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vers l’avant. Les voiles sont ou de nattes, ou de toile, ou de joncs entrelacés.

On voit pourtant en Moscovie, sur le lac de Wolda, des canots arrondis à l’avant & à l’arriere, & beaucoup plus larges au milieu que par les bouts : on les fait avancer avec une seule rame, dont on se sert à l’arriere : mais tous les autres canots de ce pays-là sont aigus à l’arriere & à l’avant, & ont du relevement par les bouts : on les peint, on leur donne le feu, & on les braye pour les conserver.

Les canots dont se servent les Negres de la côte de Guinée, ne sont que des arbres creusés : ils sont d’une figure longue, & il ne leur reste guere de bois au-dessus de l’eau, de sorte que celui qui est à l’arriere & qui gouverne le canot se trouve souvent dans l’eau. Ils vont fort vîte, & ne laissent pas que d’aller assez avant en mer ; ils sont donc fort longs, bas, & étroits, & il n’y a d’espace dans la largeur que pour tenir un seul homme, & dans la longueur sept à huit : les hommes y sont assis sur de petits sieges de bois ronds, & la moitié de leur corps s’éleve au-dessus du bord. Ils ont à la main une rame de bois bien dur, & ils rament tous à la fois, à la maniere des galeres, & s’accordent ; ou si quelqu’un tire trop fort & que le bâtiment penche, il est redressé par celui qui gouverne, si bien qu’ils semblent voler sur la surface de l’eau, & il n’y a pas de chaloupe qui puisse les suivre d’un beau tems ; mais aussi quand la mer est haute, ils ne peuvent siller, l’élevation des flots empêchant leur aire. Lorsque la hame les renverse, ils ont l’adresse de les retourner dans l’eau, de les vuider, & de s’y rembarquer sans courir le moindre danger, nageant tous comme des poissons. Ces canots ont ordinairement 16 piés de long & un à deux piés de large. Il y en a de plus grands, qui ont jusqu’à 35 piés de long, 5 de large, & 3 de profondeur : ils sont plats par l’arriere, où il y a un gouvernail & un banc ; ils y ajoûtent des voiles faites de jonc & de natte. Les Negres ne laissent point leurs canots à l’eau ; ils les tirent à terre & les élevent sur quatre fourches pour les faire sécher ; & quand ils sont secs, deux hommes peuvent les charger sur leurs épaules & les porter.

Pour les construire & les creuser, les Negres se servent à présent de haches, que les Européens leur portent. Ils leur donnent aux deux côtés un peu de rétrécissement par le fond. Les bouts en sont pointus à l’avant & à l’arriere ; à chaque bout il y a une espece de petit éperon ou gorgere d’un pié de long, & large comme la paume de la main, qui sert à donner prise pour enlever le canot.

Les canots des Sauvages de la terre de Feu & des environs du détroit de Magellan, sont d’une fabrique particuliere. Ils prennent des écorces des plus gros arbres, qu’ils courbent pour leur donner des façons, si-bien qu’ils les rendent assez semblables aux gondoles de Venise ; pour cet effet ils les posent sur de petites pieces de bois, comme on feroit un vaisseau sur le chantier ; & lorsque l’écorce a pris la forme de gondole & le pli nécessaire, ils affermissent le fond & les côtés avec des bois assez minces, qu’ils mettent en travers depuis l’avant jusqu’à l’arriere, de même qu’on met les membres dans les vaisseaux ; & au haut sur le bord ils posent encore une autre écorce qui regne tout autour, prenant soin de bien lier le tout ensemble. Ces canots ont 10, 12, 14, & jusques à 16 piés de long & 2 de large ; ils sont à 7 ou 8 places, c’est-à-dire qu’il peut y tenir assez commodément sept ou huit hommes qui rament débout & extrèmement vîte.

Les canots des sauvages du détroit de Davis sont encore plus singuliers ; ces bateaux sont en forme de navette, longs de sept à huit piés & larges de deux piés, composés de petites baguettes de bois pliant en forme de claie, couvertes de peaux de chiens

marins ou loups marins. Chaque canot ne peut porter qu’un homme, qui s’assied dans un trou pratiqué au milieu. Ils s’en servent pour aller à la pêche, & d’une côte à l’autre.

Canot, jaloux ; c’est un canot qui a le côté foible, & se renverse aisément. (Z)

CANOURGUE, (la) Géog. petite ville de France dans le Gevaudan.

* CANSCHY, (Hist. nat. bot.) c’est le nom d’un arbre fort gros qui se trouve au Japon, dont les habitans du pays se servent pour faire une espece de papier. Voici comment ils s’y prennent. On coupe l’arbre à fleur de terre ; il continue à pousser de petits rejettons : quand ils sont de la grosseur du doigt, on les coupe, on les fait cuire dans un chaudron jusqu’à ce que l’écorce s’en sépare, on seche cette écorce, & on la remet cuire encore deux fois, en remuant continuellement, afin qu’il se forme une espece de bouillie ; on la divise & on l’écrase encore plus dans des mortiers de bois, avec des pilons de la même matiere ; on met cette bouillie dans des boîtes quarrées, sur lesquelles on met des grosses pierres pour en exprimer l’eau : on porte la matiere sur des formes de cuivre, & on procede de la même maniere que font les Papetiers.

CANSTADT, (Géog.) petite ville d’Allemagne en Soüabe sur le Necker, au duché de Wirtemberg.

CANTABRES, s. m. pl. (Géog.) anciens peuples de l’Espagne Tarragonoise : ils habitoient le pays de Guipuscoa, la Biscaye, les Asturies, & la Navarre : ils étoient très-belliqueux, & une liberté durable fut la récompense de leur courage.

CANTALABRE, s. m. (Architect.) ce mot n’est usité que parmi les ouvriers, & signifie le bandeau ou la bordure d’une porte ou d’une croisée. Il peut avoir été fait du Grec κατὰ, autour, & du Latin labrum, levre ou bord. (P)

CANTANETTES, s. f. (Marine.) petites ouvertures rondes, entre lesquelles est le gouvernail, & qui donnent la lumiere au gavon. Voyez Gavon, Gouvernail. (Z)

CANTARA, (Géog.) riviere de Sicile dans la vallée de Demona. Il y en a une autre de même nom en Sicile, dans la vallée de Noto.

CANTARO, (Commerce.) poids dont on se sert en Italie & ailleurs, pour peser certaines especes de marchandises.

Il y a plusieurs sortes de cantaros ; l’un pese cent cinquante livres ; l’autre cent cinquante-une livre, & le troisieme cent soixante livres. La livre de Livourne est de douze onces, poids de marc ; & celle de Paris, d’Amsterdam, de Strasbourg, & de Besançon, où les poids sont égaux, est de seize onces, aussi poids de marc ; ensorte que sur ce pié ces trois sortes de cantaros doivent rendre à Paris, Amsterdam, &c. celui de cent cinquante livres, cent trois livres huit onces ; celui de cent cinquante-une livres, cent quatre livres trois onces ; & celui de cent soixante livres, cent dix livres six onces trois gros, un peu plus. Voyez le dictionn. du Commerce.

* Cantaro ; on nomme ainsi le quintal dans l’île de Chypre, il contient 100 rotolis ou livres de Chypre, ce qui revient à près de 400 livres de notre poids. A Constantinople, à Florence, & à Livourne, le cantaro n’est pas si considérable.

Cantaro, est aussi une mesure de continence dont on se sert à Cochin. Il y en a jusqu’à trois qui different de quelques livres. On s’en sert suivant les diverses marchandises qu’on veut mesurer. Ordinairement le cantaro est de quatre rubis, & le rubis de trente-deux rotolis. Voyez Rubis & Rotolis. (G)

CANTATE, s. f. (Belles-Lettres.) petit poëme fait pour être mis en musique, contenant le récit