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mis, les rendit nécessairement industrieux dans l’art de fabriquer les armes. Josephe assure qu’avant Moïse toutes les armes étoient de bois ou d’airain, & qu’il sut le premier qui arma ses troupes de fer ; les Egyptiens, selon le sentiment unanime des anciens auteurs, furent en cet art, comme dans la plûpart des autres, les plus ingénieux, & ceux qui donnent aux armes les formes les plus avantageuses ; ensuite vinrent les Grecs qui enchérirent sur ces inventions, & après eux les Romains : l’histoire nous en fournit quantité d’exemples, leur description & leur usage ; on en peut voir plusieurs au naturel dans quelques cabinets de curiosité de différens particuliers ; nous les distinguerons pour plus de clarté en anciennes & modernes.

Des armes anciennes. Les armes anciennes se divisent premierement en masses ferrées ou non ferrées, à pointe & sans pointe ; deuxiemement en lames à un & deux tranchans, aigus & non aigus, dont les unes sont élastiques, & les autres non élastiques, les unes sont les massues & masses de différentes especes, les autres sont les haches, les piques & demi-piques, les lances, les javelots & javelines, les fleches, les dagues & poignards, les épées & bâtons, braquemarts, espadons & les cimeterres, coutelas ou sabres, & quantité d’autres, dont la connoissance n’est pas parvenue jusqu’à nous, soit par l’usage qui s’en est perdu, soit par le désavantage que l’on trouvoit à s’en servir.

Les premieres & celles qui ont semblé aux anciens les plus propres & les plus avantageuses pour attaquer ou pour se defendre, sont les massues (fig. 4.) ; en effet cette forme qui paroît la plus simple & la plus naturelle n’étoit autre chose qu’une piece de bois grosse & lourde par un bout A d’abord simple, & ensuite armée de pointe dont on se servoit dans les combats en la tenant par son extrémité B ; on en peut voir de semblables dans les allégories qui représentent la force.

Les masses étoient des armes offensives à grosse tête, dont on se servoit aussi autrefois dans les combats, il en est de deux sortes, les unes simples, & les autres composées ; les premieres, fig. 5. sont composées de grosses têtes de fer A, à angles aigus, montées sur un manche de bois B, par lequel on les tient ; les autres sont de plusieurs formes ; la premiere, fig. 6. est composée d’une espece de boule de bois ou de fer A, percée d’un trou, suspendue par une corde B, à l’extrémité du bâton C, par lequel on la tient ; la seconde, fig. 7. est aussi composée d’une boule de bois ou de fer A, armée de pointe, portant d’un côté B un anneau suspendu à une chaine de fer C, double ou simple, arrêtée à une autre anneau D, placé à l’extrémité supérieure d’un bâton E garnis par en bas d’une poignée F, par où on la tient.

Les haches d’armes ont été fort long-tems en usage chez les anciens. Les premiers rois des Romains en faisoient porter devant eux à l’exemple de quelques nations voisines, comme le symbole de leur puissance & les instrumens des peines imposées aux coupables ; elles étoient composées par un bout (fig. 8 & 9.) d’un fer large & tranchant en hache d’un côté AA, d’une pointe B ou marteau C ; par l’autre, d’une autre pointe D ou bouton E au milieu monté sur un manche de bois F, quelquefois simple & quelquefois garni d’une poignée G.

Les bâtons ferrés (fig. 10.) étoient d’ordinaire les armes des anciens cavaliers, & n’étoient autre chose que des bâtons A garnis par chaque bout BB d’une pointe de fer.

Les piques (fig. 11. Pl. II.) étoient des armes offensives que portoient les anciens fantassins : c’étoit des armes d’hast (c’est ainsi qu’on appelloit les armes

qui avoient un long manche de bois, espece de bâton A d’environ douze à quinze piés de long, armé par le haut d’une lame de fer B à deux tranchans & pointue), quelquefois simples & quelquefois garnis d’un gland brodé en or, en argent ou en soie, comme celui marqué B de la fig. 12, & par le bas C simples ou garnis d’une virole en pointe.

Les demi-piques (fig. 12.) ne différoient des précédentes que par leur longueur, qui étoit d’environ huit à dix piés. Les officiers s’en servent encore maintenant à la guerre, ainsi que pour porter les étendards & les drapeaux.

Les lances (fig. 13.) étoient fort en usage autrefois, sur-tout dans les combats singuliers ; ces armes étoient de même longueur que les demi-piques, mais le fer A tranchant de chaque côté en étoit en forme de dard.

Les javelines (fig. 14.) étoient des especes de demi-piques dont on se servoit autrefois tant a pié qu’à cheval, composées par en-haut d’un fer triangulaire & pointu, monté sur un long manche ou bâton B d’environ cinq à six piés de longueur, quelquefois ferré par l’autre bout C.

Les javelots (fig. 15.) étoient des especes de javelines beaucoup plus courtes & un peu plus grosses, qu’on lançoit à la main sur les ennemis, composées, comme les précédentes, d’un fer triangulaire & pointu A monte sur un manche de bois ou bâton B.

Les fleches étoient de deux sortes : les unes (fig. 16.) que l’on appelloit quarres ou quarreaux, parce que leur fer en étoit quarré, étoient composées d’un fer A quarré & très-pointu, monté à l’extrémité supérieure d’une verge ou baguette B, à l’autre extrémité de laquelle étoient des pennons ou plumes croisées C ; les autres (fig. 17.) que l’on appelloit viretou, parce qu’elles viroient ou tournoient en l’air après les avoir décochées, étoient composées d’un fer A quarré & cannelé à angle aigu, monté comme les précédentes, sur une verge ou baguette B, dont l’autre extrémité portoit des pennons C, souvent de cuivre, aussi croisés, dont la disposition faisoit tourner la fleche. Les unes & les autres étoient lancées par le secours d’un arc (fig. 18.) : c’étoit en effet une espece d’arc de bois très-élastique, composé d’une poignée A, par laquelle on le tenoit de la main gauche, à chacune des extrémités BB, duquel étoit arrêtée celle d’une corde C que l’on tiroit de la main droite pour bander l’arc lorsque l’on vouloit décocher des fleches.

Les dagues (fig. 19.) étoient des especes de poignards gros & courts, dont on se servoit autrefois dans les combats singuliers. Les anciens portoient cette arme à la main, à la ceinture & dans la poche ; elles étoient composées d’un fer A gros & court, triangulaire & cannelé, monté sur un manche de bois ou d’yvoire B garni quelquefois d’or ou d’argent, & quelquefois aussi de pierres précieuses.

Les poignards que les anciens employoient comme les dagues, étoient de différente sorte ; les uns (fig. 20.) étoient composés d’un fer A méplat & pointu à un tranchant, monté sur un manche de bois ou d’ivoire B diversement orné comme ceux des dagues ; les autres (fig. 21.) étoient composés d’un fer A à deux tranchans ronds, quarrés, triangulaires, & cannelés, menus & déliés, montés, comme les autres, sur un manche de bois ou d’ivoire B enrichi d’ornemens.

Les épées en bâton ou épées fourrées (fig. 22.) étoient des especes d’épées très-fortes & pesantes, dont on se servoit à deux mains comme des espadons ; elles étoient composées d’une grosse & forte lame A à deux tranchans & pointue, montée sur un long & fort manche de bois B.

Les braquemarts (fig. 23.) étoient aussi des espe-