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près l’avoir gagné par le travail de leurs mains : il y en a qui ne mangent qu’une fois en trois jours, & d’autres deux fois en sept : pendant leurs sept semaines de carême, ils passent la plus grande partie de la nuit à pleurer & à gémir pour leurs péchés & pour ceux des autres.

Quelques auteurs observent qu’on donne particulierement ce nom aux religieux qui sont vénérables par leur âge, leur retraite & l’austérité de leur vie, & le dérivent du Grec καλὸς, beau, & γῆρας, vieillesse. Il est bon de remarquer que quoiqu’en France on comprenne tous les moines Grecs sous le nom de Caloyers, il n’en est pas de même en Grece : il n’y a que les freres qui s’appellent ainsi ; car on nomme ceux qui sont prêtres, Jéromonaques, Hieromonachi, Ἱερομοναχοί.

Les Turcs donnent aussi quelquefois le nom de caloyers à leurs dervis ou religieux. Voyez Dervis.

* Les religieuses caloyeres sont renfermées dans des monasteres, ou vivent séparément chacune dans leur maison. Elles portent toutes un habit de laine noire, & un manteau de même couleur ; elles ont la tête rasée, & les bras & les mains couvertes jusqu’au bout des doigts : chacune a une cellule séparée, & toutes sont soumises à une supérieure ou à une abbesse. Elles n’observent cependant pas une clôture fort réguliere, puisque l’entrée de leurs couvens, interdite aux prêtres Grecs, ne l’est pas aux Turcs qui y vont acheter de petits ouvrages à l’aiguille faits par ces religieuses. Celles qui vivent sans être en communauté, sont pour la plûpart des veuves, qui n’ont fait d’autre vœu que de mettre un voile noir sur leurs têtes, & de dire qu’elles ne veulent plus se marier. Les unes & les autres vont partout où il leur plaît, & joüissent d’une assez grande liberté à la faveur de l’habit religieux. (G)

CALPÉ, s. f. (Hist. anc.) course de jumens introduite & peu de tems après proscrite par les Eléens dans leurs jeux : elle consistoit, selon Pausanias, à courre avec deux jumens, dont on montoit l’une, & l’on menoit l’autre en main ; sur la fin de la course on se jettoit à terre, on prenoit les jumens par leurs mords, & l’on achevoit ainsi sa carriere. Amasée, dans sa version Latine de Pausanias, s’est trompé en rendant κάλπη, par carpentum, chariot, puisque dans l’auteur Grec il ne s’agit nullement d’une course de chars, mais d’une course de jumens libres & sans aucun attelage. Budé tire du Grec κάλπη, l’étymologie de nos mots François galop & galoper. En effet de κάλπη ou κάλπα, les Grecs ont fait καλπᾶν & καλπάζειν. Les Latins ont dit calpare & calupere, d’où nous avons formé galop & galoper. Mém. de l’Académie des B. L. tom. VIII. (G)

CALPÉ, (Géog.) haute montagne d’Espagne, au royaume d’Andalousie, au détroit de Gibraltar, qui fait l’une des colonnes d’Hercule. La montagne d’Abyla qui est en Afrique, vis-à-vis de celle-ci, fait l’autre.

CALPENTINE, (Géog.) petite île d’Asie, à l’ouest de celle de Ceylan, avec une ville de même nom, appartient aux Hollandois.

* CALQUE, s. m. (Hist. anc.) poids de la dixieme partie d’une obole. Voyez Obole.

CALQUER, (Peinture. Dessein.) maniere de dessiner, ou transporter un dessein d’un corps sur un autre.

Lorsqu’on veut calquer quelque dessein que ce soit, on en frotte le revers avec un crayon ou une pierre tendre de couleur quelconque, mais différente de celle du papier, ou autre matiere sur laquelle on veut transporter le dessein ; on applique le côté frotté de crayon sur le papier ou autre matiere où l’on veut porter le dessein, en l’y assujettissant d’une main, tandis que de l’autre on passe avec une pointe de fer émoussée sur chaque trait du dessein ; alors il s’impri-

me sur le papier placé dessous au moyen de la couleur,

dont le dessein est frotté sur son revers. Si l’on vouloit ne pas colorier le revers du dessein, on prépare avec cette même couleur un papier, qu’on place entre le dessein & le corps sur lequel on veut le porter, & l’on opere ainsi qu’il vient d’être dit. Lorsqu’un dessein est sur du papier assez mince pour qu’on en puisse voir les contours au-travers du jour, on assujettit dessus celui sur lequel on veut reporter ce dessein ; ensuite on les pose contre une vitre de chambre, ou contre une glace exposée au jour, ou bien on les applique sur une table où l’on a fait une ouverture ; on pose une lumiere dessous la table, & par l’une ou l’autre de ces manieres, on distingue tous les traits du dessein que l’on veut avoir promptement & exactement, & qu’on trace avec du crayon sur le papier qui se trouve dessus. Lorsqu’on veut avoir le dessein en sens contraire, au lieu de placer le papier sur le dessein même, on le place sur son revers, & l’on suit les traits comme on les voit. La pointe à calquer A fait ordinairement partie du porte-crayon brisé, représenté fig. 24. Plan. II. de la Gravure. (R)

CALQUERON, s. m. partie du métier des étoffes de soie. Le calqueron est un litteau de quatre piés de long sur un pouce de large & un pouce d’épaisseur : il sert à attacher les cordes qui répondent aux aleyrons pour faire joüer les lisses suivant le besoin, pour la fabrication de l’étoffe. On attache encore au calqueron les cordes ou estrivieres qui le sont aussi aux marches, pour donner le mouvement aux lisses.

CALSERY, (Géog.) ville d’Asie au royaume de Jamba, de la dépendance du grand Mogol.

* CALVAIRE, (Hist. & Géog.) montagne située hors de Jérusalem, du côté du septentrion, où l’on exécutoit les criminels, & où l’innocence même expira sur une croix.

Calvaire, s. m. (Hist. ecclés.) chez les Chrétiens est une chapelle de dévotion où se trouve un crucifix, & qui est élevée sur un tertre proche d’une ville, à l’imitation du calvaire où Jesus-Christ fut mis en croix proche de Jérusalem. Tel est le calvaire du Mont-Valérien près de Paris : dans chacune des sept chapelles dont il est composé, est représenté quelqu’un des mysteres de la Passion.

On dérive ce nom de calvus, chauve, parce que, dit-on, cette éminence à Jérusalem étoit nue & sans verdure ; & c’est en effet ce que signifie le mot hébreu Golgotha, que les interpretes Latins ont rendu par calvariæ locus.

Calvaire, (Congrégation de Notre-Dame du) Hist. ecclés. ordre de religieuses qui suivent la regle de S. Benoît. Elles furent fondées premierement à Poitiers par Antoinette d’Orléans de la maison de Longueville. Le pape Paul V. & le roi Louis XIII. confirmerent cet ordre en 1617 ; & le 25 Octobre, Antoinette d’Orléans prit possession d’un couvent nouvellement bâti à Poitiers, avec vingt-quatre religieuses de l’ordre de Fontevrauld, qu’elle avoit tirées de la maison d’Encloitre, à deux lieues ou environ de Poitiers. Antoinette mourut le 25 d’Avril 1618 ; & en 1620, Marie de Medicis fit venir de ces religieuses à Paris, & les établit proche le palais d’Orléans du Luxembourg qu’elle avoit fait bâtir. Leur couvent du Calvaire au Marais ne fut bâti qu’en 1638 par les soins du fameux P. Joseph, capucin, confesseur & agent du cardinal de Richelieu. C’est dans cette derniere maison que réside la générale de tout l’ordre. Supplém. au diction. de Moréri, tome I. lettre C. page 216. (G)

CALUCALA, (Géog.) riviere d’Afrique au royaume d’Angola, dans la province d’Ilamba.

CALVENSANO, (Géog.) petite ville d’Italie dans le duché de Milan, sur l’Adda.