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Venise deux onces ; liquéfiez le tout à petit feu ; & quand elles seront refroidies, ajoûtez-y huile distillée de baies de genievre une once & demie, verd de gris trois gros, aloès succotrin en poudre deux gros, vitriol blanc pulvérisé un gros & demi, huile de girofle un gros ; faites-en un baume selon l’art. Il est propre pour mondifier les plaies & les ulceres, pour les incarner & les cicatriser, contre la morsure des bêtes venimeuses : on en fait chauffer, & on en met dans la plaie avec la barbe d’une plume.

Ce baume a été inventé en premier lieu par M. Duclos, Medecin de Mets ; Mademoiselle Feuillet l’a fait appeller de son nom, l’ayant mis en vogue à Paris. Lemery, Pharmacop. univers.

Baume vulnéraire : prenez essence de myrrhe, succin, gomme élémi, santal rouge, baume du Pérou, de Tolu, huile d’armoise, sommités de mille-feuilles, d’hypericum, de chaque une once : on mêle ces drogues avec cinq quarterons d’huile & de vin, & on en fait un baume excellent en les digérant sur un feu modéré. Hoffmann les distille & en tire un esprit qu’il préfere au baume de Lucatelli.

Ce baume est un excellent vulnéraire & stomachique ; on en peut user intérieurement comme extérieurement.

On n’auroit jamais fait, si on vouloit détailler tous les baumes artificiels qui ont été découverts par les auteurs qui nous ont laissé des dispensaires. Lemery en compte soixante-treize especes différentes dans sa Pharmacopée universelle, en y comprenant quelques-uns de ceux dont nous avons parlé plus haut. On en trouve un grand nombre d’autres dans les dispensaires étrangers. (N)

* Baume (la sainte), grotte sur une montagne de France en Provence, entre Aix, Marseille & Toulon. Ce lieu est très-fréquenté, parce que les peuples sont imbus du préjugé que la Magdeleine y est morte.

* Baume les nones, (Géogr.) ville de Franche-Comté en France, sur le Doux.

* Baunach, (Géog.) riviere de Franconie.

BAVOIS, s. m. ancien terme de Monnoie, étoit la feuille de compte où l’on marquoit l’évaluation des droits de seigneuriage, foiblage, brassage, &c. selon le prix courant que le prince par ses ordonnances, avoit prescrit pour l’or, pour l’argent, & pour le billon en œuvre ou hors d’œuvre.

BAVOLET, s. m. (terme de Marchande de mode.) c’est la seconde piece d’une coeffure, mais qui n’a point de barbe, & qui forme seulement le dessus de tête ; au reste ce bavolet est garni & plissé comme la piece de dessous ; c’est aussi sur lui que l’on monte le fer qui forme le gros pli du milieu.

* BAUSK (Géog.) ville importante de Curlande, sur les frontieres de Pologne au nord, sur la riviere de Musza. Long. 42. 14. lat. 56. 30.

* BAUTZEN ou BUDISSEN (Géog.), ville d’Allemagne, capitale de la haute Lusace, sur la Sprée. Long. 32. 13. lat. 51. 10.

* BAXANA, plante Indienne, ainsi caractérisée dans les auteurs, baxana, arbor fructu venenato, radice venenorum antidoto.

Baxana, arbre à fruit vénéneux, & à racine anti-vénéneuse ; en le trouve à Queyonne, proche Ormuz. On dit que son fruit suffoque, en quelque petite quantité qu’on en prenne, & que son ombre est mortelle si l’on s’y tient pendant un quart d’heure : mais Ray traite ces effets de fables, sur ce que dans d’autres contrées on attribue à la racine, aux feuilles & au fruit du même arbre, des propriétés salutaires. Au reste que cet arbre soit ou aussi pernicieux ou aussi utile qu’on le dit, il n’est pas moins constant qu’il en faudroit une autre description que la précédente, & que tant qu’une plante, étrangere sur-tout, ne nous sera pas mieux connue que par une phrase,

telle que la précédente, c’est précisément comme si elle n’existoit pas.

* BAXEA (Hist. anc. & Antiq.), espece de chaussure ancienne, du nombre de celles qui s’attachant sur le pié avec des bandes, ne le couvroient pas entierement. Plaute en a fait mention : mais on croit que le baxea de Plaute étoit une sorte de sandale à l’usage des philosophes. Arnobe parle de baxées faites de feuilles de palmier.

* BAYA ou BAJA (Géog.), ville de la basse Hongrie, dans le comté de Bath, près du Danube. Long. 37. lat. 46. 25.

BAYANISME ou BAIANISME, s. m. (Hist. ecclés. & Théol.) erreur de Baïus & de ses disciples.

Michel Baïus ou de Bay, né en 1513 à Melin, dans le territoire d’Ath en Haynault, après avoir étudié à Louvain & passé successivement par tous les grades de cette université, y reçut le bonnet de docteur en 1550, & fut nommé l’année suivante, par Charles V. pour y remplir une chaire d’Écriture sainte, avec Jean Hessels, son compagnon d’étude & son ami. Il enseigna dans ses écrits & fit imprimer diverses erreurs sur la grace, le libre arbitre, le péché originel, la charité, la mort de Jesus-Christ, &c. Elles sont contenues dans 76 propositions, condamnées d’abord en 1567 par le pape Pie V.

On peut rapporter toutes les propositions de Baïus à trois chefs principaux. Les unes regardent l’état d’innocence ; les autres l’état de nature tombée ou corrompue par le péché ; & les autres enfin l’état de nature réparée par le fils de Dieu fait homme & mort en croix.

1o. Les anges & les hommes sont sortis des mains de Dieu justes & innocens : mais Baïus & ses disciples ont prétendu que la destination des anges & du premier homme à la béatitude céleste, que les graces qui les menoient de proche en proche à cette derniere fin, que les mérites qui résultoient de ces graces, & la récompense qui étoit attachée à ces mérites, n’étoient pas proprement des bienfaits non dûs ou des dons gratuits ; que ces dons étoient inséparables de la condition des anges & du premier homme, & que Dieu ne les leur devoit pas moins qu’il devoit à ce dernier la vûe, l’oüie, & les autres facultés naturelles. Tout cela est appuyé sur ce principe fondamental de Baïus, que ce n’est point par une destination accidentelle & arbitraire que la vision ou joüissance intuitive de Dieu a été préparée aux anges & au premier homme, mais en vertu du droit de leur création dans l’état d’innocence, & par une suite de leur condition naturelle : qu’une créature raisonnable & sans tache ne peut avoir d’autre fin que la vision intuitive de son Créateur ; que par conséquent Dieu n’a pû, sans être lui-même l’auteur du péché, créer les anges & le premier homme que dans un état exclusif de tout crime, ni par conséquent les destiner qu’a la béatitude céleste : que cette destination étoit à la vérité un don de Dieu, mais un don que Dieu ne pouvoit leur refuser sans déroger à sa bonté, à sa sainteté, à sa justice. Telle est la doctrine de Baïus dans son livre de primâ hominis justitiâ, sur-tout chap. viij. & elle est exprimée dans les propositions 21, 23, 24, 26, 27, 55, 71, & 72, condamnées par la bulle de Pie V. 2o. Si Dieu n’a pû créer les anges & l’homme dans ce premier état, sans cette destination essentielle, il est évident qu’il a été dans l’obligation indispensable de leur départir les moyens nécessaires pour arriver à leur fin ; d’où il résulte que toutes les graces, soit actuelles soit habituelles, qu’ils ont reçûes dans l’état d’innocence, leur étoient dûes comme une suite naturelle de leur création. 3o. Que les mérites des vertus & des bonnes actions étoient de même espece, c’est-à-dire, naturels, ou ce qui revient au même, le fruit de la premiere création. 4o. Que la félicité éter-