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duit en farine, sort par l’anche, & tombe dans le sac I. L’endroit où sont les chevaux s’appelle le manege. On voit à gauche de la même figure les meules séparées, & à la distance qui convient pour la mouture, avec l’ouverture de l’anche ; car le grand roüet C produit des deux côtés le même effet, & fait marcher proprement deux moulins. Mais ce n’est pas tout : le même méchanisme pourroit servir à deux moulins à l’eau ; on en voit un à droite. L’eau est tirée du puits par une pompe à chapelet : on a pratiqué dans l’étage supérieur à celui du manege un trou au plancher à travers lequel passe le grand arbre debout B. Cet arbre porte à sa partie supérieure, comme on voit aussi à son inférieure, un grand roüet CC. Les dents de ce roüet engrainent dans la lanterne KK fixée sur l’arbre de couche L, au bout duquel est adaptée une étoile M garnie de ses cornichons, à l’aide desquels elle porte & tire la chaîne à chapelet, qui passant dans un tuyau de bois N qu’elle remplit exactement, monte l’eau dans le petit réservoir O, qui est au-dessus du puits. De ce réservoir on la conduit par des tuyaux de plomb partout où l’on en a besoin.

Il ne faut pas que la farine soit trop grosse, ni qu’elle soit trop fine ; l’un & l’autre excès a ses inconvéniens : trop grosse, le suc ne s’en tire pas facilement ; trop fine, on court risque de perdre entierement le brassin ; il s’en fait alors une liaison, un mortier que l’eau ne peut pénétrer lorsque la farine est dans la cuve.

De la cuve matiere. Lorsque la farine est faite, on la met dans la cuve appellée communément cuve matiere, Planche V. A. Cette cuve A est de bois ; ses douves ont environ deux pouces ou deux pouces & demi d’épaisseur sur quatre à cinq pouces de largeur ; sa profondeur est d’environ quatre piés & demi, elle est à deux fonds : celui d’en bas est plein, comme le sont ordinairement tous les fonds de cuve : mais il est surmonté d’un second que l’on appelle faux-fond. Ce faux-fond est composé de planches percées d’une multitude de petits trous faits en cone, ou plus ouverts à la partie inférieure de la planche, qu’à sa partie supérieure. La différence de diametre de ces ouvertures est grande ; car à la partie inférieure le trou peut avoir trois quarts de pouce ou environ, & il se trouve réduit à la partie supérieure à une ligne ou environ. Ces planches sont soûtenues au-dessus du premier fond par des patins qui sont attachés sur elles-mêmes ; ces patins ont environ deux pouces de hauteur, de façon qu’il se trouve deux pouces d’intervalle entre les deux fonds.

Le faux-fond est arrêté en-dessus par un cordon de bois, qui regne tout autour de la cuve. Ce cordon a environ trois petits pouces de large, & sert à retenir tous les bouts des planches du faux-fond, & à empêcher qu’elles ne se levent avec l’eau que l’on envoye dans la cuve. Dans un endroit de la cuve le plus commode, on place debout une espece de pompe ou tuyau de bois, qu’on appelle pompe à jetter trempe. Ce tuyau passe à-travers le faux-fond, & pose sur l’autre fond, mais ne s’y applique pas. On lui a pratiqué aux quatre angles quatre especes de piés, sur lesquels il est appuyé : l’espace évuidé qui est entre ces quatre piés, suffit pour donner passage à l’eau.

Sous la cuve-matiere, il y en a une autre plus petite que l’on nomme reverdoir, & dans laquelle est équipée une pompe à chapelet, qu’on appelle pompe à cabarer. Cette pompe sert à enlever ce qui sort de la cuve-matiere, & à le renvoyer, par le moyen d’une gouttiere qu’on lui applique, dans les chaudieres, sur le bord desquelles cette gouttiere est appuyée de l’autre bout. Voyez la Planche V. A cuve-matiere : B autre cuve-matiere ; car on peut en avoir plusieurs : C, C, pompes à cabarer, qui se rendent

dans les cuves placées au-dessous des cuves matieres : E, E, gouttieres : D, D, chaudieres : F, F, bacs. On verra plus bas l’usage de tous les agrès, après que nous aurons expliqué ce qui concerne les chaudieres.

Des chaudieres. Les chaudieres dont on se sert, sont faites de grandes tables de cuivre, cloüées ensemble avec des clous de même métal. Leur figure est celle d’un demi-globe. Elles sont montées sur leurs fourneaux, qui doivent être construits de brique ou de tuileau. On y employe quelquefois la pierre : mais la difficulté de trouver des pierres qui résistent au feu, fait préférer les deux autres especes de matériaux.

Pour bien construire un fourneau, il faut d’abord faire un bon massif de moilon que l’on revêtira de bons murs. Voyez fig. 2. Pl. II. A, A, A, A, &c. Ces murs étant élevés à la hauteur de deux piés & demi ou environ, suivant la grandeur des chaudieres, on pavera le fond du fourneau B, B, B, B, &c. avec du gros pavé de grais, ou avec de la brique de champ, & debout : puis on posera l’embouchure C, C, C, C, &c. L’embouchure doit être construite de trois ou quatre barres de fer, fortes & larges de cinq à six pouces ; chacunes assemblées avec des entretoises de pareil fer. L’embouchure étant posée, on construira le mur intérieur du fourneau, qu’on voit même Planche, fig. 9. en D, D, D. Cette figure est une coupe verticale de la chaudiere & du fourneau, prise sur le milieu de l’embouchure qu’elle partage en deux selon sa longueur. Ce mur intérieur doit être de brique ou de tuileau. On l’élevera environ de quinze pouces à plomb. Sa forme, comme on voit, est concave. Après quoi on le continuera à grand fruit. Quant à la forme qu’on lui donnera, ce sera celle d’une calote sphérique concave, capable d’embrasser la chaudiere dans toute sa surface, excepté à l’endroit qui correspond au fourneau, où la chaudiere n’a aucune partie de construction qui s’y applique, & que par-tout ailleurs il y a entre la chaudiere & le mur en calote sphérique concave, cinq à six pouces de distance. Il n’y a rien qui corresponde au fond de la chaudiere E, comme on voit figure 9. L’espace du mur & de la chaudiere F, F, plus grand par en bas que par-tout ailleurs, va toûjours en diminuant à mesure qu’il s’éleve vers les bords de la chaudiere. Cette construction est très-raisonnable ; par ce moyen les parties de la chaudiere sont d’autant plus découvertes, qu’elles sont plus exposées à l’action du feu ; & la flamme resserrée à mesure qu’elle monte, se replie sur elle-même, & enveloppe toute la chaudiere, s’élevant jusqu’aux ventouses qui sont perpendiculairement au-dessus de l’embouchure, environ à cinq à six piés plus haut. Il n’est pas nécessaire d’avertir qu’il faut garnir & élever les murs de revêtissement, à mesure que l’on éleve ceux du fourneau qui doivent commander aux autres. Lorsqu’on a poussé la construction jusqu’en G, G, à quatre à cinq pouces des agraffes de la chaudiere, qui doivent être faites de cuivre pour plus grande solidité, on fermera tout-à-coup le fourneau ; ensorte que toutes les briques toucheront pour lors la chaudiere ; & l’on continuera de construire ainsi lors même qu’on sera au-dessus des agraffes, avec cette différence seulement, que les briques depuis le pié du mur jusqu’aux agraffes, seront unies avec de la terre à four ; & que depuis les agraffes jusqu’aux bords & au-dessus des bords, on les liera avec un mortier de chaux & un ciment d’eau-forte. On observera, lorsqu’on posera les briques avec le mortier de chaux & le ciment, de faire mouiller les briques, afin qu’elles soient plus disposées à faire corps avec le ciment.

Lorsqu’on a conduit la maçonnerie à la hauteur de la chaudiere, & qu’on aura construit les ventou-