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En effet, c’est le ribes nigrum ou nigra, ribes fructu nigro, folio olente des Botanistes.

Ses feuilles sont semblables à celles de la vigne ; elles sont larges, un peu velues en-dessous, d’une odeur fétide, ainsi que ses fleurs qui naissent du même tubercule plusieurs ensemble, ramassées en grappe, & ressemblant à celles du groselier blanc épineux. Ses baies sont oblongues, noires, acides, soit qu’elles soient mûres, soit qu’elles soient vertes, d’une saveur peu agréable. Cette plante vient communément dans le Poitou & la Touraine : elle est plus rare aux environs de Paris, & on la trouve seulement auprès de Montmorency.

On la cultive dans quelques jardins, mais très-rarement, à cause de son peu d’efficace réelle en Medecine. Sa principale vertu consiste à être apéritive & diurétique : c’est pourquoi quelques auteurs prescrivent le suc exprimé de ses feuilles fraîches, leur infusion ou décoction, dans les douleurs de reins & de la vessie.

On prépare dans plusieurs boutiques d’Apothicaires un sirop, ou une conserve des feuilles ; & dans quelques maisons une gelée du fruit, qui n’a ni l’odeur, ni l’agrément de celle des groseilles rouges.

Paul Contant a vanté si fortement, si positivement les vertus du cassis pour la guérison de l’hydropisie & de la morsure des viperes, qu’il a trouvé bien des gens qui lui ont ajoûté foi. Cet Apothicaire de Poitiers est le premier qui a mis cette plante en réputation dans les provinces méridionales de France ; & par une bisarrerie qui dépend peut-être de la mauvaise odeur de ses fleurs, de ses feuilles, & du mauvais goût de son fruit, elle a trouvé de tems en tems des panégyristes qui ont du moins ressuscité la mémoire de son nom.

On vit paroître en 1712 à Bourdeaux, un petit traité intitulé Propriétés admirables du cassis, dans lequel il est vanté comme une panacée universelle pour toutes sortes de maladies. Peu de tems après, M. Chauvelin, qui a été intendant de Touraine, ensuite de Picardie, conseiller d’état, mais qui n’étoit pas medecin, s’engoüa des vertus du cassier, & répandit dans le public pour la guérison de la rage une composition, qu’on disoit éprouvée, dont les feuilles de cet arbrisseau étoient la base.

Enfin il y a environ dix ans qu’on renouvella en Guienne les anciens éloges qu’on avoit ci-devant prodigués au cassis : mais comme nous donnons avec vivacité dans les nouveautés réelles ou prétendues, nous nous en dégoûtons de même. Ces éloges tomberent l’année suivante ; la composition de M. Chauvelin contre la rage, a fait place à d’autres ; & toutes les vertus du cassis contre la morsure des viperes, l’hydropisie, la pierre, & le rhûmatisme, se sont évanoüies dans pays où on les avoit ressuscitées. Article communiqué par M. le chev. de Jaucourt.

Cassis, (Géog.) petite ville de France en Provence, avec un petit port de mer.

CASSOLETTE, s. f. (Architecture.) espece de vases isolés de peu de hauteur, composés de membres d’architecture & de sculpture, du sommet & souvent des côtés desquels s’exhalent des flammes ou des parfums affectés. Ils servent souvent d’amortissement à l’extrémité supérieure d’une maison de plaisance, comme on voit au château de Marli ; ou bien ils couronnent les retables d’autels : on les employe aussi dans la décoration des catafalques, des

arcs de triomphes, feux d’artifices, &c. (P)

Cassolette, (Parfumeur.) on donne ce nom à deux instrumens destinés au même effet, mais d’une forme différente : l’un est une espece de réchaud sur lequel on fait brûler des parfums ; l’autre est une petite boîte d’or ou d’argent portative, dans laquelle on les renferme.

On appelle aussi cassolette la composition odoriférante. Il est inutile de donner cette composition. On formera une cassolette de l’amas de tout ce qui rend une odeur agréable, observant toutefois qu’il y ait une certaine analogie entre les odeurs ; car il peut arriver ou qu’elles soient rendues plus suaves, ou qu’elles se corrompent par le mêlange.

* CASSONADE, s. f. (Hist. nat.) espece de sucre que les Portugais du Bresil ont les premiers apporté en France ; & comme ils le livroient dans des caisses qu’ils appellent casses, on lui a donné le nom de cassonade. Voyez l’article Sucre.

* CASSORORARI, (Hist. nat. Ichthyolog.) petit poisson de mer de la grosseur de l’anchois, & beaucoup plus recherché. Il se pêche dans les mers des Indes occidentales. On dit qu’il a deux prunelles à chaque œil, à l’aide desquelles on ajoûte qu’il voit en même tems en-dessus & en-dessous.

CASSOVIE ou CASCHAU, (Géog.) ville forte de la haute Hongrie, capitale du comté d’Abanwyvar. Long. 38. 28. lat. 48. 38.

CASSUBIE, (la) Géog. continent d’Allemagne dans la Poméranie ultérieure, sur la mer Baltique. Ses villes les plus considérables sont Colberg, Belgard, & Coslin.

CASTAGNEDOLI, (Géog.) petite ville d’Italie dans les états de la république de Genes.

CASTAGNEDOLO, (Géog.) ville d’Italie dans le Brescian, dépendante de la république de Venise.

* CASTAGNETTES, s. m. pl. (Musiq. & Luth.) instrument de percussion en usage chez les Maures, les Espagnols, & les Bohémiens. Il est composé de deux petites pieces de bois, rondes, séches, concaves, & de la grandeur à peine d’un écu de six livres. On s’en sert pour accompagner des airs de danse ; les concavités s’appliquent l’une contre l’autre quand on en joue. C’est pour cet effet que les deux pieces sont attachées ensemble par un cordon passé dans un trou percé à une petite éminence laissée au bord de la castagnette, & qui en est comme le manche. Le cordon se tourne ou sur le pouce ou sur le doigt du milieu ; s’il est tourné sur le pouce, c’est le doigt du milieu qui fait résonner les concavités l’une sur l’autre ; s’il est tourné sur le doigt du milieu, ce sont les doigts libres de part & d’autre qui font la même fonction. Les castagnettes marquent le mouvement, & doivent au moins battre autant de fois qu’il y a de notes dans la mesure. Ceux qui en joüent habilement, peuvent doubler, tripler. Voyez la figure de cet instrument Planche XI. de Luth. fig. 21.

La tablature des castagnettes se marque par des notes de Musique placées au-dessus & au-dessous d’une même ligne. Celles qui sont au-dessus sont pour la main gauche, & celles qui sont au-dessous, sont pour la main droite. La ligne de la tablature doit être tranchée de mesure en mesure par une ligne perpendiculaire, afin de distinguer les mesures. Il doit y avoir aussi au commencement de la ligne une clé & le signe de la mesure. Exemple :