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écrites par les auteurs originaux, en y ajoûtant des notes semblables à celles que les meilleurs éditeurs des Peres ont ajoûtées à leurs écrits, soit pour éclaircir les passages obscurs, soit pour distinguer le vrai du fabuleux. L’entreprise étoit grande, mais, comme on le sent assez, beaucoup au-dessus des forces d’un seul homme : aussi le P. Rosweid ne put-il pendant toute sa vie qu’amasser des matériaux, & mourut sans avoir commencé à leur donner de forme. C’étoit en 1629 ; & l’année suivante, le P. Bollandus reprit ce dessein sous un autre point de vûe, qui fut de composer les vies des saints d’après les auteurs originaux. En 1635, il s’associa le P. Godefroi Henschenius ; & six ans après, ils firent paroître les actes des saints du mois de Janvier en deux volumes in-folio : ce livre eut un succès qui augmenta lorsque Bollandus eut donné trois autres volumes dans la même forme, contenant les actes des saints du mois de Février. Il s’étoit encore associé en 1650 le P. Papebrock, & travailloit à donner le mois de Mars lorsqu’il mourut en 1665. Après la mort d’Henschenius, le P. Papebrock eut la principale direction de ce grand ouvrage, & s’associa successivement les PP. Baërt, Jemaing, du Sollier, & Raye, qui ont donné vingt-quatre volumes, contenant les vies des saints jusqu’au mois de Juin. Depuis la mort du P. Papebrock, arrivée en 1714, les PP. du Sollier, Cuper, Piney, & Bosch, donnerent en cinq volumes in-folio, le reste du mois de Juin, & tout le mois de Juillet. Il a paru encore depuis de nouveaux volumes, contenant une grande partie des saints du mois d’Août, & l’ouvrage est toûjours continué par d’autres savans du même ordre. Or prétend que Bollandus n’a pas été assez en garde contre les traditions populaires : mais ses successeurs, & sur-tout le P. Papebrock, ont apporté plus de critique dans le choix des monumens destinés à former cette vaste collection, qui ne peut être que très-utile à la religion. (G)

BOLLINGEN, (Géog.) petite ville sur le bord d’un lac, dans l’évêché de Constance.

BOLLOS, s. m. (Minéralog.) on appelle ainsi, dans les mines du Potosi & du reste du Pérou, les lingots ou barres d’argent, qu’on tire du minéral par l’opération réitérée du feu, ou par le meyen des eaux-fortes. Voyez Argent.

BOLOGNE, (Géog.) ville d’Italie, capitale du Bolonois, sur la riviere de Reno, jointe au Po par un canal. Long. 29. lat. 44. 27. 20.

Bologne (pierre de), Hist. nat. c’est une pierre grisâtre, pesante, talqueuse, ordinairement de la grosseur d’une noix, mais d’une figure irréguliere ; les plus luisantes & les moins remplies de taches sont les meilleures, aussi bien que celles qui sont couvertes à la surface d’une croûte mince, blanche & opaque. On trouve ces pierres en plusieurs endroits d’Italie, mais sur-tout au pié du mont Paterno, qui est à peu de distance de Bologne : c’est après les grandes pluies qu’on les découvre ; parce qu’alors ces pierres se trouvent lavées & dégagées des parties terrestres qui les environnent quelquefois, & qui les rendent méconnoissables. On prépare ces pierres de la maniere suivante : après en avoir ôté la terre & les matieres hétérogenes, on en prend quelques-unes qu’on réduit en poudre très-déliée, qu’on passe ensuite au tamis ; on humecte les autres pierres avec de l’eau-de-vie, & on les enduit de cette poudre ; on prend ensuite un petit fourneau de terre dont la grille soit de cuivre jaune ; on y met d’abord quelques charbons allumés ; quand ils sont consumés à moitié, on remplit à moitié le fourneau de charbon de braise ; on pose doucement dessus, les pierres enduites de poudre ; on acheve ensuite de remplir le fourneau de charbon de braise éteinte ; on couvre le fourneau de son dôme, & on laisse brûler le char-

bon sans y toucher, jusqu’à ce qu’il soit entierement

consommé. Lorsque tout sera refroidi, on trouvera sur la grille les pierres calcinées : on en sépare la croûte, & on garde ces pierres dans des boîtes avec du coton. Elles ont la propriété du phosphore ; c’est-à-dire, qu’en les exposant au jour ou au soleil, & même à la clarté du feu, & les transportant sur le champ dans un endroit obscur, elles paroissent lumineuses comme des charbons allumés, mais sans chaleur sensible. Cette lumiere dure quelque tems, puis elle s’affoiblit & se perd : mais en les exposant de nouveau à la lumiere, elles reprennent leur qualité phosphorique. S’il arrive qu’au bout de deux ou trois ans elles viennent à perdre tout-à-fait la propriété dont on vient de parler, on peut la rendre en les faisant calciner de nouveau de la maniere qui a été indiquée.

Nous devons ce procédé à M. Lemery, qui a fait grand nombre d’expériences sur la pierre de Bologne, & qui en donne un détail très-circonstancié dans son cours de Chimie. (—)

* BOLONOIS, (Géog.) province d’Italie, dans l’état de l’Eglise, bornée au septentrion par le Ferrarois ; à l’orient, par le même & par la Romagne ; au midi, par le Florentin ; & à l’occident, par l’état de Modene.

BOLSENA, (Géog.) ville d’Italie sur le lac de même nom, dans le patrimoine de S. Pierre. Long. 29. 33. lat. 42. 37.

BOLTON, (Géog.) ville d’Angleterre, dans la soûdivision septentrionale de la province d’Yorck, sur la riviere de Trivel.

* BOLUC-BASSI, (Hist. mod.) c’est le nom d’une dignité ou d’un grade militaire chez les Turcs. Les boluc-bassis sont chefs de bandes, ou capitaines de cent Janissaires : ils sont habillés & montés, & ils ont soixante aspres de paye par jour.

BOLZANO ou BOZZEN, (Géog.) ville d’Allemagne au comté de Tirol, sur la riviere d’Eisach, proche l’Adige. Long. 28. 46. lat. 46. 42.

* BOLZAS, s. m. (Commerce.) coutil fabriqué de fil de coton, qui vient des Indes. Il y en a de tout blancs, & d’autres rayés de jaune : les raies s’en font avec du fil de coton écru.

BOLZWAERT, (Géog.) ville de la province de Frise. près du Zuyder-Zée.

BOMBAIM ou BOMBAI, (Géog.) ville d’Asie dans les Indes, proche la côte de Malabar, au royaume de Visapour. Long. 90. 30. lat. 19.

BOMBARDE, s. f. (Artillerie.) piece d’artillerie dont on se servoit autrefois, qui étoit grosse & courte avec une ouverture fort large. Quelques-uns l’ont appellée basilic.

Il y en a qui dérivent ce mot par corruption de Lombarde, croyant qu’elle est venue de Lombardie. Du Cange après Vossius, le dérive de bombus & ardeo ; Menage, de l’Allemand bomberden, le pluriel de bomber, baliste : mais je doute que les Allemands ayent jamais connu ce mot. Il est assez ordinaire à Menage, & à plusieurs autres étymologistes, de donner des étymologies de mots qu’ils ont eux-mêmes forgées.

Il y a eu des bombardes qui ont porté jusqu’à 300 livres de balle. Froissart fait mention d’une de ces pieces, qui avoit cinquante piés de long. On se servoit de grues de charpente pour les charger. On croit que les bombardes étoient en usage avant l’invention du canon. Voyez Canon.

Le P. Daniel croit qu’on donna d’abord le nom de bombarde à toutes les armes à feu, & que ce nom vient du Grec βόμϐος, qui signifie le bruit que ces armes font en tirant. (Q)

Bombarde, (Luth.) jeu d’orgue de la classe de ceux qu’on appelle jeu d’anche, voyez Trompette ; & dont la bombarde ne differe que parce qu’elle sonne