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achevés qui soient en-deçà des Alpes. Mais personne n’a si bien réussi dans les batailles, dont les figures soient habillées à la Françoise, que Wandermeulen, illustre peintre Flamand. Il dessinoit les chevaux mieux que qui que ce soit, & il excelloit particulierement dans les paysages & les représentations des pays plats. Il avoit été choisi pour peindre les conquêtes de Louis XIV.

On appelle Peintres de batailles, ceux qui se livrent à ce genre de représentations. (R)

Bataille, cheval de bataille, (Manege.) est un cheval fort & adroit, que l’on réserve pour les occasions où il faut combattre. (V)

Batailles, s. f. pl. c’est ainsi qu’on appelle, dans les grosses Forges, la galerie qui regne autour de la charge ou du haut de la cheminée. Ainsi Pl. V. fig. 1. des grosses Forges, l’espace FF sont les batailles.

BATAILLÉ, en terme de Blason, se dit d’une cloche dont le battant est d’un autre émail qu’elle n’est. Bellegarde, d’azur à une cloche d’argent, bataillé de sable. (V)

BATAILLON, s. m. dans l’Art militaire, est un nombre d’hommes à pié, assemblés pour agir & combattre ensemble, comme s’ils ne faisoient qu’un seul & même corps.

« La premiere chose qui se présente à examiner dans le bataillon, c’est le nombre d’hommes dont il doit être composé.

On a d’abord observé qu’une troupe formée d’un grand nombre d’hommes, ne pourroit se mouvoir avec facilité ; mais aussi, si elle en a un trop petit nombre, elle ne sera capable d’aucun effet considérable : il faut donc que le nombre des hommes du bataillon permette de le faire mouvoir avec facilité ; que ces hommes soient aussi en assez grande quantité pour faire une espece de corps solide, qui puisse attaquer avec fermeté & soûtenir les différens chocs auxquels il est exposé.

Il n’est pas aisé de fixer ce nombre d’une maniere précise & géométrique ; il dépend des coûtumes des peuples qui font la guerre, de leurs armes, de la maniere de s’en servir, & de leur façon de combattre : aussi les usages ont-ils été fort différens sur ce point. Mais à présent toutes les nations de l’Europe, hors les Turcs, suivent à-peu-près le même ordre à cet égard ; les termes mêmes de bataillons & d’escadrons sont employés dans toutes les langues.

Depuis long-tems il paroît que parmi nous le nombre des hommes du bataillon est à-peu-près fixé à sept cens : mais chez les différentes nations de l’Europe, les uns ont leurs bataillons plus forts, & les autres moins. En France, dans les deux dernieres guerres qui ont precédé la mort de Louis XIV. les bataillons étoient composés de treize compagnies de cinquante hommes chacune, ce qui faisoit six cents cinquante hommes ; ils avoient plus de quarante officiers.

Dans la guerre de 1733 ils étoient composés de seize compagnies de quarante hommes chacune, & d’une dix-septieme de quarante-cinq, ce qui faisoit six cens quatre-vingt-cinq hommes, non compris cinquante-deux officiers.

Dans la guerre de 1741 ils étoient composés de même, excepté qu’ils n’avoient que trente-quatre officiers. Le fonds des bataillons François a été autrefois plus considérable.

Il faut observer que pendant la guerre, les bataillons étant formés au commencement de la campagne sur le pié prescrit par le prince, & que ces bataillons n’étant point ordinairement recrutés pendant le cours de la campagne, il arrive par la perte que leur causent les actions de la guerre, les mala-

dies, &c. qu’ils ne sont presque jamais complets.

Dans le nombre des hommes fixé pour le bataillon, il y a une compagnie de grenadiers attachée, laquelle est souvent employée à des usages particuliers, & qui n’agit pas toûjours avec le bataillon.

On appelle grenadiers, des soldats choisis sur tout un régiment par rapport à la valeur & à la force du corps. Ils sont destinés aux fatigues & aux emplois périlleux de la guerre. Le nom de grenadiers leur vient des grenades dont ils se servoient autrefois. Voyez Grenadier.

Les soldats sont assemblés & arrangés dans le bataillon par rang & par file. Ainsi leur nombre & leur distance constituent sa forme & l’espace qu’il occupe sur le terrein.

Du tems de Louis XIII. les bataillons étoient sur huit rangs : ils ont été ensuite réduits à six. Les dernieres ordonnances de Louis XIV. les fixent à cinq : mais l’usage, même de son tems, les a fixés à quatre. A l’égard de leur distance, les ordonnances militaires en distinguent de deux sortes ; savoir, pour paroître & pour combattre.

Les distances pour paroître sont fixées pour l’intervalle d’un rang à un autre, à la longueur de deux hallebardes, ce qui se prend pour douze piés en y comprenant la profondeur ou l’épaisseur des hommes du devant de la poitrine au dos. Les mêmes ordonnances ne prescrivent rien par rapport aux files ; & en effet leur distance est assez difficile à évaluer exactement : mais il paroît que l’usage le plus ordinaire a toûjours été de compter trois piés pour l’intervalle d’une file à une autre, en comprenant dans cette distance l’espace occupé par un homme, c’est-à-dire du milieu d’un homme au milieu de celui de la file suivante.

Lorsqu’il s’agit de combattre, les officiers s’approchent autant qu’il est possible du bataillon, & les rangs se serrent jusqu’à la pointe de l’épée, c’est-à-dire, que le second rang doit toucher le bout des épées du premier, ce qui ne donne guere que trois piés pour l’épaisseur du rang & pour son intervalle. Les files s’approchent autant qu’il est possible, en conservant la liberté du coude ; ce qui veut dire, comme on l’entend ordinairement, que la file & son intervalle doivent occuper environ deux piés. On voit par là que le bataillon occupe alors beaucoup moins d’espace qu’auparavant.

Les officiers chargés du soin de former les bataillons, ne paroissent pas s’embarrasser beaucoup à présent de la distance des rangs, parce qu’elle peut être changée fort aisément dans un instant, & surtout diminuée ; c’est pourquoi ils laissent prendre douze piés pour cette distance : mais à l’égard de celle des files, comme il faut plus de tems pour la changer, ils la fixent à deux piés pour l’épaisseur de la file & pour son intervalle, ce qui est un espace suffisant pour combattre.

Il suit de là que pour savoir l’espace que le bataillon occupe sur le terrein, il faut compter deux piés pour chaque homme dans le rang, & douze piés pour l’épaisseur du rang, jointe à son intervalle.

Ainsi supposant un bataillon de six cents cinquante hommes sans compter les officiers, & que ce bataillon soit composé de cinq rangs, on trouvera les hommes de chaque rang, en divisant six cens cinquante par cinq, ce qui donnera cent trente hommes par rang ; multipliant ensuite ce nombre par deux, on aura deux cens soixante piés, ou quarante-trois toises deux piés pour l’étendue de chaque rang.

A l’égard de la profondeur des cinq rangs, comme ils ne forment que quatre intervalles, elle est