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le sang, utiles aux personnes grasses, replettes, pituiteuses, & à celles qui sont sujettes aux migraines, devient nuisible aux gens maigres, bilieux, & à ceux qui en usent trop fréquemment.

Et c’est aussi ce qui dans certains sujets rend cette boisson diurétique.

L’expérience a introduit quelques précautions qu’on ne sauroit blâmer, touchant la maniere de prendre cette infusion : telles sont celles de boire un verre d’eau auparavant, afin de la rendre laxative ; de corriger par le sucre l’amertume qui pourroit la rendre desagréable, & de la mêler, ou de la faire quelquefois au lait ou à la creme, pour en éteindre les soufres, en embarrasser les principes salins, & la rendre nourrissante.

Enfin l’on peut dire en faveur du caffé, que quand il n’auroit pas des vertus aussi certaines que celles que nous lui connoissons, il a toûjours l’avantage par-dessus le vin de ne laisser dans la bouche aucune odeur desagréable, ni d’exciter aucun trouble dans l’esprit ; & que cette boisson au contraire semble l’égayer, le rendre plus propre au travail, le récréer, en dissiper les ennuis avec autant de facilité, que ce fameux Népenthe si vanté dans Homere. Mémoires de l’Académie royale des Sciences, année 1713, page 299.

M. Leaulté pere, docteur en Medecine de la Faculté de Paris, a fait une observation sur l’infusion de caffé, qu’il n’est pas inutile de rapporter ici. Un homme à qui un charlatan avoit conseillé l’usage d’une composition propre, à ce qu’il disoit, à arrêter une toux opiniâtre qui le tourmentoit depuis longtems, prit le remede, sans être instruit des ingrédiens qui y entroient : cet homme fut tout-à-coup saisi d’un assoupissement & d’un étouffement considérable, accompagnés de la suppression de toutes les évacuations ordinaires, plus de crachats, plus d’urine, &c. On appella M. Leaulté, qui informé de la nature des drogues que cet homme avoit prises, lui ordonna sur le champ une saignée : mais le poison avoit figé le sang, de maniere qu’il n’en vint ni des bras ni des piés : le medecin ordonna plusieurs tasses d’une forte infusion de caffé sans sucre, ce qui en moins de cinq à six heures restitua au sang un mouvement assez considérable pour sortir par les quatre ouvertures, & le malade guérit.

Simon Pauli, medecin Danois, a prétendu qu’il enivroit les hommes, & les rendoit inhabiles à la génération. Les Turcs lui attribuent le même effet, & pensent que le grand usage qu’ils en font est la cause pour laquelle les provinces qu’ils occupent, autrefois si peuplées, le sont aujourd’hui si peu. Mais Dufour réfute cette opinion, dans son Traité du caffé, du thé, & du chocolat.

Le pere Malebranche assûra à MM. de l’Académie des Sciences, qu’un homme de sa connoissance avoit été guéri d’une apoplexie par le moyen de plusieurs lavemens de caffé : d’autres disent qu’employé de la même maniere, ils en ont été délivrés de maux de tête violens & habituels. (N)

Le commerce du caffé est considérable : on assûre que les seuls habitans du royaume d’Yemen en débitent tous les ans pour plusieurs millions ; ce qu’on n’aura pas de peine à croire, si l’on fait attention à la consommation prodigieuse.

Caffé mariné ; c’est ainsi qu’on appelle celui qui dans le transport a été mouillé d’eau de mer : on en fait peu de cas, à cause de l’acreté de l’eau de mer, que la torréfaction ne lui ôte pas.

Caffés : ce sont des lieux à l’établissement desquels l’usage du caffé a donné lieu : on y prend toutes sortes de liqueurs. Ce sont aussi des manufactures d’esprit, tant bonnes que mauvaises.

CAFFETIER, s. m. (Commerce.) celui qui a le

droit de vendre au public du caffé, du thé, du chocolat, & toutes sortes de liqueurs froides & chaudes. Les Caffetiers sont de la communauté des Limonadiers. Voyez Limonadier.

CAFFILA, s. f. (Commerce.) troupe de marchands ou de voyageurs, ou composée des uns & des autres, qui s’assemblent pour traverser avec plus de sûreté les vastes états du Mogol, & autres endroits de la terre ferme des Indes.

Il y a aussi de semblables caffilas qui traversent une partie des deserts d’Afrique, & particulierement ce qu’on appelle la mer de sable, qui est entre Maroc & Tambouctou, capitale du royaume de Gago. Ce voyage, qui est de quatre cents lieues, dure deux mois pour aller, & autant pour le retour, la caffila ne marchant que la nuit à cause des chaleurs excessives du pays.

La caffila est proprement ce qu’on appelle caravane dans l’empire du grand-Seigneur, en Perse, & autres lieux de l’Orient. Voyez Caravane.

Caffila se dit aussi dans les différens ports que les Portugais occupent encore sur les côtes du royaume de Guzarate, des petites flottes marchandes qui vont de ces ports à Surate, ou qui reviennent de Surate sous l’escorte d’un vaisseau de guerre que le roi de Portugal y entretient à cet effet.

CAFFIS, s. m. (Commerce.) mesure de continence dont on se sert pour les grains à Alicante. Le caffis revient à une charge & demie de Marseille, & contient six quillots de Constantinople, c’est-à-dire quatre cents cinquante livres poids de Marseille ; ce qui revient à trois cents soixante-quatre livres poids de marc. (G)

* CAFICI, (Commerce.) mesure usitée en Afrique, sur les côtes de Barbarie. Vingt guibis font un cafici, & sept cafici font un last d’Amsterdam, ou 262 livres de Hollande.

CAFRERIE, (Géog.) grand pays situé dans la partie méridionale de l’Afrique, borné au nord par l’Abyssinie & la Nigritie ; à l’occident par la Guinée & le Congo ; au sud par le cap de Bonne-Espérance ; à l’orient par l’Océan. Les habitans de cette contrée sont negres & idolatres. Ce pays est peu connu des Européens, qui n’ont point encore pû y entrer bien avant : cependant on accuse les peuples qui l’habitent d’être anthropophages.

* CAFRI, (Hist. nat. bot.) fruit des Indes qui croît sur de petits arbrisseaux : il est à peu près de la grosseur des noix ; lorsqu’il est mûr il est d’un beau rouge, comme la cerise ; ses fleurs ressemblent à celles du dictamne de Crete.

CAFSA, (Géog.) ville d’Afrique dans le Biledulgerid, tributaire du royaume de Tunis. Long. 40. lat. 27. 10.

CAFTAN, (Hist. mod.) c’est le nom qu’on donne à une espece de manteau chez les Turcs & les Persans.

CAGASIAN, (Géog.) fort d’Afrique sur la côte de Malaguette.

* CAGASTRUM, (Medecine.) Paracelse se sert de ce mot pour désigner le germe & le principe de toutes les maladies.

CAGAVEL, poisson de mer ; voyez Merdole.

CAGAYAN, (Géog.) province & riviere d’Asie dans l’île de Luçon, l’une des Philippines.

* CAGE, s. f. c’est au propre un assemblage de plusieurs petits bois équarris, emmortoisés les uns avec les autres, & traversés de bas en haut par des fils d’archal, de maniere que le tout renferme un espace dans lequel des oiseaux puissent se mouvoir facilement, sans s’échapper. On place en travers, dans l’intérieur de la cage, quelques petits bâtons ronds, sur lesquels les oiseaux puissent se reposer. On en couvre le fond d’une planche mince qui entre par-