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niers que le nom de brochure paroît le plus singulierement consacré. On dit assez ordinairement : nous avons été cette année inondés de brochures ; c’est une mauvaise brochure, &c. quand on veut se plaindre de la quantité de ces petits ouvrages nouveaux dont la lecture produit deux maux réels ; l’un de gâter le goût ; l’autre d’employer le tems & l’argent que l’on pourroit donner à des livres plus solides & plus instructifs. Au reste cette frivolité du siecle n’est pas un mal pour tout le monde ; elle fait vivre quelques petits auteurs, & produit, proportions gardées, plus de consommation de papier que les bons livres. Une brochure passe de la toilette d’une femme dans son anti-chambre, &c. cette circulation se renouvelle, & fait valoir le commerce de nos fabriques.

BROCKAU, (Géog.) petite riviere d’Allemagne dans le duché de Holstein, dans la province de Wagrie.

BROCOLI, s. m. (Jardinage.) c’est une espece de choux qui se cultive en Angleterre, & surtout en Italie : on l’y mange avec la viande, & souvent en salade chaude. Quelques Jardiniers en France coupent les têtes des choux pommés sans en arracher les troncs, & ils font passer pour brocolis les petits rejettons qu’ils poussent. (K)

BRODEQUIN, s. m. (Hist. anc.) sorte de chaussure en usage parmi les anciens, qui couvroit le pié & la moitié de la jambe, & qu’on pourroit comparer pour la forme aux bottines des housards ou des heiduques, quoiqu’elle en différât pour la matiere : car si le calceus, ou la partie inférieure du brodequin étoit de cuir ou de bois, la partie supérieure ou le caliga étoit d’une étoffe souvent précieuse ; tels étoient surtout ceux dont se servoient les princes, & les acteurs dans les tragédies.

On attribue l’invention du brodequin à Eschyle qui, dit-on, l’introduisit sur le théatre pour donner plus de majesté à ses acteurs. Le brodequin étoit quadrangulaire par en-bas ; & l’espece de bottine qui le surmontoit, s’attachoit plus ou moins haut sur la jambe. Le calceus étoit si épais, qu’un homme de médiocre taille, chaussé du brodequin, paroissoit de la taille des héros. Cette chaussure étoit absolument différente du soc, espece de soulier beaucoup plus bas, & affecté à la comédie. De là vient que dans les auteurs classiques, & sur-tout les poëtes, le mot de brodequin ou de cothurne désigne spécialement la tragédie ; & qu’encore aujourd’hui l’on dit d’un poëte qui compose des tragédies, qu’il chausse le cothurne.

Au reste, les brodequins n’étoient pas tellement relégués au théatre, que les personnes d’une autre condition ne s’en servissent. Les jeunes filles en mettoient pour se donner une taille plus avantageuse ; les voyageurs & les chasseurs, pour se garantir des boues. On trouvera le brodequin dans nos Planches d’Antiquités. Voyez leur explication. (G)

Brodequins, (Jurispr.) sorte de torture dont on se sert pour faire tirer des criminels l’aveu de leurs forfaits : elle consiste en quelques endroits en une sorte de boîte ou de bas de parchemin, que l’on mouille & que l’on applique ainsi à la jambe du patient ; ensuite on approche cette jambe proche du feu, qui occasionnant un violent rétrécissement au parchemin, serre la jambe vivement, & cause une douleur insupportable.

Il y a aussi une autre sorte de question appellée les brodequins, qui consiste en quatre fortes planches liées avec des cordes tout autour. Deux de ces planches sont placées entre les jambes du criminel, & les deux autres sur les côtés extérieurs des jambes, que l’on serre aussi avec des cordes l’une contre l’autre : on passe ensuite un coin entre les deux planches qui sont entre les deux jambes ; ce qui tendant à faire écarter les planches & les cordes qui les resserrent, l’effort du coup tombe sur les os des jambes & les

brise, ou occasionne une luxation qui fait souffrir au criminel des douleurs horribles. Cette question n’est plus usitée en Angleterre : mais elle subsiste encore en France, en Ecosse, & en quelques autres pays. (H)

BRODERA, (Géog.) ville des Indes orientales dans l’empire du Mogol, au royaume de Guzurate : il s’y fait un grand négoce de toiles de coton. Long. 90. 30. lat. 22. 25.

BRODERIE, s. f. ouvrage en or, argent ou soie, formé à l’aiguille d’un dessein quelconque, sur des étoffes ou de la mousseline. Dans les étoffes on fait usage d’un métier qui sert à étendre la piece, qui se travaille d’autant mieux qu’elle est plus étendue. Quant à la mousseline, les ornemens qu’on y applique dépendent de sa qualité : on la bâtit sur un patron dessiné qui se tient à la main ; quelquefois on l’empese avant que de la monter sur ce patron, quand l’ouvriere juge par la qualité qu’elle lui reconnoît, qu’elle sera difficile à manier. Les traits du dessein se remplissent, ainsi que quelques-unes des feuilles, de piqué & de coulé. Voyez ces mots. Les fleurs se forment de différens points-à-jour, au choix de l’ouvriere ; choix toûjours fondé sur le plus ou le moins d’effet que l’on pense qui résultera d’un point ou d’un autre.

La broderie au métier est d’une grande ancienneté. Dieu ordonna qu’on en enrichît l’arche & d’autres ornemens du temple des Juifs. Mais la broderie en mousseline pourroit bien ne pas remonter si haut. Les broderies de cette espece suivant en tout les desseins des belles dentelles, & la plûpart des points des unes ayant pris le nom du pays où les autres se font, car on dit point d’Hongrie, point de Saxe, &c. il y a lieu de croire que la broderie qui n’est vraiment qu’une imitation de la dentelle, n’est venue qu’après elle ; sur-tout, si l’on fait attention que la broderie s’est plus perfectionnée dans les pays où les dentelles sont les plus belles, comme en Saxe, que par-tout ailleurs.

La broderie au métier paroît bien moins longue que l’autre, dans laquelle, du moins pour le remplissage des fleurs, il faut compter sans cesse les fils de la mousseline tant en long qu’en travers : mais en revanche cette derniere est beaucoup plus riche en points, & dès-là susceptible de beaucoup plus de variété. La broderie en mousseline la plus estimée est celle de Saxe : on en fait cependant d’aussi belle dans d’autres contrées de l’Europe, sur-tout en France : mais la réputation des ouvrieres Saxonnes est faite ; les Françoises feroient mieux, qu’on les vanteroit moins. Il seroit bien à souhaiter que la prévention n’eût lieu que dans cette occasion.

Les toiles trop frappées, ne sont guere susceptibles de ces ornemens : & en effet, on n’y en voit point. Les mousselines même doivent être simples. Les plus fines sont les meilleures pour être brodées. Les doubles, à cause de leur tissure pressée & pleine, rentrent pour la broderie dans la classe des toiles, sur lesquelles elle est au moins inutile.

Broderie appliquée, est celle dont les figures sont relevées & arrondies par le coton ou vélin qu’on met dessous pour la soûtenir.

Broderie en couchure, est celle dont l’or & l’argent est couché sur le dessein, & est cousu avec de la soie de même couleur.

Broderie en guipure, se fait en or ou en argent. On dessine sur l’étoffe, ensuite on met du vélin découpé, puis l’on coud l’or ou l’argent dessus avec de la soie. On met dans cette broderie de l’or ou de l’argent frisé, du clinquant, du bouillon de plusieurs façons. On y met aussi des paillettes.

Broderie passée, est celle qui paroît des deux côtés de l’étoffe.

Broderie plate, est celle dont les figures sont