur description fait le travail des Naturalistes.

Le travail constant & infatigable de la nature la fait envisager dans un état d’action, dont la connoissance devient intéressante par le desir de dévoiler ses mysteres ; de-là l’étude de la Physique.

L’étude de la nature en action conduit nécessairement à celle de l’état de vie. Une curiosité bien placée par l’intérêt qu’on prend & qu’on doit prendre à sa conservation, détermine l’homme studieux à approfondir la machine animale, pour savoir en quoi consiste la vie ; quels en sont les ressorts ; ce qui en fait la bonne œconomie & la santé, & pour decouvrir aussi les causes & les regles de sa destruction ou de sa langueur ; d’où la Medecine.

Après avoir considéré la nature sous ses différentes faces, il n’étoit pas naturel d’oublier le plus admirable de ses aspects ; celui où s’appliquant & cherchant à connoître, elle paroît toute spirituelle. L’esprit humain se repliant souvent sur lui-même & sur ses opérations, s’étudie & travaille sur son propre fonds, non-seulement pour se comprendre ainsi que tout ce qu’il imagine être comme lui au-dessus de la sphere corporelle, mais encore pour se faire une méthode de penser & de raisonner, qui serve à le conduire au vrai & au bon. Voilà les raisons sur lesquelles sont fondées les divisions de la Philosophie, dont nous allons rendre compte en particulier.

Les Mathématiques ayant pour objet le nombre & la grandeur, se divisent en Arithmétique & Géométrie ; sous le nom d’Arithmétique est compris l’Algebre.

La Cosmographie se divise en Astronomie & Géographie.

La Physiographie s’attache à faire connoître les productions de la nature, & se divise en Psycologie & Végétologie.

La Psycologie considere les êtres produits par voie de génération, & doüés de vie ; c’est-à-dire, des animaux de toute espece.

La Végétologie comprend tout ce qui est produit par l’action continuelle de la nature, tels que sont les plantes, les fruits, les métaux, les minéraux, les coquillages, &c.

La Physique est ou spéculative ou pratique.

La spéculative renferme les systèmes, & la pratique les expériences.

La Medecine a pour but ce qui concerne la vie & la santé de l’animal : ses deux branches sont la Physiologie & Pathologie.

La Physiologie considere la constitution, les fonctions, & toute l’œconomie des parties qui composent le corps animé.

La Pathologie étudie les altérations qui peuvent troubler cette machine vivante ; comment on peut prévenir ces accidens, & y remédier : ce qu’on nomme diete & thérapeutique qui, ainsi que la Chirurgie & la Pharmacopée, appartiennent à ce dernier ordre.

La Spiritologie se divise en Métaphysique & Logique.

La Métaphysique cherche à connoître ce que c’est que l’esprit & la pensée, les propriétés & les opérations de l’ame raisonnable. Elle pousse même ses recherches jusqu’à la divinité.

La Logique s’applique à conduire l’esprit humain dans les routes de la vérité par des regles sûres & lumineuses. C’est à elle qu’appartient tout ce qui regarde la direction du raisonnement, soit dans la position des principes, soit dans la déduction des conséquences.

PHILOLOGIE. Lexicologie, Éloquence, Poemes, Theatres, Lettres, Critique.

Les avantages que procurent les graces du discours, à ceux qui les possedent, font que les hommes se portent avec ardeur à ce qui peut perfectionner leur langage, & leur valoir la réputation de bel esprit. De-là une foule d’ouvrages caractérisés par un goût particulier pour l’art de la parole, & par les tournures & les idées singulieres d’une imagination ingénieuse. Le mot de Philologie caractérise parfaitement ce genre de littérature, qui se divise comme les autres en six classes.

La Lexicologie embrasse tout ce qui concerne les langues, soit pour en donner l’intelligence, en conserver la pureté, en faire connoître le génie. Les auteurs de cette classe sont ou grammairiens ou vocabulistes.

Les grammairiens établissent des regles & des principes, discutent la nature des mots pour en connoître les divers accidens, &c. ils traitent aussi de l’orthographe & de la ponctuation.

Les vocabulistes font des observations sur la pureté du langage, en distinguent le bon usage du mauvais. Ils travaillent enfin à bien représenter la valeur ou la signification des mots, & font ce qu’on nomme dictionnaire.

L’Éloquence a pour objet les embellissemens du discours : tantôt elle enseigne les regles de son art, tantôt elle les met en œuvre ; ce qui distingue ses écrivains en rhéteurs & en orateurs.

Les rhéteurs donnent des préceptes sur les figures du langage, la construction des périodes, &c.

Les orateurs sont uniquement appliqués à l’exécution. Les oraisons funebres, les discours académiques, les éloges des hommes illustres, &c. composent cet ordre.

Les Poemes, par leur grande diversité, ne sont pas d’une division aussi facile dans l’arrangement d’une bibliotheque, que dans un traité de poësie. Il faut donc chercher dans le génie même de la poësie quelque différence assez grande pour que les poëtes qui se sont attachés à une espece se soient rarement attachés à l’autre, & que par conséquent on puisse fonder là-dessus un partage convenable au système bibliographique. Mr l’abbé Girard trouve dans la verve poëtique deux ames qui vont peu ensemble : l’une élevée & sérieuse, qui frappe vivement l’imagination par la force des images ; l’autre voluptueuse, qui flate ou amuse par l’agrément ou la douceur de la mélodie : de façon qu’il distingue les poëmes en épimétriques & lyriques.

Les épimétriques s’adressent à l’esprit ; ils narrent, peignent, raisonnent ou font parler ; tels sont les poëmes épiques ou héroïques, les odes, les élegies, les satyres, les éclogues, les idylles, les madrigaux, les épigrammes, &c.

Les lyriques sont faits pour les organes de la voix & des oreilles ; ce sont les chansons.

Le Theatre. M. l’abbé Girard en fait une classe à part & distinguée des poëmes, parce qu’il n’y regarde la versification que comme un accessoire qui ne sert point à caractériser cette sorte d’ouvrages, étant manifestement marqués à un coin très-différent de celui de la cadence & de la mesure des expressions. Ceux qui ont consacré leurs talens aux pieces de théatre se distinguent en tragiques & en comiques.

Les Lettres. Il n’est ici question que des lettres amusantes : celles qui traitent de dévotion ou de politique appartiennent à d’autres classes. Dans celle-ci on les divise en ingénieuses & galantes, selon que l’esprit & le cœur y ont part.

La Critique examine, juge & met au creuset