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lombaire, pousse les urines ; extérieurement elle est résolutive, détersive, & vulnéraire. Les femmes enceintes doivent en éviter l’usage, quoi qu’en dise Fernel.

Potion émétique avec le cabaret. Prenez suc d’asarum une once ; oxymel de squille demi-once ; eau de chardon deux onces : c’est un très-puissant émétique, excellent dans la manie, où il réussit mieux que tous les remedes ordinaires.

Le cabaret pris en décoction purge doucement, & ne fait point vomir. Fernel en faisoit une composition émétique qui convient, selon lui, à tout le monde. Elle se prépare dans les boutiques.

Le cabaret est ainsi nommé, parce que les ivrognes s’en servent pour s’exciter au vomissement. (N)

Cabaret, Taverne, (Commerce.) ces deux lieux ont eu cela de commun, que l’on y vendoit du vin : mais dans les tavernes on n’y vendoit que du vin, sans y donner à manger ; au lieu qu’on donnoit à manger dans les cabarets. Cette distinction est ancienne. Les Grecs nommoient ταβερναὶ les lieux où l’on vendoit du vin, & καπὴ, ceux où l’on donnoit à manger. Les Romains avoient aussi leurs tabernæ & popinæ, dont la distinction étoit la même. Les professions d’Hôteliers, de Cabaretiers, & de Taverniers, sont maintenant confondues : la police leur a prescrit quelques regles relatives à la religion, aux mœurs, à la santé, & à la sûreté publique, qui sont fort belles, mais de peu d’usage.

CABARETIER, s. m. celui qui est autorisé à donner à boire & à manger dans sa maison à tous ceux qui s’y présentent. Voyez Cabaret.

CABAR-HUD, (Géog.) ville de l’Arabie heureuse dans la province de Hadhramuth.

* CABARNES, s. m. pl. (Hist. anc.) c’est ainsi qu’on appelloit les prêtres de Cerès dans l’île de Paros. Ce mot vient du Phénicien ou de l’Hébreu carbarnin ou careb, offrir : il étoit en usage dans le même sens parmi les Syriens, ainsi que Josephe le fait voir par Théophraste : d’autres prétendent que ce fut le nom du premier de ces prêtres, qui apprit, à ce qu’on dit, à Cerès l’enlevement de sa fille.

* CABARRES, s. m. pl. (Marine & Commerce.) on donne ce nom à toutes sortes de petits bâtimens à fonds plats, qui servent à secourir & alléger les gros vaisseaux en mer. Les Suédois & les Danois les appellent clincar.

CABAS, s. m. (Messagerie.) grand coche dont le corps est d’osier clissé. Cette voiture appartient ordinairement aux messageries.

Cabas ou Cabat, (Commerce.) panier fait de jonc ou de feuilles de palmier. C’est dans ces sortes de paniers que l’on met les figues de Provence, après les avoir fait sécher. Il y en a de grands & de petits ; les uns pour la marchandise d’élite, & les autres pour la commune : on les couvre également avec une toile ordinairement bleue ou violette. Voyez Figue.

Cabat se dit aussi dans quelques provinces de France, d’une mesure à mesurer les grains, particulierement le blé. (G)

CABASET, s. m. signifioit autrefois, dans l’Art milit. une arme défensive qui couvroit la tête. Ce mot vient, selon Nicod, de l’Hébreu coba, qui signifie un casque ou heaume, ou de l’Espagnol cabeça, tête. (Q)

* CABAY, s. m. (Hist. mod.) c’est le nom que les Indiens, & les habitans de l’île de Ceylan & d’Aracan, donnent à des habits faits de soie ou de coton ornés d’or, que les seigneurs & principaux du pays ont coûtume de porter.

CABE, (Géog.) petite riviere d’Espagne au royaume de Galice, qui se jette dans le Velezar, & tombe avec lui dans le Minho.

CABEÇA-DE-VIDE, (Géog.) petite ville avec château, en Portugal, dans l’Alentéjo, à cinq lieues

de Port-Alegre. Longitude 10. 48. latitude 39.

* CABELA, (Hist. nat.) c’est le nom d’un fruit des Indes occidentales, qui ressemble beaucoup à des prunes : l’arbre qui le produit ne differe presqu’en rien du cerisier.

CABENDE, (Géog.) ville & port d’Afrique au royaume de Congo, dans la province d’Angoy, où il se fait un grand commerce de Negres.

CABES ou GABES, (Géog.) ville d’Afrique au royaume de Tunis, assez près du golfe du même nom. Long. 28. 30. lat. 33. 40.

CABESTAN, s. m. (Mar.) c’est une machine de bois reliée de fer, faite en forme de cylindre, posée perpendiculairement sur le pont du vaisseau, que des barres passées en travers par le haut de l’essieu font tourner en rond. Ces barres étant conduites à force de bras, font tourner autour du cylindre un cable, au bout duquel sont attachés les gros fardeaux qu’on veut enlever. Voyez Cable.

C’est encore en virant le cabestan qu’on remonte les bateaux, & qu’on tire sur terre les vaisseaux pour les calfater, qu’on les décharge des plus grosses marchandises, qu’on leve les vergues & les voiles, aussi bien que les ancres. Voyez Ancre.

Il y a deux cabestans sur les vaisseaux, qu’on distingue par grand & petit cabestan : le grand cabestan est placé derriere le grand mât sur le premier pont, & s’éleve jusqu’à quatre ou cinq piés de hauteur au-dessus du deuxieme. Voyez Pl. IV. fig. 1. n° 102. On l’appelle aussi cabestan double, à cause qu’il sert à deux étages pour lever les ancres, & qu’on peut doubler sa force en mettant des gens sur les deux ponts pour le faire tourner.

Le petit cabestan est posé sur le second pont, entre le grand mât & le mât de misene. Voyez Plan. IV. fig. 1. n°. 103. il sert principalement à isser les mâts de hune & les grandes voiles, & dans les occasions où il faut moins de force que pour lever les ancres.

Les François appellent cabestan Anglois, celui où l’on n’employe que des demi-barres, & qui à cause de cela n’est percé qu’à demi ; il est plus renflé que les cabestans ordinaires.

Il y a encore un cabestan volant que l’on peut transporter d’un lieu à un autre. Voyez Vindas.

Virer au cabestan, pousser au cabestan, faire joüer au cabestan, c’est-à-dire, faire tourner le cabestan.

Aller au cabestan, envoyer au cabestan : quand les garçons de l’équipage ou les mousses ont commis quelque faute, le maitre les fait aller au cabestan pour les y châtier : on y envoye aussi les matelots. Tous les châtimens qu’on fait au cabestan chez les François, se font au pié du grand mât chez les Hollandois. (Z)

Le cabestan n’a pas la forme exactement cylindrique ; mais est à peu près comme un cone tronqué qui va en diminuant de bas en haut, afin que le cordage qu’on y roule soit plus ferme, & moins sujet à couler ou glisser de haut en bas.

Il est visible par la description de cette machine, que le cabestan n’est autre chose qu’un treuil, dont l’axe au lieu d’être horisontal, est vertical. Voyez à l’article Axe les lois par lesquelles on détermine la force du treuil, appellé en Latin axis in peritrochio, axe dans le tambour, ou essieu dans le tour. Dans le cabestan le tambour, peritrochium, est le cylindre, & l’axe ou l’essieu sont les leviers qu’on adapte aux cylindres, & par le moyen desquels on fait tourner le cabestan.

Le cabestan n’est donc proprement qu’un levier, ou un assemblage de leviers auxquels plusieurs puissances sont appliquées. Donc suivant les lois du levier, & abstraction faite du frottement, la puissance est au poids, comme le rayon du cylindre est à la longueur du levier auquel la puissance est attachée ;