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maître de langue Allemande, un maître à danser, & deux maîtres d’armes.

Cet établissement dura dix ans dans sa vigueur : mais les grandes guerres que le roi eut sur les bras après la ligue d’Ausbourg, l’obligerent à retrancher les dépenses qui n’étoient pas absolument nécessaires, & l’on pensa à se décharger de celles qui se faisoient pour les cadets. On avoit déjà commencé à ne pas admettre gratuitement ceux qui se présentoient. Il falloit cautionner pour eux cinquante écus de pension, & ils étoient obligés d’aller prendre leurs lettres à la cour. Ces frais en rebuterent beaucoup, & altérerent même l’établissement, en ce que plusieurs qui n’étoient pas gentilshommes étoient reçûs à ces conditions, pourvû qu’ils fussent de bonne famille & vivant noblement. Enfin, après 1692 on cessa de faire des recrues, & peu à peu dans l’espace de deux ans ces compagnies furent anéanties.

Le Roi a rétabli plusieurs compagnies de cadets en 1726, mais elles ont été réformées lors de la guerre de 1733.

Cadets d’Artillerie, sont de jeunes gens de famille, que le grand-maître reçoit pour les faire instruire dans les écoles d’Artillerie, & les mettre par-là en état de se rendre capables de devenir officiers. Voyez Écoles d’Artillerie.

On appelle encore cadets, dans les troupes, de jeunes gentilshommes qui font un service comme les cavaliers & soldats, en attendant qu’ils ayent pû obtenir le grade d’officier. (Q)

CADI, (Hist. mod.) c’est le nom qu’on donne aux juges des causes civiles chez les Sarrasins & les Turcs. On peut cependant appeller de leurs sentences aux juges supérieurs.

Ce mot vient de l’Arabe, kadi, juge. D’Herbelot écrit cadhi.

Le mot cadi, pris dans un sens absolu, dénote le juge d’une ville ou d’un village ; ceux des provinces s’appellent molla ou moulas, quelquefois moula-cadis ou grand-cadis. (G)

CADIAR, (Géog.) riviere d’Espagne, au royaume de Grenade, qui se jette dans la Méditerranée près de Salobrena.

CADIERE (la), Géog. petite ville de France, en Provence, à trois lieues de Toulon.

CADILESQUER ou CADILESQUIER, sub. m. (Hist. mod.) chef de la justice chez les Turcs. Voyez Cadi.

Ce mot est Arabe, composé de kadi, juge, & aschar, & avec l’article al, alaschar, c’est-à-dire armée, d’où s’est formé kadtlascher, juge d’armée, parce que d’abord il étoit juge des soldats. D’Herbelot écrit cadlu-lesker ou cadhiasker.

Chaque cadilesquier a son district particulier ; d’Herbelot n’en compte que deux dans l’empire, dont l’un est le cadilesquier de Romanie, c’est-à-dire d’Europe, & le second d’Anatolie ou d’Asie. M. Ricaut en ajoûte un troisieme, qu’il appelle cadilesquier du Caire.

Le cadilesquier d’Europe & celui d’Asie sont subordonnés au reis effendi, qui est comme le grand chancelier de l’empire. Voyez Reis effendi. (G)

CADILLAC, petite ville de France, en Guyenne dans le Basadois, proche la Garonne, à 4 lieues de Basas.

* CADIS, s. m. (Commerce.) petite étoffe de laine croisée, ou serge étroite & légere, qui n’a qu’une demi-aune moins de large, sur 30 à 31 aunes de long. Il s’en fabrique beaucoup dans le Gevaudan & les Cevenes. Elle est exceptée par les reglemens du nombre de celles qu’il est défendu de teindre en rouge avec le bresil, à moins qu’elles n’ayent une demi-aune de large.

On donne encore le nom de cadis à une autre espece d’étoffe de laine fine croisée & drapée, d’une

demi-aune de large, & dont les pieces portent depuis

38 jusqu’à 42 aunes. Ces derniers cadis se fabriquent particulierement en Languedoc. On appelle cadis ras, ceux qui ont la croisure déliée & peu de poil ; on nous les envoye à Paris en blanc & en noir. Les religieux en consomment beaucoup.

* CADISÉ, adj. (Commerce.) On désigne par cette épithete une espece de droguets croises & drapés, dont les chaînes sont de 48 portées, & chaque portée de 16 fils, & qui ont, tout apprêtés, une demi-aune de large & 40 aunes de long. Ils se fabriquent en plusieurs endroits du Poitou.

CADISADELITES, s. m. pl. (Hist. mod.) nom d’une secte Musulmane. Les Cadisadelites sont une espece de Stoïciens Mahométans, qui fuient les festins & les divertissemens, & qui affectent une gravité extraordinaire dans toutes leurs actions.

Ceux des Cadisadelites qui habitent vers les frontieres de Hongrie & de Bosnie, ont pris beaucoup de choses du Christianisme qu’ils mêlent avec le Mahométisme. Ils lisent la traduction Esclavone de l’évangile, aussi-bien que l’alcoran, & boivent du vin, même pendant le jeune du Ramasan.

Mahomet, selon eux, est le S. Esprit qui descendit sur les apôtres le jour de la Pentecôte. Ils pratiquent la circoncision comme tous les autres Musulmans, & se servent pour l’autoriser de l’exemple de Jesus-Christ, quoique la plûpart des Turcs & des Arabes se fondent bien davantage sur celui d’Abraham. (G)

CADIX, (Géog. anc. & mod.) ville d’Espagne, en Andalousie, avec bon port. Cette ville bâtie par les Phéniciens, est grande, forte, riche, & très-commerçante : elle est dans une petite île, à 8 lieues de Medina Sidonia, & à 18 de Gibraltar. Long. 12. lat. 36. 25. Les anciens l’ont nommée Gades & Gadira.

CADMIE, s. f. (Chimie & Métallurgie.) c’est une substance semi-métallique, arsénicale, sulphureuse, & alkaline, qui s’attache comme une croûte aux parois des fourneaux où l’on fait la premiere fonte de certains minéraux. On la nomme cadmia fornacum, cadmie des fourneaux, pour la distinguer de la pierre calaminaire, qu’on appelle quelquefois cadmia fossilis, cadmie fossile. Voyez l’article Calamine. En effet elle en a toutes les propriétés. La vraie différence qui se trouve entre ces deux substances, c’est que la pierre calaminaire est une production de la nature, au lieu que la cadmie des fourneaux en est une de l’art.

Il semble que les auteurs qui ont écrit sur la cadmie, loin de chercher à nous la faire connoître d’une façon distincte, se sont étudiés à obscurcir l’idée qu’on pouvoit s’en former. En effet, a quoi peut-on attribuer les différens noms inutiles, empruntés du Grec & de l’Arabe, dont ils se sont servis pour la défigurer ? On trouve dans différens ouvrages cette matiere désignée sous les noms de capnites, diphryges, spodium, ostracites, botryites, catimia, climia, &c. qui tous doivent signifier la cadmie des fourneaux, & qui ne marquent cependant dans leur étymologie que la figure différente qu’elle prend, & la place qu’elle occupe dans le fourneau. C’est encore plus mal-à-propos qu’on la trouve dans quelques auteurs confondue avec d’autres substances, avec qui elle n’a que certains points de conformité, telles que la tutie, le pompholix, & le nihilum. Voyez ces articles. On a cru devoir se récrier contre cette erreur & cet abus de mots, sur-tout attendu les suites fâcheuses qui peuvent en résulter. En voici un exemple frappant. On sait que la tutie passe pour un bon remede contre les maux d’yeux, & que le pompholix est employé pour dessécher les plaies : où en seroit-on, si au lieu de ces remedes on employoit à ces usages la cadmie, qui est presque toûjours mêlée de parties arsénicales ?

Il y a différentes sortes de cadmies ; c’est la diver-