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tageuse & plus embarrassante même dans le cas de l’esquinancie, que celle qui se feroit avec un trocart armé de sa cannule. On en a imaginé de petits qui sont très-commodes pour cette opération. (Voyez la fig. 1. Pl. XXVIII.) A leur défaut, on pourroit faire faire une petite cannule sur l’extrémité du poinçon d’un trocart ordinaire, en observant de le garnir depuis le manche jusqu’au pavillon de la cannule, afin de ne se servir que de la longueur qui est nécessaire. Je fonde la préférence de l’opération avec le trocart sur une observation de M. Virgili Chirurgien-major de l’Hôpital de Cadix, qu’on peut lire dans un Mémoire de M. Hevin, sur les corps étrangers arrêtés dans l’œsophage, inséré dans le premier volume de ceux de l’Académie royale de Chirurgie. Un soldat Espagnol prêt à être suffoqué par une violente inflammation du larynx & du pharynx fut porté à l’hôpital de Cadix ; M. Virgili jugeant que l’unique moyen de lui sauver la vie étoit de lui faire sur le champ la bronchotomie, ne crut pas, par rapport au grand gonflement, devoir préférer la simple ponction à la trachée-artere ; il fit une incision aux tégumens avec le bistouri, sépara les muscles sterno-hyoidiens, & ouvrit transversalement la trachée-artere entre deux anneaux. Cette ouverture ne fut pas plûtôt faite, que le sang qui sortoit des petits vaisseaux ouverts, & qui tomba dans la trachée-artere, excita une toux convulsive si violente, que la cannule qu’on introduisit dans la plaie, ne put être retenue en situation, quoiqu’on la remît plusieurs fois en place.

M. Virgili qui voyoit le danger auquel le malade étoit exposé par le sang qui continuoit de couler dans la trachée-artere, dont l’ouverture dans certains mouvemens qu’excitoient les convulsions ne se trouvoit plus vis-à-vis celle de la peau, se détermina à fendre la trachée-artere en long jusqu’au sixieme anneau cartilagineux. Après cette seconde opération, le malade respira facilement, & le poulx qu’on ne sentoit presque point, commença à reparoître. On fit situer le malade la tête panchée hors du lit, la face vers la terre, afin d’empêcher le sang de glisser dans la trachée-artere ; M. Virgili ajusta à la plaie une plaque de plomb percée de plusieurs trous, & par ses soins le malade guérit parfaitement.

L’entrée du sang dans la trachée-artere a été la cause des accidens terribles qui ont presque fait périr le malade dont on vient de parler. Une simple ponction avec la lancette ne l’auroit peut-être point mis dans la triste extrémité où il a été réduit par le moyen qu’on employoit pour lui sauver la vie ; la ponction avec le trocart évite encore plus sûrement l’hémorrhagie, parce que la cannule ayant plus de volume que le poinçon qu’elle renferme, comprime tous les vaisseaux que la pointe divise pour son passage.

Cette opération a été pratiquée avec succès à Edimbourg en Ecosse ; le malade en reçut d’abord tout le soulagement qu’on avoit lieu d’espérer : mais la cannule s’étant bouchée par l’humeur que filtrent les glandes bronchiques, le malade fut menacé d’une suffocation prochaine ; un ministre homme de génie, qui étoit près du malade, conseilla l’usage d’une seconde cannule, dont le diametre seroit égal à celui du poinçon d’un trocart. Cette cannule fut placée dans la premiere ; & lorsque la matiere des crachats s’opposoit au passage libre de l’air, on retiroit cette cannule, on la nettoyoit, & on la remettoit en place. Cette manœuvre étoit très-importante pour le malade, & avoit l’avantage de ne lui causer aucune fatigue. Je tiens cette observation de M. Elliot, qui l’a oüi raconter à M. Monro, célebre professeur en Anatomie & en Chirurgie à Edimbourg.

Enfin on a cru que la bronchotomie étoit un secours pour rappeller les noyés d’une mort apparente à la

vie : la persuasion où l’on est que les noyés meurent faute d’air & de respiration, comme si on leur eût bouché la trachée-artere, est le motif de cette application : mais il est constant que les noyés meurent par l’eau qu’ils inspirent, & dont leurs bronches sont remplies. J’ai présenté un mémoire à l’Académie royale des Sciences sur la cause de la mort des noyés, où je donne le détail de plusieurs expériences & observations convaincantes sur ce point. J’ai noyé des animaux dans des liqueurs colorées en présence de MM. Morand & Bourdelin que l’Académie avoit nommés commissaires pour vérifier mes expériences, & ils ont vû que la trachée-artere & les bronches étoient absolument pleines de la liqueur dans laquelle j’avois noyé les animaux sujets de mes démonstrations. (Y)

BRONNO, (Géog.) petite ville d’Italie, dans le duché de Milan, dans le Pavésan, à 4 lieues de Pavie.

* BRONTEUS, s. m. (Myth.) de βροντὴ, tonnerre ; ainsi Jupiter bronteus, n’est autre chose que Jupiter qui lance le tonnerre.

BRONTIAS, (Hist. nat.) c’est une pierre que l’on nomme aussi batrachite & chelonite ; on prétend, mais sans fondement, qu’elle tombe des nuages avec la grêle : elle ressemble assez aux boutons qu’on porte sur les habits ; car un côté est convexe, & l’autre est concave ; en dessus il part du centre à la circonférence dix rayons deux à deux : cette pierre est fort dure ; la couleur en est d’un brun tantôt clair, tantôt foncé ; il s’en trouve beaucoup en Danemark ; on dit qu’elle est plus grosse qu’un œuf de poule. Gesner en compte six especes, qui ne different que dans la couleur plus ou moins foncée. (—)

* BRONZE, s. f. terme de Fonderie, est composé de de cuivre rouge, & d’ de jaune, pour qu’elle soit plus douce & plus facile à travailler : cependant pour la rendre moins soufflante & plus solide, on met un peu plus d’un tiers de cuivre jaune, auquel on joint un peu d’étain fin, qui empêche la bronze de refroidir trop vîte, & lui donne le tems de parvenir dans les parties extrèmes de l’ouvrage qui sont opposées au fourneau. Le poids de la bronze qui doit être employée est de dix fois celui des cires ; ainsi sur 500 livres de cire, il faut 5000 livres de bronze : cependant on ne risque pas d’y en mettre un sixieme davantage, à cause du déchet du métal dans la fonte, & de la diminution du noyau au recuit.

Fonderie en bronze, ou art d’exécuter avec la bronze de grands ouvrages, comme les statues équestres, que nous prendrons ici pour exemple, parce qu’il sera facile d’y rapporter les autres morceaux de ce travail.

Tous les arts ont une sorte d’attelier qui leur convient, soit par sa construction, soit par la disposition de ses parties ; & c’est aux ouvrages qu’on y travaille à déterminer l’une & l’autre. Celui du fondeur en grand est un espace profond revêtu de murs au pourtour, au centre duquel l’ouvrage à fondre est placé. L’étendue de cet espace doit être proportionné à la grandeur de l’ouvrage, & laisser entre le moule de potée & le mur de recuit un pié de distance au moins. Cet espace s’appelle la fosse. La fosse peut être ronde ou quarrée : la fosse ronde se fait à moins de frais, parce qu’elle a moins de murs de pourtour, & elle est plus solide, sur-tout quand elle est enfoncée en terre, parce que toutes les coupes de ses pierres sont dirigées vers un centre. On la creuse au-dessous du rez-de-chaussée, observant que la hauteur des eaux dans les lieux circonvoisins soit au-dessous de son aire, pour éviter l’humidité, qui est contraire dans toutes les occasions où le feu est employé à résoudre. C’est dans la fosse qu’on travaille le modele, le moule de plâtre, &c. lorsque les ouvrages sont grands, & qu’on risqueroit d’en tourmenter les pieces en les