Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/761

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l. XXXIII. c. liij. reproche à Marius d’avoir bu dans une pareille coupe après la bataille qu’il gagna contre les Cimbres. (D. J.)

CASSEMENT, s. m. (Jardinage.) est l’action de rompre & d’éclater exprès un rameau, une branche de la pousse précédente, ou un bourgeon de l’année, en appuyant avec le pouce sur le tranchant de la serpette, pour les séparer & les emporter. Par le moyen de cette opération, faite à l’endroit des sous-yeux en hiver pour les branches, & en Juin, ou au commencement de Juillet pour les bourgeons, vous êtes assuré de faire pousser à cet endroit ainsi cassé, ou des boutons à fruit pour l’année même, ou des boutons fructueux pour l’année prochaine, ou du moins des lambourdes, quelquefois même ces trois choses à la fois ; mais cette opération n’a lieu que pour les arbres à pepin, & rarement pour les fruits à noyau. Si l’on coupe le rameau, la seve recouvre la plaie, & il repousse une nouvelle branche ou de nouveaux bourgeons ; mais quand on le casse, les esquiles forment un obstacle au recouvrement de la plaie, & de-là naissent l’une des trois choses qui viennent d’être rapportées. Le cassement doit se faire à un demi-pouce près de la naissance ou de l’empatement de la branche ou du bourgeon, à l’endroit même des sous-yeux.

Cette opération demande de grands ménagemens & une main sage, autrement on épuiseroit un arbre à force de le tirer trop à fruit en même tems : on peut dire même que le cassement tient lieu du pincement qui a toujours été en usage jusqu’à présent : la force du préjugé l’avoit fait croire bon, l’expérience l’a enfin détruit, & a convaincu que le pincement tendoit à la ruine des arbres, & qu’on étoit obligé de replanter sans cesse, sans jamais pouvoir jouir. (K)

CASTE, s. f. (Hist. mod.) la nation immense des gentils, ou peuples des côtes de Coromandel & Malabare, est partagée en différentes castes, ou tribus. Un indien ne sauroit se marier hors de sa caste, ou bien il en est exclus pour toujours ; mais il n’en est point qui ne se crût deshonoré, s’il étoit obligé d’en sortir ; cependant il ne faut qu’un rien pour la lui faire perdre : car quelque basse que soit la caste dans laquelle il est né, l’entêtement ou le préjugé de chacun en particulier, fait qu’il y est aussi attaché qu’il le seroit à celle qui lui donneroit le premier rang parmi les autres. Un européen ne peut s’empêcher de rire de la folie de l’indien sur le sujet de sa qualité ; mais celui-ci a ses préjugés comme nous avons les nôtres, & comme tous les peuples de l’univers ont les leurs, même les castes de Guinée ou de Mosambique.

CASTILLE, s. f. (Jeux milit. françois.) le mot castille, qui s’est conservé dans le langage famillier pour dispute, querelle, s’étoit dit anciennement de l’attaque d’une tour ou d’un château, & fut employé depuis pour les jeux militaires, qui n’en étoient que la représentation.

La cour de France. en 1546, passant l’hiver à la Rocheguyon, s’amusoit à faire des castilles que l’on attaquoit & défendoit avec des pelottes de neige ; mais le bon ordre que Nithar a fait remarquer dans les jeux militaires de son tems, ne regnoit point dans celui-ci. La division se mit entre les chefs ; la querelle s’échauffa ; il en couta la vie au duc d’Enghien. Voyez l’histoire de M. de Thou, l. XI. M. de Rosni, en 1606, pour la naissance du Dauphin, fit construire à la hâte une castille ou forteresse de bois qui fut vigoureusement attaquée & défendue, suivant M. de Thou, l. CXXXVI. Mém. de M. de Sainte-Palaye sur les tournois. (D. J.)

CAULICOLES, s. f. pl. (Architect.) en latin cauliculi, ornement d’architecture, Ce mot vient du la-

tin caulis, qui signifie tige d’herbes. Les caulicoles sont

des especes de petites tiges qui semblent soutenir les volutes du chapiteau corinthien. Ces petites tiges sont ordinairement cannelées, & quelquefois torses à l’endroit où elles commencent à jetter les feuilles. Elles ont aussi un lien en forme de double couronne. (D. J.)

CAUSIE, s. f. (Littérat.) en grec καυσία, coëffure ou armure de tête, qui étoit commune à tous les Macédoniens ; Pausanias, Athénée, Plutarque & Hérodien en ont parlé. Il en est aussi fait mention dans l’anthologie. Cette espece de chapeau étoit fait de poil ou de laine, si bien tissue & apprêtée, que non seulement il servoit d’abri contre le mauvais tems ; mais qu’il pouvoit même tenir lieu de casque. Eustachius en fait la description dans ses commentaires sur Homere, où il cite un passage de Pausanias, qui pourroit faire croire que la coëffure de tête que l’on nommoit causia, étoit particuliere aux rois de Macédoine. Peut-être que cette armure devint dans la suite du tems un ornement royal. (D. J.)

CAUTERE, s. m. (Jadinage.) est une opération fort récente dans le Jardinage, laquelle produit des effets aussi admirables qu’avantageux. Elle consiste à couper avec la pointe de la serpette l’écorce d’un arbre en droite ligne, de deux ou trois pouces de long, & d’entamer un peu le bois de la tige : on fait l’incision sur le côté ou sur le derriere du tronc, & quand on la fait sur le devant de l’arbre, on la couvre d’un linge de peur que le soleil ne darde dessus ; on prend ensuite un petit coin d’un bois dur bien aiguisé, de la longueur de l’incision, on l’enfonce afin qu’il puisse en remplir le fond. Après avoir laissé ce coin deux ou trois jours pour donner le tems à la seve d’y arriver, on l’ôte pour pouvoir visiter la plaie. Aux arbres à pepin on trouve de l’humidité, & de la gomme aux arbres à noyau ; on nettoie la plaie avec un linge chaque fois qu’on la visite, & on remet le coin, que l’on retire enfin au bout d’un mois, lorsque la plaie ne suinte plus : elle se referme après avoir été escoriée avec le bout d’une spatule & essuyée ; on la remplit de bouze de vache que l’on couvre d’un linge, ce qui termine l’opération.

On peut faire plusieurs cauteres sur un arbre, pourvû que ce soit à différentes branches, mais il n’en faut jamais qu’un sur chaque ainsi qu’à la tige. On en peut encore faire sur les racines en découvrant deux des principales, d’un pié environ de long avec un vaisseau dessous pour recevoir l’humidité. Le trou se recouvre de grande litiere afin de pouvoir visiter la plaie tous les deux jours. Elle se rebouche ensuite, & le trou se remplit d’une terre bien amandée.

Le tems de faire les cauteres est dans le printems jusqu’au commencement de Juin. Il est essentiel pour réussir dans cette opération que la partie de l’arbre, de la branche, ou de la racine sur laquelle on applique un cautere soit jeune, vigoureuse, pleine de seve, & qu’elle soit lisse & unie.

Le cautere procure à un arbre une ample végétation ; il leve les obstructions, purge la masse de la seve, lui donne plus de jeu, rend le ressort aux parties, leur donne plus d’action, enleve les humeurs superflues : si le cautere est fait sur les racines, il servira à égouter les humeurs de l’arbre, & à renouveller & purifier la masse de la seve.

Le jardinier y trouve encore l’avantage de faire percer des boutons & des bourgeons dans les endroits de l’écorce d’un arbre qui en est entierement dénuée, en un mot d’attirer la seve par-tout où il voudra. La raison physique de l’effet du cautere est que l’incision de la peau d’un arbre fait que le suc s’y portant abondamment, y trouve une plus facile issue & s’y arrête au-lieu de monter : alors elle dilate les