Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/745

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

& la latitude pour l’année 1700, dans son Prodrom. astronomia. (D. J.)

ZUCALA, (Géog. mod.) isthme qui joint la péninsule de Crimée avec la petite Tartarie : cette isthme que les anciens nommoient isthmus Tauricus, est entre le lac de Sescan & le golphe de Nigropoli, partie de la mer Noire : sa largeur n’est que d’une demi-lieue, & il est défendu par la ville de Précop qu’on y a bâtie. (D. J.)

ZUCHIS, (Géog. anc.) ville de la Libye, ou plutôt de l’Afrique propre, selon Strabon, qui l. XVII. p. 835. place cette ville sur le bord d’un lac de même nom, & dit qu’elle est célebre pour ses teintures en pourpre & pour ses salaisons. (D. J.)

ZUERA ou CUERA, (Géog. mod.) petite ville d’Espagne, dans l’Aragon, sur le Gallego, à quatre lieues de Saragosse.

ZUENZICA, (Géog. mod.) habitation ou désert d’Afrique, dans le Zahara. Il est si sec qu’on y fait quelques journées de chemin sans trouver une goutte d’eau. C’est cependant le passage des marchands de Tremecen qui vont au royaume de Tombut & à celui d’Yca. Il est peuplé sur les frontieres par des Arabes redoutés de leurs voisins. On tire des rochers de Tégara, qui sont dans ce désert, quantité de sel fossile, que les caravanes de Maroc & de Tombut viennent prendre.

ZUG, (Géogr. mod.) prononcez Zoug ; canton de Suisse, le septieme en rang. Il est borne au nord & au levant par celui de Zurich ; au midi, par celui de Schwitz ; & au couchant, par celui de Luzerne. C’est le pays des anciens Tugeni. Il n’a qu’environ 4 lieues de long, & autant de large ; mais il est dédommagé de sa petitesse par la bonté de son terroir. Les montagnes fournissent des pâturages ; la plaine est fertile en blé, en vin, & en châtaignes. Il y a dans ce canton plusieurs villages & deux bourgs, outre la capitale qui porte le même nom. Ses habitans sont catholiques, & reconnoissent la jurisdiction spirituelle de l’évêque de Constance. Ils sont alliés aux cantons de Luzerne, d’Ury, de Schwitz & d’Underwald ; & quand ils s’assemblent, on les appelle ordinairement dans le pays la ligue de cinq cantons. (D. J.)

Zug, (Géogr. mod.) prononcez Zoug ; en latin moderne Tugium ; ville de Suisse, capitale du canton de même nom, dans une belle campagne, sur le bord oriental du lac de son nom, au pié d’une colline. C’est une jolie ville, dont les rues sont grandes, larges, & les maisons bien bâties. On y voit quatre édifices religieux, entre lesquels est l’église collégiale de S. Oswald. Le chef du canton, appellé amman, & dont la charge dure deux ans, réside toujours à Zug avec la régence. Il est pris tour-à-tour dans les cinq communautés qui composent le canton. Long. 26. 12. latit. 47. 10. (D. J.)

ZUGAR, (Géogr. anc.) ville de l’Afrique propre. Ptolomée, l. IV. c. iij. la compte parmi les villes qui se trouvoient entre les fleuves Bagradas & Triton. (D. J.)

ZUJA, (Géogr. mod.) riviere d’Espagne, dans l"Estramadoure. Elle tire sa source de la Sierra-Morena, & se jette dans la Guadiana, un peu au-dessus de Medelin. (D. J.)

ZUICKAU, (Géog. mod.) ville d’Allemagne, dans le margraviat de Misnie, au cercle de Voigtland, sur la Mulde. Elle est bien bâtie, & a, dans les montagnes de son voisinage, des mines d’argent, autrefois abondantes, & maintenant épuisées. Long. 30. 28. latit. 50. 22.

Langius (Rodolphe), gentilhomme de Westphalie & prevôt de l’église cathédrale de Munster, naquit à Zuickau, & mourut en 1519, à 81 ans. Il se distingua par sa science & par son zele pour la renaissance des lettres en Allemagne, & il en fut en

effet le principal restaurateur. Il porta son oncle doyen de Munster à y fonder une école, dont la direction fut donnée à des gens habiles, & Langius leur ouvrit sa belle bibliotheque.

Les lettres ayant commencé à fleurir à Zuickau, Haguenbot, né dans cette ville, traduisit du grec en latin les œuvres d’Hippocrate, Ætius, Æginete, & une bonne partie de Galien. Il employa plus de vingt ans à ce travail, & mourut en 1558, âgé de 58 ans. Le précepteur d’Haguenbot avant cru que ce nom qui signifie en allemand le fruit de l’églantier, designoit le fruit du cornouiller, en latin cornum, le nomma Cornarius, & c’est sous ce nom qu’il est connu par ses ouvrages.

Il y a quelques autres gens de lettres nés à Zuickau, & dont les bibliographes allemands font mention ; savoir, Daumius (Christian), Feller (Joachim), Haloander (Gregoire), Muncer (Thomas), Schmider (Sigismond), Stork (Nicolas), &c. mais aucun d’eux n’a porté son nom au-delà du cercle de Voigtland. (D. J.)

ZUINGLIENS, s. m. pl. (Hist. ecclésiast.) secte de sacramentaires du xvj. siecle, ainsi nommés de Ulric ou Huldric Zuingle leur chef, suisse de nation.

Cet hérésiarque, après avoir pris le bonnet de docteur à Bâle en 1505, & s’être ensuite distingué par ses talens pour la prédication, fut pourvu d’une cure dans le canton de Glaris, & ensuite de la principale cure de la ville de Zurich. C’est-là que peu de tems après que Luther eut commencé à semer ses erreurs, Zuingle en répandit aussi de semblables contre le purgatoire, les indulgences, l’intercession & l’invocation des saints, le sacrifice de la messe, le célibat des prêtres, le jeûne, &c. sans toutefois rien changer au culte extérieur. Mais quelques années après, lorsqu’il crut avoir assez disposé les esprits, il eut en présence du sénat de Zurich une conférence avec les catholiques, qui fut suivie d’un édit, par lequel on abolit une partie du culte & des cérémonies de l’église. On detruisit ensuite les images, & enfin on abolit la messe.

Quoique Zuingle convint en plusieurs points avec Luther, ils étoient cependant opposés sur quelques articles principaux. Par exemple, Luther donnoit tout à la grace dans l’affaire du salut ; Zuingle au contraire adoptant l’erreur des Pélagiens, accordoit tout au libre arbitre, agissant par les seules forces de la nature. Jusque-là qu’il prétendoit que Caton, Socrate, Scipion, Séneque, Hercule même & Thésée, & les autres héros ou sages de l’antiquité, avoient gagné le ciel par leurs vertus morales. Quant à l’eucharistie, Zuingle prétendoit que le pain & le vin n’y étoient que de simples signes ou des représentations nues du corps & du sang de Jesus-Christ, auquel on s’unit spirituellement par la foi, au-lieu que Luther admettoit la présence réelle, quoiqu’il ne convînt pas de la transsubstantiation. Zuingle prétendoit que le sens de figure dans ces paroles hoc est corpus meum lui avoit été révélé par un génie. Et pour appuyer cette explication, il citoit quelques autres passages de l’Ecriture où le verbe est équivaut à significat ; mais il ne faisoit pas attention que la nature des choses & les circonstances n’ont nulle parité avec l’institution de l’eucharistie.

De tous les protestans, les Zuingliens ont été les plus toiérans, s’étant unis avec les Luthériens en Pologne & avec les Calvinistes à Genève, quoiqu’ils différassent des uns & des autres dans des points capitaux, tels que ceux que nous venons de remarquer. Le Zuinglianisme se glissa en Angleterre sous le regne d’Edouard VI. où Pierre, martyr, qui étoit un pur zuinglien, fut appellé par le duc de Sommerset, protecteur ou régent du royaume, pour travailler à la prétendue réformation ; & il fit exclure du livre