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que l’on conduit aux tribunaux, ou que l’on ramene en prison.

Ce nom se donne aussi quelquefois à ceux qu’on appelle ordinairement bâtons, qui sont des gardes des officiers de la flotte du Roi, & qui se trouvent dans les cours royales, tenant à la main une baguette peinte, pour garder les prisonniers dans les prisons, & pour les accompagner en public quand ils ont la permission de sortir. Voyez Baton.

BATONNET (jeu d’enfant) : il se joue avec deux bâtons ; l’un long, assez gros, rond & long d’une aulne ou environ ; l’autre plus petit, rond, aiguisé par les deux bouts, & long de quatre à cinq pouces. On tient à la main le gros bâton ; on frappe sur une des extrémités pointues du petit qu’on appelle bâtonnet ; le bâton s’éleve en l’air ; & l’adresse du jeu consiste à le frapper, tandis qu’il est en l’air, & à l’envoyer bien loin. Si on ne l’atteint pas, ou si on ne l’envoye pas, en l’atteignant, à une certaine distance, on cede le bâtonnet à son adversaire, & l’on se succede ainsi alternativement.

* BATRACHITE, s. f. (Hist. nat.) pierre qui se trouve, dit-on, dans la grenouille. On lui attribue de grandes vertus contre les venins : mais l’existence de la pierre n’est pas encore constatée.

BATRACHOMYOMACHIE, s. m. (Belles-Let.) combat des grenouilles & des rats ; titre d’un poëme burlesque, attribué communément à Homere.

Ce mot est formé de trois autres mots grecs, βάτραχος, grenouille, μῦς, souris ou rat, & μάχη ; combat.

Le sujet de la guerre entre ces animaux est la mort de Psicarpax, jeune rat, fils de Toxaster, qui étant monté sur le dos de Physignate grenouille, pour aller visiter son palais où elle l’avoit invité de venir, fut saisi de frayeur au milieu de l’étang, chancela, lâcha sa conductrice & périt. Les rats soupçonnant Physignate de perfidie, en demandent satisfaction, déclarent la guerre, & livrent bataille aux grenouilles qu’ils auroient exterminées, si Jupiter & les autres dieux en présence desquels se donnoit le combat, n’eussent envoyé au secours des grenouilles des cancres qui arrêterent la fureur des rats.

Suidas fait honneur de ce poëme à Pigrez ou Tigrés d’Halicarnasse, frere de l’illustre Artémise, & le nom de ce Carien se lit à la tête d’un ancien manuscrit de la bibliotheque du Roi. Étienne Nunnésius & d’autres savans modernes, pensent aussi qu’Homere n’en est point l’auteur. Cependant l’antiquité dépose en faveur de ce poëte, Martial le dit expressément dans cette épigramme.

Perlege Meonio cantatas carmine ranas,
Et frontem nugis solvere disce meis.

Stace est du même sentiment ; & ce qui semble confirmer l’opinion des anciens à cet égard, c’est que dans le siecle dernier, on déterra près de Rome, dans des anciens jardins de l’empereur Claude, un bas-relief d’Archelaüs, sculpteur de Pryene, représentant un Homere avec deux rats, pour signifier qu’il étoit auteur du combat des rats.

Quoi qu’il en soit, feu M. Boivin, de l’académie Françoise & de celle des Belles-Lettres, a traduit ce petit poëme en vers François ; & sa traduction est aussi exacte qu’élégante : à cela près que pour la commodité de la rime, il a quelquefois donné aux rats & aux grenouilles, des noms différens de ceux qu’ils ont dans le texte Grec. (G)

* BATSKA (Géog.) grande contrée de la Hongrie, entre le Danube & le Théiss.

* BATTA (Géog.) province du royaume de Congo, en Afrique, une de ses six parties ; bornée au septentrion par les contrées de Sundi & de Pango ; à l’occident par celles de Pemba, & au midi par le lac

d’Aquelonda. Elle est arrosée par la riviere de Barbela.

* BATTAGE des blés, (Œconomie rustique.) Laissez suer vos blés dans le tas ; tenez-les engrangés pendant trois mois, hors la quantité que vous destinez à la semaille ; celui que vous aurez fait battre quelques jours après la moisson, vaudra mieux pour cet usage : suivez la maniere de battre de votre pays. En Gascogne & en Provence, vous laisserez sécher vos gerbes sur le champ ; vous aurez un nubilaire ou un appentis, sous lequel vous puissiez mettre votre grain à couvert dans le tems de pluie. Ces appentis & cette maniere de sécher le blé, & de ne le lever du champ que pour le battre, vous dispenseront d’avoir des granges ; il ne vous faudra que des greniers. Préférez le battage au fléau. Il est aussi avantageux & plus simple que celui où les gerbes sont foulées par des chevaux, des mulets, ou des bœufs sur un aire ; ou coupées & foulées par deux grosses planches épaisses de quatre doigts, & garnies de pierres à fusil tranchantes, qui seroient traînées par des bœufs. Le premier est en usage en Gascogne, en Italie, en Provence ; & le second en Turquie. En Champagne, en Bourgogne, &c. nous nous servons du fléau ; nous battons pendant l’hyver, nous prenons des hommes de journée ; ils sont l’un à un bout de la grange, l’autre à l’autre bout ; la gerbe est entre-deux, & ils frappent alternativement sur l’épi de la gerbe, avec l’instrument appellé fléau. Voyez à l’article Fléau, la description de cet instrument. Quand le blé est battu, il faut le vanner. Voy. Vanner. Quand il est vanné on le crible. Voy. Crible & Cribler . Plus le grain est net, mieux il se garde. Quand il est criblé, on l’expose à l’air, pour que le reste de sa chaleur se dissipe.

Battage, en Draperie ; c’est une des préparations que l’on donne aux laines avant que de les employer à la fabrication des draps. Cette préparation succede au triage. Voy. Triage & Draperie. Elle consiste à les porter sur une claie de corde, & à les battre, comme on voit Pl. de Draperie. A, la claie ; BB, ouvriers battant les laines. Cette opération a deux objets ; le premier, de faire ouvrir la laine, ou de la séparer par les coups de baguette ; le second, de la purger entierement de sa poussiere. Voyez l’article Draperie.

Battage, s. m. en termes de Salpétrier, se dit du tems qu’on employe à battre la poudre dans le moulin. Les pilons sont de bois, & armés de fonte, & les mortiers de bois, creusés dans une poutre : quand ils sont de fer, il en arrive souvent des accidens. Pour faire la bonne poudre, il faut un battage de vingt-quatre heures à 3500 coups de pilons par heure, si le mortier contient 16 livres de composition. Le battage est moins rude l’été que l’hyver, à cause que l’eau est moins forte. Voyez Moulin à poudre.

BATTANS, s. m. pl. terme d’Architecture ; ce sont dans les portes & les croisées de menuiserie, les principales pieces de bois en hauteur, où s’assemblent les traverses.

On appelle aussi battans, les venteaux des portes. On dit une porte à deux battans, lorsqu’elle s’ouvre en deux parties. Les Latins appelloient ces portes bifores. (P)

Battant de pavillon, (Marine.) On entend par le battant du pavillon, sa longueur qui voltige en l’air. On appelle le guindant sa largeur ou la hauteur qui regne le long du bâton. (Z)

Battant, terme de Fondeur de cloches ; c’est une masse de fer un peu plus longue que la cloche, & d’une pesanteur proportionnée au poids de la cloche. Le battant est terminé par en-bas par une masse arrondie, & va en diminuant jusqu’en-haut, où il se termine par une espece d’anneau, dans lequel on passe le brayer pour attacher le battant à l’anse de fer qui