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ces d’épées grosses & courtes, dont on se servoit souvent d’une main, composées d’une grosse & forte lame A à deux tranchans, montée sur un manche de bois ou d’ivoire B simple ou enrichi.

Les espadons (fig. 24 & 25.) étoient de grandes & longues épées, dont on se servoit à deux mains & en tout sens, ce qu’on appelloit espadonner : Plusieurs auteurs rapportent qu’il y en avoit de si fortes, qu’elles fendoient un homme en deux. Telle fut celle de l’empereur Conrad au siege de Damas ; telle aussi celle de Godefroy de Bouillon, mentionnée dans l’histoire des croisades ; elles étoient composées d’un fer A d’environ cinq à six piés de longueur, à deux tranchans larges & pointus, garnies d’une poignée de bois ou d’y voire B séparée d’une garde C, pour préserver le poignet ou la main des coups des adversaires.

Les cimeterres (fig. 26.) sont des especes de sabres lourds & pesans, dont se servent encore maintenant les Turcs & presque tous les peuples d’Orient, composés d’un fer A fort & large, tranchant d’un seul côté, & recourbé par une de ses extrémités, garni par l’autre d’une poignée de bois ou d’ivoire B simple ou ornée, séparée par une tête de serpent C faisant garde.

Les coutelas ou sabres (fig. 27.) sont des especes de cimeterres gros & lourds, dont on se sert aussi chez les Orientaux, d’un fer A large & épais, tranchant d’un côté & courbé par l’une de ses extrémités, garni par l’autre d’une poignée de bois ou d’ivoire B séparé par une coquille C ; ces deux dernieres especes d’armes sont quelquefois enrichies d’or, d’argent & de pierres précieuses en entier ou par incrustement.

Des armes modernes. Les armes modernes sont de deux sortes : les unes élastiques, & les autres non élastiques : celles-ci sont les pertuisanes & hallebardes, les épieux, espontons & les bayonnettes ; les autres sont les sabres, les couteaux-de-chasse & les épées.

Les pertuisanes (fig. 28. Pl. III.) dont l’usage est déja fort ancien, sont des armes d’hast dont se servent encore les gardes qui approchent le plus de la personne du roi : ce sont des especes de hallebardes composées d’un fer A très-large, long, pointu & tranchant des deux côtés, élargi vers son extrémité inférieure B en forme de hache à pointe de chaque côté, montée sur un hast ou bâton C d’environ six piés de long, orné par en-haut de cloux, rubans & glands D en soie, or ou argent, & garni par en-bas E d’une douille de cuivre ou de fer à pointe ou à bouton.

Les hallebardes (fig. 29.) faites à-peu-près comme les pertuisanes, sont aussi des armes d’hast plus foibles & plus petites que les précédentes, que portent les Suisses, sergens & autres ; elles sont composées d’un fer A pointu & tranchant de chaque côté, élargi vers son extrémité inférieure en forme de hache B d’un côté & à pointe ou dard de l’autre C garnie d’une forte douëlle D montée sur un fust ou bâton E orné ou non de cloux, rubans & autres choses semblables en soie, or ou argent, & garni par en-bas F d’une douëlle à pointe ou à bouton.

Les épieux (fig. 30.) sont des armes d’hast, principalement d’usage pour la chasse du sanglier, mais dont on ne se sert presque plus ; maintenant ces armes sont composées d’un fer large, pointu & à tranchant A garni d’une douille B montée sur une hampe ou bâton C d’environ quatre à cinq piés de long, ferré par l’autre bout D.

Les spontons ou espontons (fig. 31.) espece de demi-piques dont on se sert sur les vaisseaux, principalement à l’abordage, ainsi que les officiers d’infanterie, quelquefois les mousquetaires & autres de la

maison du roi. Cette espece d’arme est composée d’un fer A pointu & à deux tranchans, garni d’une douille B montée sur une hampe ou bâton C serré par l’autre bout D.

Les bayonnettes (fig. 32.) sont des especes de dagues ou petites épées d’environ dix-huit pouces de longueur, que les dragons & fusiliers placent au bout de leur fusil, lorsqu’ils ont consommé leur poudre & leur plomb ; on s’en sert aussi à la chasse du sanglier & autres animaux qui ne craignent point le feu ; mais alors on les fait plus larges & plus fortes ; elles sont composées d’une lame A à deux tranchans & pointue, renforcée & échancrée en B, portant une douille C percée à jour & fendue, se fixant à l’extrémité d’un fusil D, sans l’empêcher de tirer ni de charger.

Les sabres modernes sont des armes que portent les houssards & la plûpart des cavaliers armés à la legere ; ce sont des especes d’épées courbes, fig. 35. & 34. ou droites, fig. 35. à un seul tranchant, composées d’un fer ou lame A de différente sorte, & d’une garde composée d’une poignée B, pommeau C, d’une coquille ou garde-main D, & quelquefois d’une branche E.

Les couteaux-de-chasse, fig. 36. 37. 38. 39. & 40. sont des especes d’épées grosses & courtes à un seul tranchant, dont on se sert assez ordinairement à la chasse qui lui en a fait donner le nom. Il en est de plusieurs sortes plus courts les uns que les autres ; les uns dont les lames sont courbes, & les autres dont les lames sont droites. Ils sont tous composés de lame A d’environ 31 à 32 pouces de longueur à 2 tranchans & pointue, & d’une garde composée de poignée B, pommeau C, coquille D, & branche à vis E ou double F. D’autres, fig. 43. que portent les officiers ne différent de ces derniers que par la forme des gardes dont la branche E est simple ; d’autres enfin portés par toute sorte de particuliers, ne different de celui-ci que par la longueur de la lame qui est depuis environ 18 pouces, portée des enfans, jusqu’à 30 & 32 pouces.

Les fleurets, (fig. 45. & 46.) sont des especes d’épées servant aux exercices de l’escrime, composées de lames A méplates par un bout de bouton B couvert de plusieurs peaux les unes sur les autres, pour empêcher de blesser son adversaire lorsque l’on s’en sert, & par l’autre d’une espece de garde composée de poignée C de bois couverte ordinairement de ficelle, d’un pommeau de fer D & coquille pleine ou évuidée E.

Développemens d’une garde d’épée. Les pieces qui composent une garde d’épée ordinaire sont, la poignée & sa virole, le pommeau, la branche, & la coquille.

La poignée d’épée, (fig. 47.) appellée ainsi parce qu’on la tient à poignée, est de forme ordinairement méplate ou ovale, pour empêcher que l’épée qui y est arrêtée ne tourne dans la main. Elle est composée intérieurement d’un moule de bois de même forme, percé d’un trou quarré pour passer la soie AA d’une lame d’épée, fig. 32. Ce moule est couvert d’une lame A de cuivre d’or ou d’argent, d’un fil simple ou double B de cuivre d’or ou d’argent. Quelquefois à côté d’un autre fil plus fin, tournant alternativement autour du moule & arrêtés ensemble à chaque bout CD par une virole en forme de chaîne entrelacée de même métal ; ces sortes de poignée se font quelquefois massives en cuivre, en argent ou en or, ciselées, damasquinées, enrichies aussi de brillans & autres pierres précieuses.

La fig. 48. en représente la virole ornée de moulure, faite pour servir de base à l’extrèmité inférieure C de la poignée, fig. 47.

Le pommeau (fig. 49.) fait pour être placé à l’ex-