Paris, on les logea à la Chapelle, où on les alloit voir en foule. Ils avoient aux oreilles des boucles d’argent, & les cheveux noirs & crêpés ; leurs femmes étoient laides, voleuses, & diseuses de bonne aventure : l’éveque de Paris les contraignit de s’éloigner, & excommunia ceux qui les avoient consultés ; depuis ce tems le royaume a été infecté de vagabonds de la même espece, auxquels les états d’Orléans tenus en 1560, ordonnerent de se retirer sous peine des galeres. Les Biscayens & autres habitans de la même contrée ont succédé aux premiers bohémiens, & on leur en a conservé le nom. Ils se mêlent aussi de voler le peuple ignorant & superstitieux, & de lui dire la bonne aventure. On en voit moins à présent qu’on n’en voyoit il y a 30 ans, soit que la police les ait éclaircis, soit que le peuple devenu ou moins crédule ou plus pauvre, & par conséquent moins facile à tromper, le métier de bohémien ne soit plus aussi bon.
* BOHITIS, s. m. pl. (Hist. mod.) prêtres de l’île Espagnole en Amérique. Les Espagnols les trouverent en grande vénération dans le pays, quand ils y arriverent. Leurs fonctions principales étoient de prédire l’avenir & de faire la medecine. Ils employoient à l’une & à l’autre une plante appellée cohoba ; la fumée du cohoba respirée par le nez leur causoit un délire qu’on prenoit pour une fureur divine ; dans cette fureur ils débitoient avec enthousiasme un galimathias, moitié inintelligible, moitié sublime, que le peuple recevoit comme des inspirations. La maniere dont ils traitoient les maladies étoit plus singuliere. Quand ils étoient appellés auprès d’un malade, ils s’enfermoient avec lui, faisoient le tour de son lit trois ou quatre fois, lui mettoient de leur salive dans la bouche ; & après plusieurs mouvemens de tête & autres contorsions, souffloient sur lui & lui suçoient le cou du côté droit. Ils avoient grand soin auparavant de mettre dans leur bouche un os, une pierre, ou un morceau de chair ; car ils en tiroient après l’opération quelque chose de semblable, qu’ils donnoient pour la cause de la maladie, & que les parentes du malade gardoient avec soin afin d’accoucher heureusement. Pour soulager le malade fatigué de ces cérémonies, ils lui imposoient légerement les mains depuis la tête jusqu’aux piés, ce qui ne l’empêchoit pas de mourir ; alors ils attribuoient sa mort à quelque pêché récent dont elle étoit le châtiment. Ils n’avoient d’autre part aux sacrifices que celle de recevoir les pains d’offrande, de les bénir, & de les distribuer aux assistans ; mais ils étoient chargés de la punition de ceux qui n’observoient pas les jeûnes prescrits par la religion. Ils portoient un vêtement particulier, & ils pouvoient avoir plusieurs femmes. Voyez Lop. de Gomar. Hist. des Ind. occid.
BOHMISCH-BROD, (Géog.) c’est une ville de Bohème, peu éloignée de Prague.
BOHMISCH-WEYER, (Géog.) ville de Bohème, dans le cercle de Pilsen sur un lac.
* BOHMISTES, s. m. pl. (Hist. eccl.) on appelle ainsi en Saxe les sectateurs d’un nommé Jacob Bohm, qui est mort en 1624 ; il a laissé plusieurs écrits mystiques, & a donné dans une Théologie obscure & inintelligible.
BOHOL, (Géog.) une des îles Philippines, dans l’Océan oriental en Asie.
BOHUSLAW, (Géog.) ville de Pologne, dans le Palatinat de Kiovie.
BOIANO, (Géog.) petite ville d’Italie, au pié de l’Apennin, au royaume de Naples, dans le comté de Molise, près du Biferno. Long. 32. 8. lat. 41. 30.
* BOIARD, s. m. (Commerce) terme usité par ceux qui pêchent la morue pour désigner une civiere à bras, sur laquelle on charge ce poisson, pour le transporter d’un lieu dans un autre.
* BOIBI, (Hist. nat.) c’est un serpent du Bresil, que les Portugais appellent cobre verde, serpent verd ; il est ordinairement d’environ trois piés de long, & gros comme le pouce : sa couleur est verdâtre. Il a la gueule grande & la langue noire ; il se tient entre les pierres & dans les masures ; sa morsure est très-dangereuse : l’on attribue à sa chair les mêmes qualités qu’à celle de la vipere.
* BOICININGA, (Hist. nat.) en Portugais cascavel, c’est un grand serpent du Bresil, qui a quatre ou cinq piés de long ; il est de la grosseur du bras, sa couleur est d’un rouge tirant sur le jaune ; sa tête est longue & mince & sa langue fourchue : il a de petits yeux, mais ses dents sont longues & pointues. On voit attaché à sa queue vers l’extrémité, un corps parallelepipede, de trois à quatre doigts de long, large d’un demi-doigt, & composé de petits chaînons entrelacés les uns avec les autres, secs, unis, luisans, de couleur cendrée, tirant sur le rouge. Ce corps croit à chaque année d’un anneau ou chaînon ; il fait le même bruit qu’une sonnette : il annonce de loin la présence du serpent qui se tient dans les chemins écartés. Il est fort venimeux & attaque les passans ; les Indiens, à ce qu’on prétend, portent pour s’en garantir au bout d’un bâton un morceau de la racine dite vipérine, dont l’odeur arrête sa furie. On prépare un remede singulier contre sa morsure ; c’est son fiel imbibé dans une quantité convenable de chaux réduite en poudre ou de farine de maïs. On dit que ce fiel est de couleur d’azur & si spiritueux, qu’il s’évapore & disparoît à l’air. On ajoûte que la vésicule en est vuide en été ; d’où l’on conjecture qu’elle est portée aux gencives de l’animal & qu’elle est la source de son poison. On raconte de la virulence de ce poison des choses étonnantes ; comme de se transmettre à travers le bois & le fer, & de rendre dangereux l’attouchement des corps que le serpent a mordus.
* BOIE, s. f. (Commerce) espece de revêche que les Sayetteurs d’Amiens fabriquent. Il y en a de trois largeurs ; les grands ont trois quartiers de large sur vingt aulnes de long ; les moyennes ont la même longueur sur un peu moins de largeur ; les étroites n’ont qu’une demi-aulne de large, sur vingt de long.
* BOIENS, s. m. pl. (Géog. anc.) il y a eu plusieurs peuples de ce nom : les uns en Germanie, les autres dans les Gaules, en Italie, & même en Asie.
Ceux de Germanie habitoient la forêt Hercyniene, & ce sont eux qui ont donné nom à la Boheme.
Ceux de la Gaule habitoient entre la Loire & l’Allier, jadis le pays des Æduens, aujourd’hui le Bourbonnois.
Ceux des Gaules résidoient vers les confins de la Novempopulanie & dans le pays de Bordeaux. On les appelle aujourd’hui Bujes, & leur canton Buch, Burtz, & Buch ; il est situé sur la Loire.
Les Boiens de la Gaule Cisalpine firent partie des Gaulois qui entrerent en Italie en 364, & s’emparerent de l’Umbrie & de l’Etrurie. Près de l’Apennin, dit Polybe, on trouve les Ananes, ensuite les Boiens.
Les Boiens de l’Asie, Gaulois d’origine, s’avancerent, sous la conduite de Brennus, jusqu’à Bisance, & pénétrerent jusques dans l’Eolie & l’Ionie, où ils s’établirent.
BOIER. (Marine.) Voyez Boyer.
BOINITZ, (Géog.) ville de la haute Hongrie, au comté de Zoll, rémarquable par ses bains & son safran. Long. 36. 40. lat. 48. 42.
BOIOARIENS, s. m. pl. (Géog. anc.) peuples de la Germanie, connus dans les auteurs modernes sous le nom de Bavarois, & leur pays sous celui de Baviere.
BOIRE, v. act. & n. (Physiolog.) action par la-