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avec les autres Juifs, aussi-bien que dans la maniére de tuer & de préparer les viandes permises : ils en different seulement sur les especes d’impuretés & de pollutions légales.

Peringer dit que les Caraïtes de Lithuanie sont fort différens, & pour le langage & pour les mœurs, des Rabbinistes dont ce pays est plein ; qu’ils parlent la langue Turque dans leurs écoles & leurs synagogues, à l’exemple des Tartares Mahométans ; que leurs synagogues sont tournées du septentrion au midi, parce que, disent-ils, Salmanasar ayant transporté leurs peres dans des provinces situées au nord de Jerusalem, ceux ci pour prier, regardoient le côté où étoit située la Ville sainte, c’est-à-dire le midi. Le même auteur ajoûte qu’ils admettent tous les livres de l’Ancien-testament ; opinion opposée à celle du plus grand nombre des savans, qui prétendent que les Caraïtes ne reconnoissent pour canonique que le Pentateuque, & ne reconnoissent que trois prophetes, savoir, Moyse, Aaron & Josué.

Caleb réduit à trois points toutes les différences qui se rencontrent entre les Caraïtes & les Rabbinistes ; savoir, que les premiers nient, 1° que la loi orale ou la tradition viennent de Moyse, & rejettent la cabale. 2°. Ils abhorrent le Thalmud. 3°. Ils observent les fêtes comme le sabbat &c. beaucoup plus rigoureusement que leurs adversaires, à quoi l’on peut ajoûter qu’ils étendent presque à l’infini les dégrés prohibés pour le mariage. Voyez Cabale, , Sabbat , &c. Les Caraïtes ont encore ceci de particulier, que, selon l’ancienne coutûme des Juifs, ils reglent leurs fêtes sur l’apparision de la lune, & blâment les Rabbinistes qui, dans leur calendrier, se servent des calculs astronomiques. Voyez Rabbinistes. (G)

CARA-KALPACKS, (Géog.) peuple qui habite en Asie, dans le Turquestan.

CARAMAN, (Géog.) ville & royaume d’Afrique en Ethiopie, dont l’existence est douteuse.

* CARAMBOLAS, (Hist. nat. bot.) pommier des Indes à fruit oblong, avec un petit ombilic ; garni à son extrémité de cinq côtes fort épaisses, & couvert d’une peau mince, adhérente à la pulpe, lisse, éclatante, verte d’abord, puis jaunâtre. Ce fruit contient dix graines oblongues, pentagonales, mousses par un bout, pointues par l’autre, séparées par quelques pellicules dures & membraneuses, qui forment des cellules où les graines sont deux à deux. On cultive cette plante dans les jardins : trois ans après avoir été greffée elle porte fleurs & fruits trois fois l’an : on lui attribue beaucoup de propriétés médicinales, qu’on peut voir dans l’histoire des plantes de Ray.

CARAMINNAL, (Géog.) petite ville d’Espagne sur la côte de Galice.

CARAMOUSSAL, sub. m. (Marine.) C’est un vaisseau marchand de Turquie construit en huche ; c’est-à-dire qui a la poupe fort haute. Cette sorte de bâtiment n’a ni misene ni perroquets que le seul tourmentin, & porte seulement un beaupré, un petit artimon & un grand mât : ce mât avec son hunier s’éleve à une hauteur extraordinaire, & il n’y a que des galaubens & un étai, répondant de l’extrémité supérieure du mât de hune à la moitié du tourmentin ; sa grande voile porte ordinairement une bonnette maillée. (Z)

CARAMANICO, (Géog.) ville d’Italie au royaume de Naples dans l’Abbruzze.

CARAMANIE, (Géog.) province de la Turquie en Asie dans la Natolie ; Satalie en est la capitale.

CARAMANTA, (Géog.) province de l’Amérique méridionale, bornée au nord par le pays de Carthagene & la nouvelle Grenade, au midi par le Popayan, à l’occident par l’audience de Panama : la capitale porte le même nom. Long. 305. lat. 5. 18.

CARANCEBES ou Karan-sebes,) (Géog.) ville de la basse Hongrie, au confluent de la Sebes & du Temes.

* CARANDAS ou ANZUBA, (Hist. nat. bot.) espece de plante ou d’arbuste des Indes orientales, dont la feuille ressemble beaucoup à celle du fraisier, & suivant d’autres à celles du Tamarin ; il produit plusieurs fleurs odoriferentes ; son fruit ressemble à une petite pomme, qui est verte au commencement, & pleine d’un suc blanc comme du lait ; mais lorsqu’elle mûrit, elle devient noirâtre, & prend un goût assez semblable à celui du raisin. Il y a des gens qui en tirent le suc pour en faire une espece de verjus : on mange aussi ce fruit confit dans du vinaigre & du sel ; on dit qu’il est propre à exciter l’appétit. Il s’en trouve beaucoup au royaume de Bengale.

* CARANGUE, (Hist. nat. Zoolog.) poisson de mer très-commun aux Indes occidentales, & sur-tout aux Antilles ; on en trouve souvent de deux ou trois piés de long, un peu plats ; ils ont les yeux grands & la queue fourchue ; la chair en est excellente & se mange à toute sauce.

CARANGUER, (terme de Riv.) c’est un terme dont les matelots du pays d’Aunis se servent pour dire agir : ce maître est un grand carangueur, c’est-à-dire qu’il est agissant. Cette expression n’est point en usage hors du batteau. (Z)

CARANGUES, (Géog.) peuple de l’Amérique méridionale au Pérou.

* CARANNA, (Hist. nat. bot.) on varie sur la description de cet arbre : les uns disent qu’il est haut & fort ; d’autres que c’est une sorte de palmier dont on fend l’ecorce, & qui rend la résine ou gomme cendrée ou blanchâtre, qui porte son nom. Cette gomme est en dedans de la couleur de la poix, a le goût amer, gras & oléagineux, l’odeur forte, aromatique & tirant sur celle de la lavande : on l’apporte de Carthagene en masses molles, envelopées dans des morceaux de jonc. La plus blanche est la meilleure. Ses propriétés sont à peu-près les mêmes que celles du Tacamahaca. Voyez Tacamahaca.

Cette gomme ne se dissout que dans l’esprit-de-vin ; c’est ce qui a donné lieu à M. Geoffroy de dire que l’on l’appelle improprement gomme. Elle est fondante, discussive, résolutive.

On la mêle dans un mortier chaud avec le baume de Copahu, & on l’applique avec succès sur l’épigastre, dans les douleurs d’estomac, dans les affections des hypochondres.

Délayée avec de l’huile d’ambre, elle est excellente dans la goutte. Schroder recommande pour la goutte une emplâtre faite avec une once de gomme caranna, une demi-once de cire jaune, & une quantité raisonnable d’huile.

On trouve dans Pomet la description d’un baume fait avec le caranna qu’il dit être très en usage en Amérique pour les plaies. (N)

CARAQUE, s. f. (Marine.) c’est le nom que les Portugais donnent aux vaisseaux qu’ils envoyent au Bresil & aux Indes orientales. Il les appellent aussi naos, comme voulant dire navires par excellence. Ce sont de très-grands vaisseaux ronds, également propres pour le combat & pour le commerce, plus étroits par le haut que par le bas ; qui ont quelquefois sept ou huit planchers, & sur lesquels on peut loger jusqu’à deux mille hommes. Ces sortes de bâtimens ne sont plus en usage ; il y en avoit du port de deux mille tonneaux. La capacité des caraques consiste plus dans le creux qu’elles ont, que dans leur longueur & largeur. Cette profondeur des caraques, & la maniere dont elles sont construites, assez foible d’échantillon, les rend sujettes à se renverser lorsque leur charge n’est pas entierement complette : mais lorsqu’elles