Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se peut prendre là pour la montagne où étoit le temple de l’idole ; car les Hébreux appellent un temple beth, c’est-à-dire, maison. Les Moabites offroient les sacrifices à Beel-phegor, dont il est parlé dans les Nombres, chap. xxv. verset 2. Les filles de Moab inviterent les Israélites à leurs sacrifices, ils mangerent, & adorerent leurs dieux, & Israel fut invité aux mysteres de Beel-phegor. Et dans le pseaume cv. ils furent initiés à Beel-phegor, & ils mangerent les sacrifices des morts. Par ces sacrifices des morts, quelques-uns entendent les sacrifices offerts à Beel-phegor, qui étoit un dieu mort. D’autres entendent par-là les cérémonies des funérailles, & les offrandes que les Moabites faisoient aux morts. Selden prétend que Peel-phegor étoit le dieu des morts, ou le Pluton des Grecs ; & que les offrandes que l’on faisoit aux manes pour les appaiser, sont ces sacrifices des morts, dont il est parlé en cet endroït. Le pere dom Augustin Calmet conjecture que Phegor est peut-être le même qu’Adonis, ou Isiris, dont on célébroit les fêtes comme des funérailles des morts, avec des lamentations & des pleurs & d’autres cérémonies lugubres ; & il prétend que la défense que Moyse fait aux Hébreux, Lévit. xix. de se raser, & de se faire des incisions dans la chair pour les morts, a rapport au culte de Beel-phegor. Cela paroît assez vraissemblable, & il est certain que l’on honoroit ainsi Adonis : mais il se peut faire que deux différens dieux ayent eu le même culte dans deux diverses habitations, & il paroît que les Hébreux n’appelloient pas Adonis Phegor, mais Thammus. Le même Bénédictin donne encore une autre conjecture sur le dieu Phegor, en prétendant que c’est l’Orus des Egyptiens, fils d’Isis. Mais toutes ces conjectures n’ont rien de certain. Consultez Vossius, de l’idolatrie des payens, livre II. chap. vij. Voyez Baal. Selden, de Diis Syris. Dom Augustin Calmet, Dissertation sur les Nombres. (G)

BEELZEBUB, (Myth.) c’est-à-dire, dieu mouche, ou dieu de la mouche, étoit le nom d’un célebre dieu des Accaronites, dont il est parlé au IV. liv. des Rois ch. j. Quelques auteurs ont crû que les Juifs lui avoient donné ce nom par dérision, parce que dans le temple de Jérusalem on ne voyoit point de mouches sur les victimes. Scaliger est de cette opinion. Mais il est bien plus probable que les Accaronites avoient eux-mêmes donné ce nom à leur dieu ; ce qu’on peut prouver par les paroles d’Ochosias, qui envoya consulter ce dieu beelzebub ; il n’y a aucune apparence qu’il eût voulu consulter un dieu dont il se moquoit. Maldonat est de ce dernier sentiment dans son commentaire sur le ch. x. de S.Matt. Cette idole étoit donc appellée le dieu mouche, ou de la mouche, parce qu’on l’invoquoit contre les mouches. Ceux d’Arcadie sacrifioient tous les ans à un dieu semblable appellé Myagros. Les Juifs par l’horreur qu’ils avoient pour cette idole, appellerent le diable beelzebub ; on lit néanmoins dans la plûpart des exemplaires Grecs du nouveau Testament, beelzebul, qui signifie un dieu d’excrément : ce que les Juifs auroient pû faire du mot beelzebub, par mépris pour cette idole, comme on la dit dans l’article précédent. Au reste on pourroit croire qu’il faut aussi bien lire beelzebub dans le nouveau Testament comme dans l’ancien ; & que beelzebub est une ancienne erreur des copistes Grecs. Voyez Baal. (G)

BEELZEPHON, ou BAAL-TSEPHON, (Myth.) idole des Egyptiens. Ce mot est composé de beel, seigneur ou dieu, & de tsephon, caché, ou le septentrion, comme qui diroit le dieu caché, ou le dieu du nord. On donna aussi ce nom au lieu où cette idole étoit placée, sur les confins de l’Egypte vers la mer Rouge. Rabi Aben-Ezra dit que c’étoit un talisman d’airain que les magiciens de Pharaon avoient fait pour empêcher que les Israélites ne sortissent de l’E-

gypte. D’autres disent que les Egyptiens dressoient

de ces talismans en tous les endroits par où les ennemis pouvoient aisément faire irruption dans l’Egypte, afin que leurs efforts fussent arrêtés par la force magique de ces idoles. Il y en a qui croyent que cette idole de beelzephon avoit la figure d’un chien, & qu’elle aboyoit lorsque quelqu’Israélite passoit par ce lieu pour s’enfuir. Kircher, Œdipus Ægiptiacus, tome I. (G)

* BEEMSTER, (Géog.) c’est une petite étendue de pays dans la Hollande septentrionale, vulgairement appellée Noort-Hollande : c’étoit autrefois un lac que l’on est parvenu à dessécher, & dont l’industrie des habitans a fait un des plus rians séjours de l’univers.

* BEENEL, (Hist. nat. bot.) arbrisseau toûjours verd qui croît dans le Malabar : on lui attribue quelques propriétés medicinales, sur lesquelles il ne faut pas compter tant qu’on n’aura pas de la plante une meilleure description.

* BEER-RAMATH, (Géog. sainte.) ville de Palestine dans la tribu de Siméon.

* BEESHA, (Hist. nat. bot.) espece de bambu qui croît au Malabar : on dit des merveilles de sa décoction pour l’érosion des gencives, les maux de dents, & la suppression des regles.

* BEFORT, (Géog.) ville de France capitale du Sundgaw, au haut d’une montagne. Lon. 24. 32. 30. lat. 47. 38. 18.

BEFROY, s. m. (Art. milit.) c’est dans les villes de guerre ou dans les places à portée de l’ennemi, une tour, clocher, ou autre lieu élevé, où il y a une cloche qui sonne lorsqu’on apperçoit l’ennemi, ou qu’on veut assembler les troupes. Dans les villes de guerre on sonne la cloche du béfroi à la pointe du jour pour l’ouverture des portes. Voy. Ouverture des Portes. (Q)

Befroy, (Charpenterie.) est la charpente d’une tour ou d’un clocher dans laquelle les cloches sont suspendues. Voy. la fig. 7. Pl. de la Fonderie des cloches, & l’art. Fonte des cloches.

BEGAYER, v. n. (Manége.) c’est la même chose que battre à la main par l’incommodité de la bride. Voyez Battre à la main. (V)

* BEG-ERI, (Géog. anc. & mod.) petite île d’Irlande près de Wexford, dans un petit golfe formé par la riviere de Slany, à son embouchure. Les Géographes sont partagés entre Beg-Eri & Bardesei, & ils ne savent laquelle des deux fut l’ancienne Andros, Edros, ou Hedros.

BEGGHARDS ou BEGGUARDS, BEGUINS & BEGUINES, (Hist. eccl.) sous tous ces noms on comprend une secte d’hérétiques qui s’éleverent en Allemagne sur la fin du xiiie siecle, & auxquels quelques auteurs donnent pour chef Dulcin ou Doucin : mais il ne faut pas les confondre avec les Dulcinistes. Voyez Dulcinistes.

Les principales erreurs des Begghars, Béguins, & Béguines, étoient que l’homme peut acquérir en cette vie un tel degré de perfection, qu’il deviendra entierement impeccable, & ne pourra plus avancer dans la grace ; parce que si quelqu’un y croissoit toûjours, il pourroit être plus parfait que J. C ; que quand on est arrivé à ce degré de perfection on ne doit plus prier ni jeûner, mais qu’alors la sensualité est tellement soûmise à l’esprit & à la raison, qu’on peut librement accorder à son corps tout ce qu’on veut : que ceux qui sont en ce degré de perfection, & qui ont l’esprit de liberté, ne sont point soûmis à l’autorité des hommes, ni obligés aux commandemens de l’Église ; parce que là où est l’esprit du Seigneur, là est la liberté : qu’on peut obtenir en cette vie la béatitude finale, comme on l’obtiendra dans l’autre : que toute nature intellectuelle est heureuse