Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/427

Cette page a été validée par deux contributeurs.

seroit peut-être plus durable que la pierre même ; mais à quoi bon les indiquer ? Le commerce & la fabrication de la tuile sont libres ; & il n’y a point de regles prescrites, ni à l’ouvrier, ni au marchand, ni à l’acheteur. On se plaint que nos ouvrages en maçonnerie n’ont pas la force de ceux des anciens, & l’on ne voit pas qu’ils prenoient pour les faire durer, toutes les précautions qu’ils imaginoient nécessaires, au lieu que nous n’en prenons aucune.

Il nous vient de la brique de Bourgogne, de Melun, & de Corbeil ; celle de Bourgogne passe pour la meilleure : il faut la choisir bien cuite, sonnante & colorée. Elle s’achete au millier : on ne peut rien statuer sur son prix. Elle a valu d’abord dix livres le millier, puis quinze ; & il y a apparence qu’elle vaut davantage, & qu’elle augmentera de prix à mesure que les matieres combustibles deviendront plus rares. Ceux qui ont de grands batimens de brique, soit à faire, soit à entretenir, épargneront beaucoup à loüer des ouvriers qui la travaillent sur leur terre : ils leur donneront quarante-cinq à cinquante sous par jour, ou plûtôt ils les payeront à raison de trois livres pour chaque mille de briques bonnes & entieres après la cuisson. On leur fournit le bois à raison de vingt cinq cordes pour trente milliers de briques cuites en plein air. Il faut un quart de bois de moins dans une briqueterie, ou four fait exprès ; plus le four a servi, plus il s’échauffe facilement.

Un commentateur de Vitruve voudroit qu’on donnât aux briques la forme d’un triangle équilatéral, dont chaque côté eût un pié de long, sur un pouce & demi d’épais. Il prétend que ces briques s’employeroient plus commodément, coûteroient moins, & seroient plus solides & d’une plus belle apparence : elles ajoûteroient, dit-il, de la force & de la grace, sur-tout aux angles d’un ouvrage dentelé. M. Wotton s’étonne avec raison de ce qu’on a négligé l’avis du commentateur de Vitruve.

La brique est d’usage en Medecine ; on la fait chauffer, & on l’employe sur différentes parties du corps ; on en met quelquefois sur les cataplasmes pour les tenir chauds.

L’huile de brique, autrement appellée l’huile des philosophes, se fait comme il suit. On éteint des briques chaudes dans de l’huile d’olive, & on les y laisse jusqu’à ce qu’elles en ayent pris toute l’huile ; on les distille ensuite par la retorte, & on retire l’huile que l’on sépare de l’esprit.

Cette huile est chargée de particules ignées, & de l’acide de la brique ; ainsi elle est résolutive, carminative, calmante, & bonne à l’extérieur dans les embrocations, & les linimens pour les tumeurs froides. (N)

* BRIQUET, s. m. c’est une sorte de couplet, à queue d’aronde, dont les deux parties sont jointes par un double anneau qui se place au milieu des deux nœuds des aîles, & qui y est retenu par deux broches qui traversent les nœuds de ces ailes ; de maniere que les deux ailes en tournant, peuvent s’appliquer exactement l’une sur l’autre : ce qui n’arrive pas aux autres sortes de couplets, à cause de l’éminence des nœuds. Comme le double anneau est plat par-dessus ; il ne paroît aucun nœud, lorsque les ailes sont étendues & déployées. Son usage est principalement aux tables de comptoirs, & à toutes les occasions où l’on veut que les surfaces se plient, & soient sans nœuds de charniere. Voy. Pl. de Serrurerie, & leur explicat.

BRIQUETER, v. act. (terme d’Architecture) c’est contrefaire la brique sur le plâtre avec une impression de couleur d’ocre rouge, & y marquer les joints en plâtre.

BRIQUETERIE, s. f. (en Architecture,) voyez Tuilerie. (P)

BRIQUETIER, s. m. ouvrier manufacturier de

briques. Voyez Brique & Tuile.

BRIS, s. m. est un terme de Palais, qui signifie la rupture faite avec violence d’une chose fermée, ou de ce qui en fait la clôture ; c’est en ce sens qu’on dit bris de prison, bris de portes, bris de scellé.

Par l’article 25 du titre XVII. de l’Ordonnance criminelle, le procès doit être fait à l’accusé pour le crime du bris des prisons par défaut & contumace.

Le bris de prison de la part d’un accusé n’est pas regardé comme une confession décisive de son crime ; mais c’est un fort indice qui seroit suffisant pour le faire appliquer à la question, s’il venoit à être repris.

C’est un crime dans la personne même de celui qui se trouveroit avoir été emprisonné sans cause légitime. Les complices du bris de prison sont punis encore plus séverement que le prisonnier qui cherche à s’évader. La peine de ce crime est arbitraire ; parce qu’il est toûjours accompagné de circonstances qui le rendent plus ou moins grave.

Le bris de scellé est un crime, & se poursuit extraordinairement. Voyez Scellé.

Bris de marché, est le vol des marchandises qu’on porte au marché, ou une monopole pratiquée à l’effet d’empêcher la vente du marché, ou toute autre entreprise violente faite dans la vûe d’empêcher le port ou le débit des marchandises dans les marchés. (H)

Bris ou Naufrage, (terme de Marine.) Ce mot de bris se dit des vaisseaux qui échouent, ou qui viennent se briser sur les côtes ; d’où l’on dit droit de bris. C’est un droit qui appartient au seigneur du lieu où s’est fait le bris. C’est le droit le plus injuste & le plus universel qui soit au monde. Les anciens Gaulois l’avoient établi, parce qu’ils traitoient d’ennemis tous les étrangers. Les Romains en ayant abrogé l’usage, il fut rétabli sur le déclin de l’empire, à cause de l’incursion des nations du nord qui ravageoient les côtes de la Gaule. Enfin les ducs de Bretagne sollicités par saint Louis, modérerent cette rigueur ; & moyennant quelque taxe, ils accorderent des brefs ou congés que prenoient ceux qui avoient à naviger sur leurs côtes. Ce bris n’a plus de lieu en France, non plus qu’en Italie, en Espagne, en Angleterre, & en Allemagne, si ce n’est contre les pirates & contre les ennemis de l’état. L’empereur Andronic fut le premier qui, par un édit qu’on exécuta, fit défense de piller les vaisseaux brisés ou échoüés ; ce qu’on faisoit auparavant avec beaucoup de rigueur sur toutes les côtes de l’empire, nonobstant les défenses des princes qui l’avoient précédé. (Z)

Bris, (terme de Blason) se dit d’une de ces happes de fer à queue pattée, dont l’usage est de soûtenir les portes sur leurs pivots, & de les faire rouler sur leurs gonds ; & comme la plûpart des fenêtres & des portes sont brisées en deux par le moyen de deux de ces happes, dont les bouts entrent en pivot l’un dans l’autre, on les nomme bris. Les vieux blasonneurs appellent bris d’huis, les pivots sur lesquels se meuvent les portes ou fenêtres brisées, quands ils sont representés sur l’écu. (V)

BRISACH, (le vieux) (Géogr.) ville d’Allemagne, autrefois capitale du Brisgaw, sur le Rhin. Long. 25. 28. lat. 48. 8.

Brisach, (le neuf) ville de France en Alsace, à une demi-lieue du Rhin. Elle est bien fortifiée. Lon. 25. 21. lat. 48. 5.

BRISANT, BRISANS, s. m. (Marine) sont des pointes de rochers qui s’élevent jusqu’à la surface de l’eau, & quelquefois au-dessus, en sorte que les houles y viennent rompre ou briser. Sur les cartes marines ils sont représentés par des petites croix figurées ainsi suivant leur étendue & leur situation.

On appelle aussi brisant, le rejaillissement de la