Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/555

Cette page a été validée par deux contributeurs.

& ainsi de suite. Or si de 30 on ôte 29, il reste 1, auquel par conséquent il faut ajoûter 2 pour avoir le tertio calendas : de même si de 30 on ôte 28, il reste 2 auquel il faut ajoûter 2 pour avoir le quarto calendas, &c.

Les auteurs Romains ne savent pas trop eux-mêmes la raison de cette maniere absurde & bisarre de compter les jours du mois, néanmoins on s’en sert encore aujourd’hui dans la chancellerie Romaine ; & quelques auteurs, par une affectation frivole d’érudition, la préferent à la méthode commune qui est bien plus naturelle & plus aisée. Voyez An, Nones, Jour, Ides.

Cette maniere de compter par calendes étoit si particuliere aux Romains, qu’elle a donné lieu à une espece de proverbe encore en usage aujourd’hui : on dit qu’on fera une chose aux calendes greques, pour dire qu’on ne la fera jamais, parce que les Grecs ne comptoient point par calendes. Chambers.

* CALENDRE, s. m. machine qui sert à tabiser & à moirer certaines étoffes, & à cacher les défauts des toiles & de quelques autres étoffes. Cette machine qu’on voit fig. 2. Pl. XI. des manufactures en soie, est composée de deux montans AB, ab, fixés en Aa, dans un bâtis de gros bois de charpente, ou dans un massif de pierre CDcd ; ce massif est couvert d’un grand bloc de marbre EAFeaf qui embrasse par chacun de ses bouts un des montans, & descend ensuite en plans inclinés : les deux plans inclinés sont séparés par une grande surface plane : ce marbre s’appelle la table inférieure de la calendre : sa partie plane Hh est garnie d’une plaque de cuivre d’un pouce d’épaisseur ; les montans AB, ab, sont ouverts selon la longueur de la calendre, chacun de deux ouvertures ii, kk ; II, KK. Les trois ouvertures kk, KK, II, sont chacune garnies d’une poulie ; les montans sont encore consolidés par une traverse Bb : on remarque à celui qui est marqué AB, un boulon percé dans son milieu, & tenu par deux pitons cloüés sur les côtés du montant. On voit sur la table deux rouleaux L, l, & sur ces rouleaux une sorte piece de bois OMNnop, dont la surface inférieure MNnm, imite celle de la table ; ses extrémités MN, mn, sont coupées en plans inclinés, & sa partie Nn est plate & garnie pareillement d’une table de cuivre d’un pouce au moins d’épaisseur ; à chaque extrémité de cette piece de bois, sur le milieu, est assemblé perpendiculairement un montant OP, op ; chacun de ces montans OP, op, est percé de deux ouvertures, selon la longueur de la calendre, qq, rr, QQ, RR ; & il y a dans chacune de ces quatre ouvertures une poulie ; les extrémités supérieures des montans OP, op, sont consolidées & soûtenues par une forte barre de fer Pp qui les traverse. Sur le bois OMNnmo est assis un massif de pierre de taille ustVST du plus grand poids. À l’une des extrémités de la calendre est un plancher ABCD. Sur le milieu de ce plancher est arrêté une espece de treuil ou tourniquet FGHE, à la partie supérieure duquel, au-dessous du tambour, est adapté un levier ou bras ou aisselier IK, qui porte à son extrémité K un bout de traverse armé de deux pitons ou anneaux LL. Une corde attachée au boulon x passe sous la poulie QQ, revient dessus la même poulie, passe sous la poulie II, revient dessus la même poulie, passe sous la poulie RR, revient dessus la même poulie, passe sous la poulie KK, revient dessus la même poulie, & se rend sur le tambour supérieur G du tourniquet FE. Une corde fixée à la broche y passe dessous la poulie rr, revient dessous la même poulie, passe dessus la poulie kk, revient dessous la même poulie, passe dessus la poulie qq, revient dessous la même poulie, traverse le montant ab par l’ouverture ii, & se rend sur le tambour inférieur H du tourniquet FE, sous le plancher AB

CD. La corde x & la corde y s’enveloppent sur leurs tambours, chacune en sens contraire. Si donc on attelle un cheval au bras IK, & qu’il fasse envelopper la corde xG sur le tambour G ; la masse MNnm & tout son équipage avancera dans la direction mM, & à mesure que la corde xG s’enveloppera sur le tambour G, la corde yH se developpera de dessus le tambour H. Si la corde xG se developpe de dessus son tambour G, la corde yH s’enveloppera sur le sien, & la masse MNnm & tout son équipage reviendra dans la place Mn. On a donc par ce méchanisme le moyen de faire aller & venir la masse MNnm & toute sa charge ; & cette machine est ce qu’on appelle une calendre.

L’usage de cette machine est, comme nous avons dit, de tabiser & de moirer : on entend par moirer, tracer sur une étoffe ces sillons de lustre qui semblent se succéder comme des ondes qu’on remarque sur certaines étoffes de soie & autres, & qui s’y conservent plus ou moins de tems ; & il n’y a de différence entre tabiser & moirer, que celle qui est occasionnée par la grosseur du grain de l’étoffe ; c’est-à-dire, que dans le tabis, le grain de l’étoffe n’étant pas considérable, les ondes se remarquent moins que dans le moiré où le grain de l’étoffe est plus considérable. L’opération de la calendre n’est pas entierement la même pour toutes les étoffes, & l’on ne moire pas précisément comme l’on tabise : pour moirer on prend un coutil, & un rouleau L ou l, comme on le voit sous la calendre ; on fait faire au coutil un tour sur le rouleau ; on plie l’étoffe à moirer en deux selon sa longueur, ensorte que la lisiere se trouve sur la lisiere. Puis on la met en zig-zag, ensorte que l’étendue de chaque zig-zag soit à peu près celle du rouleau, & que chaque pli couvre en partie celui qui le précede, & soit couvert en partie par celui qui le suit, comme on voit même Pl. fig. 2. A B est le rouleau ; 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, &c. sont les zig-zags de l’étoffe. On enveloppe l’étoffe ainsi pliée en zig-zag sur le rouleau, observant de serrer chaque tour à force de bras, les uns contre les autres, par le moyen du coutil ; & l’on continue de plier en zig-zag, & d’envelopper jusqu’à la fin de la piece. On ne met guere sur un rouleau plus de trente à trente-cinq aunes de gros grain, comme moire, cannelé, & autres semblables, & guere plus de cinquante aunes, si c’est un petit grain ; le coutil qui enveloppe n’en a pas plus de six, sur trois quarts de large. On appelle fourreau, cette enveloppe de coutil qui suit tous les tours de l’étoffe en zig-zag sur le rouleau. Il faut observer quand on roule la piece à moirer de mettre la lisiere en face de soi, & de mouiller la tête du fourreau, afin d’arrêter l’étoffe & le fourreau sur le rouleau.

Lorsque le rouleau est ainsi chargé, on le fait passer sous la calendre, & on lui en donne vingt-cinq tours. On entend par un tour une allée & une venue, c’est-à-dire qu’on fait aller & venir la masse MNnm avec sa charge vingt-cinq fois. On retire ensuite le rouleau, on déroule l’étoffe, puis on la remet en zig-zag, mais de maniere que les parties de l’étoffe, qui faisoient l’extrémité des premiers zig-zags, fassent le milieu de ceux-ci. Cela fait, on la remet sous la calendre, & on lui donne encore quinze tours, après lesquels on retire le rouleau, on développe l’étoffe, & on la dresse ; la dresser, c’est la mettre en plis égaux d’une demi aune, mais non pas en zig-zag, sans toutefois l’ouvrir ; quand elle est dressée, on la presse à chaud. La presse des calendriers n’a rien de particulier : on a des plaques de fer chaud de la grandeur de l’étoffe pliée ; on met une plaque de fer chaud tiede, on la couvre d’une feuille de carton ; on met l’étoffe pliée sur ce carton ; on met une autre plaque de fer chaud sur l’étoffe avec une autre feuille de carton, & on serre le tout à force de bras.