Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le traducteur du nouveau Testament Saxon rend exactor, par bydele ; & ce mot est employé dans les lois d’Ecosse, pour signifier la même chose.

Dans les églises & paroisses, on nomme bedeaux de bas officiers laïcs, vêtus de longues robes de drap rouge ou bleu, portans sur la manche gauche une plaque d’argent ou un chifre en broderie, qui représente l’image où le nom du patron de cette église ; ils ont à la main droite une verge ou baleine garnie de viroles & de plaques d’argent, précedent le clergé dans les cérémonies, & servent à maintenir le bon ordre pendant l’office, en chassant les mendians, les chiens, &c. (G)

* BEDEGUAR, (Hist. nat. & mat. med.) nom que quelques auteurs qui ont écrit de la matiere médicale, ont donné aux excroissances spongieuses du laurier sauvage. On dit que les cendres du bedeguar sont bonnes dans la gravelle & dans la dysurie, & qu’elles font dormir, si on en tient sous l’oreiller.

* BEDER, (Géog) ville d’Asie, dans les états du Mogol, capitale des Talingas. Long. 95. 10. lat. 16. 50.

* BEDESE ou Romo, (Géog.) riviere d’Italie, qui a sa source dans la Toscane, entre la Romagne, arrose Forli, prend le nom d’Acquedatto, & se jette dans le golfe de Venise, au-dessus de Ravenne.

* BEDFORD, (Géog.) ville d’Angleterre, dans la province de même nom, avec titre de duché sur l’Ouse. Long. 17. lat. 52. 8.

* BEDFORDSHIRE, (Géog.) petite province d’Angleterre, dont Bedford est la capitale.

* BEDIZ-VELEZ, ou BELZ, (Géog. anc. & mod.) ville d’Afrique, au royaume de Fez, sur la côte de la Méditerranée, avec port & château. On la prend pour l’ancienne Acrath.

* BEDOUINS, s. m. pl. (Géog. & Hist. mod.) peuples d’Arabie, qui vivent toûjours dans les deserts & sous des tentes. Ils ne sont soûmis qu’aux émirs leurs princes, ou aux cheiks, autres seigneurs subalternes. Ils se prétendent descendus d’Ismaël. Celui d’entre leurs souverains, qui a le plus d’autorité, habite le desert, qui est entre le mont Sinaï & la Mecque. Les Turcs lui payent un tribut annuel, pour la sûreté des caravanes. Il y a des Bedouins, dans la Syrie, la Palestine, l’Egypte & les autres contrées d’Asie & d’Afrique. Ils sont Mahométans, ils n’en traitent pas plus mal les Chrétiens. Ils sont naturellement graves, sérieux, & modestes. Ils font bon accueil à l’étranger ; ils parlent peu, ne médisent point, & ne rient jamais ; ils vivent en grande union. Mais si un homme en tue un autre, l’amitié est rompue entre les familles, & la haine est irréconciliable. La barbe est en grande vénération parmi eux ; c’est une infamie que de la raser : ils n’ont point de gens de justice. L’émir, le cheik, ou le premier venu termine leur différend : ils ont des chevaux & des esclaves. Ils font assez peu de cas de leur généalogie ; pour celle de leurs chevaux, c’est toute autre chose. Ils en ont de trois especes ; des nobles, des mésalliés & des roturiers. Ils n’ont ni medecins, ni apothicaires. Ils ont tant d’aversion pour les lavemens, qu’ils aimeroient mieux mourir que d’user de ce remede. Ils sont secs, robustes & infatigables. Leurs femmes sont belles, bien faites & fort blanches. Voyez le Dictionn. géog. de M. de Vosgien. A juger de ces peuples sur ce qu’on nous en raconte, il est à présumer que n’ayant ni medecins, ni jurisconsultes, ils n’ont guere d’autres lois que celles de l’équité naturelle, & guere d’autres maladies que la vieillesse.

BEEL-PHEGOR ou BEL-PEHOR, s. m. (Myth.) fausse divinité que les Israélites adoroient à l’imitation des Moabites, selon le récit que Moyse en fait au ch. xxv des nombres. Selden croit que c’étoit un faux dieu des Moabites & des Madianites, & le même qui

est seulement nommé peor au chapitre qui vient d’être

cité, & au xxxj du même livre, comme encore au xxij de Josué. Une lettre hébraïque ע, dont la pronontiation est difficile, & qui se change souvent en g dans les autres langues, a fait aussi qu’on l’a nommé phegor. Origene, Homel. xx sur le livre des nombres, dit qu’il n’a rien pû trouver dans les écrits des Hébreux, touchant cette idole de saleté & d’ordure. Beel-phegor, dit-il, est le nom d’une idole qui est adorée dans le pays de Madian, principalement par les femmes. Le peuple d’Israel se dévoüa à son service, & fut initié dans ses mysteres. Origene ajoûte, que Beel-phegor marque une espece de turpitude & de vilainie. Le rabbin Salomon de Lunel, autrement Jarchi, dans son commentaire sur le xxv des nombres, croit que ce nom signifie faire ses ordures devant quelqu’un, & que les idolatres faisoient cette salle action devant Beel-phegor. Le célebre Moyse, fils de Maimon, approche de son sentiment, & l’explique un peu plus au long dans son livre intitulé More Neuochim, partie 3. ch. xlvj. que Buxtorf le fils a traduit en Latin. On a encore allégué d’autres raisons du nom de cette idole. Quelques-uns croyent qu’elle s’appelloit ainsi, à cause qu’elle avoit la bouche ouverte. Philon juif est de cette opinion ; & il semble, qu’au lieu de Beel-phegor, il avoit lû Baal-piaghor, ce qui peut signifier la bouche ou l’ouverture supérieure de la peau. Saint Jérôme sur le 4 & le 9 du prophete Osée, & au I. livre contre Jovinien, chapitre xij. croit que le beel-phegor des Moabites & des Madianites est le même que le Priape des Grecs & des Latins. Isidore est de cette opinion au VIII. livre des origines ; & Rufin au III. livre sur Osée. Ces auteurs prouvent par les endroits de l’écriture sainte, où il est parlé des fornications des Moabites & des Hébreux, que ces deux idoles, Beel-phegor & Priape, étoient honorées avec d’infames cérémonies. Ils alleguent aussi le chapitre ix. du prophete Osée, où ceux qui servoient Beel-phegor sont accusés de commettre des impudicités, & de faire des choses abominables. Le pere Kircher suit aussi le sentiment de S. Jérôme, & dit que cette infame idolatrie étoit venue d’Egypte, où les Hébreux avoient vû les détestables cérémonies d’Osiris. Scaliger conjecture que le nom de phegor fut donné en dérision au dieu des Moabites, qui s’appelloit Baal-kéem, le dieu du tonnerre, que les Hébreux appellerent par mépris le dieu du pet, comme ils changerent le nom du dieu d’Accaron, Beelzebub, qui signifie le dieu des mouches, en celui de beelzebul, dieu des excrémens ; & comme ils donnerent à Bethel, où étoient les veaux d’or de Jéroboam, le nom de beth-aven, maison d’iniquité. Vossius, après S. Jérôme, croit que phegor est le dieu Priape ; d’autres se persuadent que cette idole reçut son nom de quelque prince qui fut mis au nombre des dieux, ou de quelque montagne de même nom, car il y avoit dans le pays de Moab une montagne qui s’appelloit phegor ; & l’on croit que baal y avoit un temple, où on lui offroit des sacrifices. Balac, dit Moyse, nomb. chap. xxiij. verset 28, conduisit Balaam au sommet de Phegor, qui regarde vis-à-vis du desert de Jesimon. Theodoret, sur le pseaume cv, fait venir de-là le nom de beel-phegor, & Suidas en donne l’étymologie en ces termes : Beel, c’est Saturne ; Phegor le lieu où il étoit adoré ; & de ces deux noms, a été formé celui de Beel-phegor : car, comme Jupiter a été appellé Olympien & Mercure Cyllenien, à cause des montagnes de Thessalie & d’Arcadie, où ils étoient adorés, il y a apparence que Baal étoit appellée Baal-phegor, à cause du mont Phegor, où on lui sacrifioit. Il est fait mention au ch. xxxjv du Deuteronome de la maison de phegor, ou de beeth-phegor, qui étoit dans le pays de Moab, auprès de la vallée dans laquelle Moyse fut enseveli. Les noms de beth dagon, de beth-shemesh, &c. semblent être des preuves que Beel-phegor