ces d’épaisseur par bas, & sept par en haut.
On voit, fig. 1. Pl. III. à la partie antérieure, la figure équestre de cire, avec les jets, les évents, & les égoûts de cire. 1, jets ; 2, évents ; 3, égoûts de cire ; 4, attaches ; à la partie postérieure, le bandage de fer plat.
On songe alors à recuire le moule & à faire sortir les cires, car elles tiennent la place du métal ; pour cet effet on construit le mur de recuit ; on le fait d’assises de grès & briques posées avec du mortier de terre à four, afin qu’il résiste à la violence du feu. Sa premiere assise est sur le massif du fond de la fosse, d’où il s’éleve jusqu’au haut de l’ouvrage. Son parement intérieur est environ à dix-huit pouces de distance des parties les plus saillantes du moule de potée. On laisse à ce mur, des ouvertures correspondantes aux espaces pratiqués entre les murs des galeries, pour allumer le feu & l’entretenir. Ces ouvertures se bouchent avec des plaques de tole, afin de conserver la chaleur.
Quand une fosse est assez grande, le mur de recuit est isolé, & on en fait le tour aisément. Sur la grille qui couvre les galeries, on construit avec de la brique blanche de Passy, de petits murs de quatre pouces d’épaisseur par arcade, en tiers point, espacés de quatre pouces. On remplit le reste de l’espace du mur de recuit & du moule, de briquaillons, rangeant les plus petits vers le moule, & les plus gros vers le mur. On soûtient les fers de l’armature par des piliers de brique. A mesure que les briquaillons s’élevent, on place à l’issue des égoûts des conduits de tole qui traversent le mur de recuit & conduisent les cires. Pour s’assûrer si le moule & le noyau sont suffisamment recuits, on les perce avec une tarriere en différens endroits ; & on place dans les trous des tuyaux de tole, qui passent aussi à-travers le mur de recuit, & par lesquels on peut voir le moule & le noyau, & juger du recuit à la couleur. On conduit encore à-travers les briquaillons, de petites cheminées de trois à quatre pouces en quarré, qui montent du haut en bas de la fosse : elles donnent issue à la fumée. On éleve les principaux jets & évents, avec des tuyaux de tole ; & l’on couvre toute la face supérieure de la fosse & des briquaillons, d’une couche d’argile d’environ trois pouces d’épaisseur.
Cela fait, on allume un petit feu dans trois galeries de chaque côté. Ce feu dure un jour & une nuit. On l’augmente de celui qu’on fait ensuite dans deux autres galeries : on continue ainsi de galeries en galeries ; finissant par celles qui sont les plus voisines de la figure, ou de ses parties saillantes. On continue pendant neuf jours de suite ce feu de charbon modéré. Les cires coulent deux jours après que le feu a été allumé. On en avoit employé pour la statue équestre de la place de Louis le Grand, 5568 livres, tant en ouvrage qu’en jets, égoûts, & évents ; & il n’en est sorti en tout que 2805 livres : le déchet s’est perdu dans le moule, dans le noyau, & en fumée.
Quand on s’est apperçu que le moule a rougi, on discontinue le feu peu à peu, puis on le cesse entierement : mais le moule & le noyau restent encore long-tems chauds. On attend qu’ils soient refroidis pour travailler à l’enterrage & à la fonte.
On commence par debarrasser entierement la fosse de tout ce qui remplissoit les galeries & l’espace qui est entre le mur de recuit & le moule. Ensuite on procede à l’enterrage, ou au massif de terre dont on remplit la fosse autour du moule : on comble d’abord les galeries jusqu’à la hauteur de la grille, de moelons maçonnés avec deux tiers de plâtre, & un tiers de terre cuite & pilée. On fait ensuite un solide sous les parties inférieures de la figure, du ventre du cheval, si c’est une statue équestre ; ce solide est de briques
maçonnées aussi avec le mêlange de plâtre & de terre cuite & pilée. On ferme toutes les ouvertures des murs de la fosse ; on acheve de la remplir jusqu’à deux piés au-dessus du moule avec de la terre ferme ; on met cette terre par couches de six pouces d’épaisseur, qu’on réduit à quatre avec des pilons de cuivre : mais de peur que l’humidité de cette terre ne nuise au moule, on y répand un peu de plâtre passé au sas. On avoit même goudronné le moule depuis le bas jusqu’à la moitié de la figure, dans la fonte de la statue équestre de la place de Louis-le-grand.
A mesure que l’enterrage s’avance, on bouche les issues des égoûts & les trous de tarriere, avec des tampons de terre : quant aux jets & aux évents, on les éleve avec des tuyaux de même composition que le moule de potée ; on fait bien sécher ces tuyaux avant que de les employer ; on les conduit jusqu’à l’écheno.
L’écheno est un bassin dont nous parlerons plus au long, où aboutissent les principaux jets, & dans lequel passe le métal liquide au sortir du fourneau, pour se précipiter dans les jets dont l’entrée est en entonnoir. Ces entonnoirs sont bouchés avec des barres de fer arrondies & de même forme, qu’on appelle quenouillettes.
Tout est alors disposé pour la fonte dans la fosse ; il ne s’agit plus que d’avoir un fourneau pour mettre la matiere en fusion : on commence par construire un massif profondément en terre, sur lequel on assied le fourneau de maniere que l’atre en soit à peu près trois piés plus haut que le sommet de la figure à jetter ; & sur l’arrase des murs, on a élevé en pans de bois trois côtés de l’attelier ; pour le quatrieme côté qui regarde la chauffe du fourneau, il est construit de moelon, & c’est un mur. Le fourneau doit être le plus près qu’il est possible de la fosse ; c’est pourquoi, en construisant le massif du fourneau qui forme un des côtés de la fosse, on y a fait deux renfoncemens en arcades, avec un pilier au milieu, derriere lequel on a pratiqué un passage vouté, pour communiquer d’une arcade à l’autre. Le parement du pilier du côté de la fosse a été fait avec des assises de grès pour résister au feu, qu’il devoit supporter comme partie du mur de recuit.
C’est la quantité de métal nécessaire à l’ouvrage, qui détermine la grandeur du fourneau ; & c’est, comme nous l’avons déjà insinué, la quantité des cires employées, qui détermine la quantité du métal. Il fallut pour la statue équestre de la place de Louis-le-grand, tant pour les égoûts, évents, jets, que pour le noyau, 6071 liv. de cire, ce qui demandoit 60710 livres de métal, à quoi l’on ajoûta 22942 livres de métal, à cause du dechet dans la fonte, de la diminution du noyau au recuit, & pour en avoir plûtôt de reste que moins.
Quand on a la quantité de métal que le fourneau doit contenir, on cherche quel diametre & quelle hauteur de bain de métal il doit avoir. Dans la fonte de la statue équestre qui nous sert d’exemple, sachant qu’un pié cube de métal allié pese 648 livres, on divisa 83652 par 648, & l’on trouva qu’il falloit que le fourneau contînt 129 piés cubes . On prit le diametre du fourneau pour cette fonte de dix piés neuf pouces en quarré, sur seize pouces & demi de hauteur, ce qui donne 129 piés cubes.
Le fourneau doit être percé par quatre ouvertures, une du côté de la chauffe par laquelle la flamme entre dans le fourneau, & qu’on appelle l’entrée de la chauffe ; une à l’autre extrémité vers la fosse par laquelle le métal fondu sort : deux autres qu’on nomme portes, sont par les deux côtés. Elles servent pour pousser le métal dans le fourneau, & pour le remuer quand il fond. On pratique encore deux ou quatre ouvertures dans la voute, qui sont comme les che-